Le président peut à tout moment sortir de sa manche un troisième "prince héritier" pour le placer dans le fauteuil de premier ministre et le proclamer favori. Ce scénario est possible et dans le cas où Poutine déciderait de quitter provisoirement la scène politique et de se faire réélire comme quatrième président en 2012.
La course présidentielle en Russie a cette curieuse particularité que les analystes s'intéressent moins à la personnalité du nouveau président russe qu'à la nouvelle fonction de Vladimir Poutine. La liste des fonctions éventuelles s'allonge de jour en jour. Déjà, les scénarios simples, tels le chef du parti Russie unie ou le président d'un Conseil d'Etat élargi, sont à dormir debout. La dernière mode est d'imaginer Vladimir Poutine au poste de président du Comité international olympique.
Cependant, on a tort d'oublier l'oeuvre principale de Vladimir Poutine, la réintégration politique des pays membres de la CEI, à laquelle il s'est adonné en pleine modernisation du pays et qu'il aura plus de mal à abandonner que sa présidence. Le chef du Kremlin n'y est pas parvenu: l'espace économique unique reste une fiction, alors que l'alliance militaire ne regroupe que la Russie et l'Asie centrale, comme sous Boris Eltsine. Ce que Vladimir Poutine a réellement rétabli, c'est l'ancienne puissance du secteur énergétique de l'URSS. La communauté internationale assiste à la création d'un puissant cartel gazier qui entrera prochainement en concurrence avec le cartel pétrolier arabe. Dans le nouvel ordre mondial où le facteur énergétique sera décisif, "l'OPEP du gaz" contribuera à la renaissance de la Russie en tant que grande puissance globale. Le futur chef de "l'OPEP du gaz" disposera d'un instrument hyperpuissant, et ce sera Gazprom.
Auteur: Alexander Rahr, directeur des programmes Russie-CEI de la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik.
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.