La rhétorique dure de la Russie plait à de nombreux pays (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 24 mai - RIA Novosti. Ces derniers temps, les diplomates des pays en développement constatent de plus en plus souvent, en privé, que la plupart des dirigeants du monde saluent le ton dur adopté par Vladimir Poutine à l'égard de l'Occident. Même les représentants des pays considérés comme alliés militaires et politiques des Etats-Unis reconnaissent que l'ascension de la Russie vers l'une des cimes d'un monde multipolaire et son maintien à cette position sont très importants pour eux.

Notons un détail intéressant: dans son discours de Munich, Vladimir Poutine n'a rien dit de nouveau. La position sur tous les problèmes - de l'élargissement de l'OTAN et de la non-prolifération des armes nucléaires à l'exportation de révolutions de couleur - avait été maintes fois formulée par les dirigeants russes. La seule nouveauté qui a été remarquée concerne le ton des déclarations, les formules dures, l'absence des réserves traditionnelles. Il s'avère que le monde non occidental attendait de la Russie les intonations d'une puissance sûre d'elle et indépendante vis-à-vis des Etats-Unis.

Ce phénomène psychologique de la nostalgie du monde bipolaire retient l'intérêt pour de nombreuses raisons: cela offre un champ de manoeuvre entre les superpuissances dont on peut tirer parti, la possibilité d'occuper une position conforme, ne serait-ce que parfois, à ses convictions. Mais l'essentiel est le mécontentement envers la politique étrangère américaine, envers son injustice.

Les méthodes employées dans la lutte contre le terrorisme international, la falsification des motifs de l'intervention en Irak et le comportement agressif à l'ONU pour obtenir les décisions voulues indignent les pays en développement. Ils ressentent leur propre vulnérabilité, une menace pour leur souveraineté, ainsi que le caractère arbitraire et injustifié des sanctions prises.

Ce regain d'autorité auprès de pays n'ayant pas, en règle générale, de frontières communes avec la Russie doit faire particulièrement plaisir aux dirigeants russes. Il est honorable et responsable de porter les pensées et aspirations de millions de personnes du monde entier dans les débats avec l'Amérique. Cependant, il est important de bien rester conscient des limites du réellement possible. La Russie n'est plus l'Union soviétique, ni par la puissance, ni par le potentiel, ni par l'idéologie. Elle ne fait que se remettre debout.

Le conflit avec le "pôle" du monde souhaité par de nombreux pays n'est pas un objectif raisonnable pour la Russie. Elle a à faire face à de nombreux problèmes: la pauvreté, la mauvaise qualité des logements, l'inégalité de l'accès à l'enseignement, à la médecine et aux loisirs. Il reste beaucoup à dépenser à l'intérieur du pays. L'objectif des dirigeants russes consiste à ne pas s'emballer: maintenir fièrement le prestige, voire le leadership dans les relations internationales sans faire de dépenses matérielles pour cela.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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