Défense antimissile: les avis des experts divergent sur les perspectives des consultations

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Les experts russes sont partagés sur les perspectives des consultations russo-américaines qui commencent lundi dans la capitale américaine pour parvenir à un compromis sur le problème de la défense antimissile (ABM).
MOSCOU, 30 juillet - RIA Novosti. Les experts russes sont partagés sur les perspectives des consultations russo-américaines qui commencent lundi dans la capitale américaine pour parvenir à un compromis sur le problème de la défense antimissile (ABM).

De l'avis du général Leonid Ivachov, président de l'Académie des problèmes géopolitiques, il ne faut pas attendre une percée de la prochaine rencontre.

"Les consultations russo-américaines sur la défense antimissile n'apporteront pas de résultats importants pour la Russie", estime Leonid Ivachov.

"Il s'agit d'une pratique ordinaire des Etats-Unis et de leurs alliés: engager des pourparlers et des consultations, faire semblant de manifester un intérêt, annoncer des progrès enregistrés sur tel ou tel point, mais tout cela n'est qu'un rideau de fumée pour dissimuler le déploiement de la défense antimissile globale des Etats-Unis", a déclaré M. Ivachov dans une interview à RIA Novosti.

Le général estime que les Etats-Unis n'arrêteront le déploiement d'aucun élément du système de défense antimissile. "C'est un programme finalisé, des sommes importantes qui y ont été investies rapporteront des revenus", affirme l'expert.

Selon lui, ce programme est un moyen pour Washington d'atteindre l'objectif de s'assurer la supériorité globale dans tous les domaines stratégiques.

Sergueï Markov, directeur de l'Institut d'études politiques, estime quant à lui que, pour l'instant, il est difficile de prévoir les résultats de la prochaine rencontre.

"Pour l'instant, il est difficile de dire si un compromis sera trouvé au cours des consultations. Un mouvement dans les deux sens est possible", estime l'expert.

Sergueï Markov admet que la rencontre peut avoir pour résultat aussi bien le renoncement des Etats-Unis au déploiement du bouclier antimissile en Europe et le début d'une "coopération sérieuse" que l'échec des négociations suivies du déploiement d'une station radar en République tchèque et de missiles antimissiles en Pologne. Dans le dernier cas, la Russie peut renoncer à ses propositions dans le domaine de la défense antimissile, suppose-t-il.

Selon Alexandre Konovalov, président de l'Institut d'évaluations stratégiques et d'analyse, un compromis peut être trouvé lors de la rencontre, mais seulement si les parties sont prêtes à des concessions.

"Un compromis est parfaitement possible, si les deux parties font preuve de volonté politique. Mais il ne faut pas faire de propositions d'avance inacceptables", a poursuivi Alexandre Konovalov.

Parmi ces initiatives, le dirigeant de l'Institut d'évaluations stratégiques et d'analyse a cité les propositions russes d'utiliser en commun avec les Etats-Unis les radars de Gabala et celui d'Armavir. Le ministère russe des Affaires étrangères avait déclaré que ces initiatives étaient une alternative, et non pas un complément aux projets américains de déploiement d'éléments de la défense antimissile en Europe.

"Il ne faut pas proposer les stations de Gabala et d'Armavir en tant qu'alternative. Les radars qui y sont en voie de construction ont beau être bons, ce ne sont que des radars de pré-alerte qui ne font que détecter le lancement (des missiles de l'adversaire), explique Alexandre Konovalov. Quelles que soient les performances de ces radars, sans les missiles antimissiles, ils constituent une proposition insensée", a-t-il fait remarquer.

"Il faut raisonner en se fondant sur les réalités. En fait, nous n'avons pas de moyens d'obliger les Américains à renoncer à leur projet de déploiement d'éléments de la défense antimissile en Europe", a ajouté l'expert.

De l'avis d'Alexandre Konovalov, lors de la rencontre à venir, la Russie doit prendre l'initiative de créer un système de défense antimissile commun avec les Etats-Unis. "Nous devons concevoir en commun un système de défense antimissile et participer à sa direction", a-t-il souligné.

"En évaluant les projets américains de déploiement d'éléments européens de la défense antimissile, il ne faut pas assombrir le tableau", a indiqué Alexandre Konovalov.

"Leur projet est-il si mauvais? En réalité, il ne représente aucune menace pour le potentiel russe de dissuasion. Dix missiles antimissiles installés en Pologne ne représentent pas une menace pour notre sécurité", affirme-t-il.

Selon lui, les missiles antimissiles qu'il est prévu d'installer en Pologne ne pourront pas intercepter les missiles russes.

"Les missiles russes seront lancés vers le Nord, alors que les intercepteurs qui se trouveront en Pologne sont destinés à frapper une ogive volant en sens inverse", a-t-il expliqué.

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