L'Iran lance un ultimatum à la Russie (Kommersant)

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MOSCOU, 26 septembre - RIA Novosti. Le vice-président iranien Gholam Reza Aghazadeh a déclaré hier à Moscou que l'Iran pourrait achever la centrale nucléaire de Bouchehr sans le concours de la Russie. Une déclaration aussi catégorique peut signifier que l'Iran demande à Moscou de prendre plus activement sa défense dans ses conflits avec l'Occident.

Les raisons du mécontentement de Téhéran ont été expliquées par le chef adjoint de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Mohammad Saidi, qui accompagne Gholam Reza Aghazadeh dans son voyage en Russie. "La Russie a pris des engagements écrits sur les délais de livraison de combustible nucléaire. Mais elle ne les a toujours pas honorés. Nous comptons que la Russie promette fermement de nous livrer du combustible pour Bouchehr", a annoncé hier la télévision publique iranienne, citant Mohammad Saidi.

La menace iranienne semble bien réelle. De nombreux pays du tiers monde atteignent actuellement un niveau de développement économique qui leur permet d'acquérir la capacité d'achever la construction d'une centrale nucléaire et même d'en construire à partir de zéro avec leurs propres technologies.

Le Brésil a été le pionnier. A la fin des années 1980, ses sociétés nationales, bénéficiant d'un concours technique du groupe allemand Siemens, ont construit deux centrales atomiques: Angra-1 et Angra-2. Aujourd'hui, c'est le tour du Pakistan qui réalise le projet Chashna avec le concours de la Chine. Le Nigeria, qui possède déjà un réacteur de recherche, a demandé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de soutenir son projet de deux centrales nucléaires. Hier, l'Egypte a annoncé son programme national de construction de trois centrales nucléaires qui doit démarrer en 2017.

En ce qui concerne la "deuxième étape"', celle de l'enrichissement d'uranium pour centrales électriques, seuls le Brésil et l'Iran sont en mesure de se lancer dans une telle entreprise.

Du point de vue technique, l'abandon de Bouchehr pourrait retarder de plusieurs dizaines de mois la date du lancement de la centrale qui est déjà achevée à 95%. "Le réglage des équipements est l'étape la plus difficile du projet. Le groupe Atomstroïexport s'en occupe depuis un an déjà, si bien que l'arrêt de ces travaux ne pourrait pas être compensé rapidement. Mais le problème principal est le combustible sans lequel la mise en service de la centrale sera reportée à une époque où l'Iran pourra fabriquer lui-même les cartouches nécessaires ou bien les acheter sur le marché, mais il est douteux qu'il puisse y accéder à cette époque-là", a déclaré au quotidien Kommersant un employé d'une société russe concernée par le projet Bouchehr.

Gholam Reza Aghazadeh a déclaré aussi, hier, que l'Iran s'apprêtait à lancer un appel d'offres pour la construction de deux centrales nucléaires de 1000 MW chacune. "Cependant, pour lancer cet appel d'offres nous attendons que le climat politique s'améliore", a-t-il ajouté d'un ton significatif. Ainsi, par la bouche de ses deux représentants l'Iran a en fait lancé un ultimatum à la Russie: si le premier bloc de la centrale de Bouchehr n'est pas achevé dans les plus brefs délais et que l'Iran ne reçoit pas du combustible nucléaire, Moscou risque de détruire la coopération nucléaire fortement rémunératrice avec Téhéran.

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