Bienfaisance: la morale et le marché (Vedomosti)

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MOSCOU, 26 juin - RIA Novosti. Les Américains ont consacré à la bienfaisance 295 milliards de dollars en 2006, soit presque 12 milliards de plus qu'en 2005 où un record de dons avait été enregistré, selon les données de la Giving USA Foundation, indique mardi le quotidien Vedomosti.

Le montant total des dons a dépassé 1,7% du PIB, ce qui constitue l'indice le plus important sur le monde entier. En Russie, selon les experts de la fondation (il n'existe pas d'autres informations fiables à ce sujet), le montant annuel des dons se monte à quelque 1,5 milliard de dollars (environ 0,15% du PIB en 2006).

Aux Etats-Unis, ce sont pour une grande part les particuliers qui font don de leur argent à des activités liées à la philanthropie: 83% de la somme totale (dans le même temps, ce sont les particuliers qui assument la plus grande partie du fardeau fiscal). Les philanthropes russes sont quant à eux principalement de grandes compagnies (et c'est justement elles qui portent le fardeau fiscal en Russie). Ces derniers temps, elles publient même, en fin d'année, des rapports sur les différents programmes sociaux qu'elles ont mis en oeuvre.

Le niveau très élevé du secteur de la bienfaisance aux Etats-Unis est dû tant aux traditions de cette société qu'à la politique nationale. Outre la tradition familiale (protestante par essence), il existe un système d'avantages fiscaux pour les donateurs. L'Europe, pour ainsi dire, encaisse les impôts là où l'Amérique rassemble des dons.

La redistribution des revenus est une question on ne peut plus actuelle pour la Russie, où le décalage des revenus entre riches et pauvres est l'un des plus forts du monde. Selon le Service fédéral des statistiques, les 10% des Russes les plus riches gagnent aujourd'hui 15,3 fois plus que les 10% les plus pauvres.

Notons que les habitants de la Russie pensent que les riches doivent partager leurs biens avec les autres sans obtenir d'avantages en échange (partant du fait que leurs richesses sont le résultat d'un "vol"): 38% des personnes interrogées estiment que l'Etat ne doit pas encourager les bienfaiteurs et les philanthropes, 40% sont d'avis qu'il faut les soutenir moralement et seulement 16% pensent que les donateurs doivent être récompensés par le biais d'avantages fiscaux et autres.

Les donateurs, pour leur part, ont peur d'offrir ou craignent que leurs activités ne soient connues du public, appréhendant des scandales comme ceux qui ont été liés à des fondations caritatives, ou bien encore redoutent d'être accusés de vouloir tirer profit des avantages qui pourraient leur être accordés.

Il s'agit, de toute évidence, d'une confusion des aspects moraux et politico-économiques. Toujours est-il que la législation russe commence à instaurer des avantages pour les philanthropes. La loi sur les fonds de dotation (fonds permanents dont le revenu de placement peut être utilisé à des fins précises) entrera en vigueur le 1er janvier 2008.

Pour ce qui est de la morale: selon un sondage réalisé par le Centre russe d'étude de l'opinion publique (VTSIOM) en octobre 2006, 40% des Russes sont prêts à participer à des activités de bienfaisance.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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