L'Europe prie Poutine de rester (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 9 avril - RIA Novosti. Le site officiel du Kremlin a fait part mardi soir dernier d'un entretien téléphonique qui venait d'avoir lieu entre Vladimir Poutine et son "ami" Romano Prodi. Mercredi matin, le consortium composé des compagnies italiennes Eni et Enel déboursait 5,83 milliards de dollars pour acheter plusieurs actifs de Ioukos. Un marché qui ne profite pas seulement aux Italiens, car la plupart de ces actifs seront revendus à Gazprom.

L'époque où les pays occidentaux critiquaient l'Etat russe pour avoir démantelé l'empire de Mikhaïl Khodorkovski est révolue. Aux enchères de mars dernier portant sur la vente de plusieurs actifs de Ioukos, la compagnie publique Rosneft a fait équipe avec TNK-BP. Avant les enchères, comme le veut la vieille tradition russe, les dirigeants du pétrolier russo-britannique ont été reçus au Kremlin. A présent, c'est le premier ministre italien qui passe un coup de fil. Lors d'un entretien informel, à la question de savoir si des leaders européens évoquaient avec Vladimir Poutine l'éventualité d'un troisième mandat consécutif, un haut fonctionnaire de la présidence russe a avoué: "Evoquer, ce n'est pas le mot. Ils le prient même de rester".

"Nous devrions éviter de nous soucier de la démocratie russe plus que le font les Russes eux-mêmes", a déclaré le parlementaire américain Tom Lantos, et ses propos semblent résumer les raisonnements d'une bonne partie de la classe politique occidentale. Or, les Russes défendent leur démocratie d'une manière quelque peu inhabituelle: ils créent deux partis pro-Kremlin pour les mettre aux prises, et les quelques cicatrices reçues dans cette terrible guerre de positions sont médiatisées, tels des témoignages du triomphe de la démocratie. Si certains éléments viennent perturber le tableau général, car les "mécontents" sont peu convaincants, tous les Occidentaux ne sont pas prêts à les dénoncer.

En octobre 2005, quand le sherpa russe pour le G8, Igor Chouvalov, avait pour la première fois proposé d'échanger des actifs, son initiative s'était heurtée à une levée de boucliers. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Qu'ils soient éprouvés par l'expérience amère de Sakhaline-2 ou simplement conscients que l'ours russe est prêt à offrir une bonne partie de ses ressources en échange d'actifs en aval, les leaders occidentaux et les patrons des grandes compagnies commencent à jouer activement selon les règles du jeu établies par Vladimir Poutine. La démocratie russe est certes loin de la norme classique, mais cela ne semble préoccuper personne. Un nouveau jeu commence. Certains dirigeants jouent cartes sur table, d'autres, en redoutant l'opinion publique et les médias libres de leurs pays, préfèrent éviter des déclarations retentissantes.

Or, il serait naïf de croire que la légitimité des élections parlementaires et présidentielles à venir en Russie dépende, aux yeux des leaders occidentaux, de l'accès équitable à la télévision ou du nombre de fraudes constatées dans les bureaux de vote. La question de savoir si le successeur respectera les ententes conclues par Vladimir Poutine inquiète nos collègues pragmatiques plus que la démocratie russe quelle qu'en soit la définition exacte.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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