Migrations: la Russie hésite entre la carotte et le bâton (Vedomosti)

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MOSCOU, 22 février - RIA Novosti. Le Service fédéral des migrations (FMS) envisage de lancer une campagne nationale pour la régularisation des immigrés arrivés en Russie avant le 15 janvier dernier, date à laquelle sont entrés en vigueur les principaux amendements à la législation russe élaborés par le FMS en 2006. Les lois sur le recensement des migrations et le statut juridique des étrangers en Russie facilitent la procédure d'enregistrement et d'obtention du permis de travail, mais durcissent nettement les punitions.

En principe, cette politique de la carotte et du bâton doit pousser les immigrés clandestins à sortir de l'ombre, et les fonctionnaires espèrent pouvoir en régulariser 3 millions en 2007. Toutefois, même la régularisation de 3 millions d'immigrés ne supprimera pas le marché du travail illégal: selon le FMS, la Russie compte 10 à 12 millions de travailleurs clandestins. Quelques rares immigrés seront touchés par la campagne: en 2005, une opération identique lancée par le FMS a débouché sur la régularisation d'environ 10.000 personnes, mais cette fois le service de presse du FMS table sur 100.000. Une goutte d'eau dans la mer.

L'Etat n'arrive toujours pas à formuler ce qu'il attend de sa politique des migrations. Des campagnes spectaculaires de régularisation d'immigrés clandestins et de simplification des règles d'enregistrement vont de pair avec l'expulsion d'étrangers, en l'occurrence de Géorgiens, et les restrictions ethniques relatives à l'emploi sur les marchés.

Or, il ne suffit pas d'endiguer les migrations et de protéger les travailleurs russes pour résoudre les problèmes réels de l'économie. Le taux de chômage, certes en baisse au cours des dernières années, s'élève aujourd'hui à environ 7%, et le reflux des travailleurs clandestins ne contribuera pas à le réduire de façon substantielle. Les chômeurs dont le nombre est estimé à 5- 6 millions de personnes vivent dans les régions dépressives qui n'ont pas besoin d'immigrés. La recherche d'un emploi s'achoppe à la faible mobilité: le déménagement d'une région vers une autre est compliqué au niveau législatif (enregistrement) comme au niveau économique (immobilier). L'idée d'introduire des quotas pour la population locale sur les marchés, qui se sont dépeuplés, a montré que la politique du bâton crée de nouveaux ennuis pour l'économie.

Le marché du travail est lui-même capable de bâtir une politique des migrations, mais l'Etat doit décider si ce marché sera légal ou esclavagiste. Le dernier scénario réunit les conditions propices à la criminalité et aux nouveaux scandales ethniques d'envergure nationale. En revanche, la légalisation des travailleurs immigrés est à même de régler les problèmes économiques et sociaux qui continuent de couver.

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