Complexe militaro-industriel: l'espoir vient de l'Inde (Vedomosti)

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MOSCOU, 30 janvier - RIA Novosti. La Russie a remporté une importante victoire en convenant avec l'Inde de la conception conjointe d'un chasseur de cinquième génération. Faute de succès sur l'axe européen, le complexe militaro-industriel russe a fini par se trouver un nouveau partenaire pour un projet crucial garantissant à ses entreprises d'armement un carnet de commandes bien rempli pour les années à venir.

Le nouvel avion de combat de cinquième génération revêt une importance comparable à celle d'un concept car pour les constructeurs automobiles. Censé supplanter les chasseurs de troisième et quatrième générations qui équipent actuellement les armées les plus avancées du globe, il sera difficilement repérable par les détecteurs infrarouges et les radars, disposera d'une autonomie importante en vol supersonique et offrira une manoeuvrabilité exceptionnelle.

Les Etats-Unis sont actuellement les plus en avance en matière de conception d'un G5. Ils attribuent déjà à la cinquième génération le chasseur lourd F-22 dont les premiers exemplaires ont été mis en service la semaine passée dans l'armée de l'air américaine. L'Europe souhaite également avoir son G5. Le groupe EADS a reçu des commandes pour 620 appareils de quatrième génération Eurofighter (sans compter les 72 avions que compte acheter l'Arabie saoudite), et Dassault Aviation doit fabriquer 294 avions équivalents de la famille Rafale pour l'armée de l'air française. Mais ces appareils ont des caractéristiques nettement inférieures à celles d'un G5.

Moscou a confié la conception d'un appareil de cinquième génération au groupe Sukhoi en 2002. Mais le financement budgétaire du projet était misérable. La Russie a bien essayé d'attirer l'Europe dans le projet, mais les pourparlers se sont achevés avec l'acquisition de 5% d'EADS par la Vneshtorgbank. L'arrivée au pouvoir en Allemagne de la chancelière Angela Merkel a mis fin au débat sur une extension de la participation russe dans EADS.

Cependant, la Russie disposait d'un scénario de rechange assez viable: à l'issue de négociations ardues, l'Inde a accepté de participer au projet. Sans doute les Indiens étaient-ils séduits par le prix (selon des experts, la conception russe sera nettement moins chère par rapport aux équivalents étrangers) et les modalités avantageuses de l'offre (Moscou a annulé les dettes indiennes). La Russie en tire profit elle aussi. La conception d'un prototype d'avion exige énormément d'investissements, mais aussi l'engagement de beaucoup de sous-traitants et la recherche de solutions innovatrices. Pour la Russie, la réalisation d'un tel projet représente la possibilité d'une percée technologique dans l'aéronautique, les constructions mécaniques, l'industrie des matériaux composites, l'énergie et l'avionique. Cela doit permettre de créer de nouveaux départements dans les instituts de recherche, de nouveaux bureaux d'études et de nouveaux emplois dans les entreprises. Selon des experts, un rouble investi dans la conception et la fabrication de produits de ce genre rapporte 1,5 à 2 roubles d'investissements dans les industries connexes. En d'autres termes, il s'agit de l'unique espoir pour l'aéronautique russe, sans quoi cette dernière devra se contenter de la réparation de vieux appareils.

Enfin, à défaut d'avoir un chasseur dernier cri, la Russie risque de perdre ses débouchés d'ici 2020-2025. Mais la conception d'un prototype promet de lui rapporter des commandes pour 500 à 650 avions, le montant global des contrats conclus avec les importateurs traditionnels d'avions russes pouvant s'élever à 25-35 milliards de dollars.

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