Aeroflot payera cher les flirts politiques avec l'Europe (SmartMoney)

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MOSCOU, 26 juin - RIA Novosti. Une compagnie dont les intérêts ne coïncident pas avec ceux de ses propres actionnaires éprouve forcément des difficultés. C'est le cas de l'entreprise semi-publique Aeroflot. L'intention du transporteur aérien de rénover son parc d'avions a abouti à une comédie politique qui coûtera cher à la compagnie russe.

Aeroflot cherche un fournisseur d'avions long-courriers depuis l'été 2005. Airbus et Boeing attendaient une commande juteuse. Les managers d'Aeroflot ne cachaient pas que leur préférence allait au Boeing 787 Dreamliner. Le "gros porteur de rêve" avait été proposé avec un rabais de 10 à 20 millions de dollars par appareil, sur un prix catalogue d'environ 160 millions de dollars l'unité. Le groupe Boeing était prêt à fournir les premiers avions dès 2010. Cependant, au printemps dernier, on a annoncé tout à coup que le vainqueur de l'appel d'offres était Airbus qui avait promis de fournir 22 avions A350 entre 2015 et 2017. Ayant perdu l'avantage des délais, Aeroflot n'a rien gagné non plus côté argent: le montant du contrat en prix catalogue a été évalué à 3,5 milliards de dollars et, d'ailleurs, il est peu probable que les Européens aient accordé un rabais de plus de 10%.

Le motif de cette étrange transaction est simple: en échange du soutien à l'A350, avion peu demandé (par rapport au Dreamliner qui a reçu quatre fois plus de commandes), la Russie, en la personne de la Corporation aéronautique unifiée (OAK), doit recevoir le droit de participer au projet de création de l'avion A320 de nouvelle génération. Louis Gallois, président d'EADS, principal actionnaire d'Airbus, l'a de nouveau confirmé la semaine dernière au Salon du Bourget. L'accord cadre avec Airbus s'y est transformé en contrat solide.

Mais ce qui est bon pour l'OAK ne l'est pas pour Aeroflot qui a un besoin pressant d'avions. Valeri Okoulov, directeur général de la compagnie russe, a trouvé une solution sage: acheter les deux avions. Au cours du forum économique de Saint-Pétersbourg, il a commandé 22 "gros porteurs de rêve".

Il est vrai, la transaction doit encore être approuvée par les actionnaires et le conseil des directeurs. Mais, même en cas d'approbation, Aeroflot n'aura pas de raisons de se réjouir, car le groupe Boeing ne lui proposera plus les rabais antérieurs. Qui plus est, les Américains ont récemment élevé les prix de leurs avions, y compris du Dreamliner, en moyenne, de 10%. Tel est le prix que devra payer Aeroflot pour les flirts politiques avec l'Europe.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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