Expulsion mortelle (Vedomosti)

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MOSCOU, 18 octobre - RIA Novosti. La lutte contre l'immigration clandestine devient pour la Russie une question de vie et elle peut avoir des conséquences mortelles. Mardi Tenguiz Togonidze, immigré clandestin de 58 ans, a été terrassé par une crise d'asthme alors qu'il se trouvait à l'aéroport moscovite Domodiedovo dans l'attente d'être renvoyé dans son pays, la Géorgie. Il est la première victime de la confrontation entre Moscou et Tbilissi. Les organes judiciaires russes affirment que les expulsions massives ne concernent que les personnes en situation irrégulière. Selon "Levada-tsentr", le slogan "La Russie aux Russes" est pleinement approuvé par 12% des personnes interrogées et par 40% "dans les limites du raisonnable". Une enquête réalisée par VTsIOM a révélé que 38% des Russes étaient disposés à soutenir la lutte contre l'immigration clandestine. Cependant, on ne fait pas état de renvois massifs d'Azerbaïdjanais, de Moldaves, d'Ouzbeks ou encore de Chinois.

L'Etat russe se livre à des expulsions ethniques. Pour le moment dans les autres pays on procède différemment. En février 2005, l'Espagne, où 52% de la population considèrent que l'immigration clandestine est l'un des plus graves problèmes auxquels le pays est confronté, a amnistié les illégaux. Quelque 700.000 personnes ont bénéficié de cette mesure. Ensuite les immigrés illégaux ont été appréhendés et expulsés. Cependant, les autorités espagnoles n'ont pas séparé des illégaux les Marocains, les Roumains ou encore les Equatoriens. D'après l'institut de sondage OPINA, ces mesures sont approuvées par 53,2% des gens. Au début de 2006, la France a durci le contrôle migratoire. Après une amnistie également, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a promis de renvoyer chez eux 40.000 illégaux. Mais ces renvois ne sont pas décidés en fonction de la nationalité. Enfin, en février 2006, l'Argentine a proclamé une amnistie qui a touché près de 750.000 personnes. Ici aussi des ressortissants aussi bien latino-américains qu'asiatiques ont bénéficié des mesures de légalisation.

En Russie le nombre de travailleurs immigrés varie de 5 à 6,5 millions selon les estimations, ce qui représente de 7 à 10% de la main-d'oeuvre nationale. A la différence de la lutte contre l'immigration illégale, les expulsions sélectives ne sont pas approuvées par la majorité de la population. Un sondage réalisé récemment par la compagnie "Bachkirova i partnery" a révélé que seulement 13% des Russes estimaient que le comportement à l'égard des travailleurs immigrés et leur expulsion devaient dépendre de la politique des autorités de leurs pays d'origine. Enfin, on a du mal à accorder les expulsions avec les déclarations du président et des fonctionnaires selon lesquelles la Russie serait devenue un pays attractif pour les travailleurs immigrés.

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