Il semble que le Kremlin craigne terriblement que le statut de "canard boiteux" ne soit attribué à Vladimir Poutine avant l'expiration de son mandat présidentiel. "Le fait que le président ait désormais le droit de donner des consignes aux vice-premiers ministres atteste qu'il est chef du pouvoir exécutif en Russie", estime Evgueni Iassine, directeur scientifique du Haut Collège d'économie. Cette démarche conduit à l'introduction du système américain d'administration de l'Etat, dans lequel le président dirige toute la verticale du pouvoir exécutif, estime Mikhaïl Deliaguine, directeur de l'Institut des problèmes de la mondialisation.
En outre, il n'est pas exclu que les premiers vice-premiers ministres aient des concurrents. "On leur laisse entendre qu'ils ne sont nullement successeurs du président, qu'un troisième personnage, pour l'instant inconnu, est également possible, ce à quoi avait fait allusion le président", estime Mikhaïl Deliaguine. "Dans le travail d'un agent secret, l'essentiel est de tenir son entourage dans l'incertitude", fait remarquer philosophiquement Evgueni Iassine.
D'ailleurs, malgré la confusion qu'apporte le changement du Règlement sur le gouvernement dans le camp des successeurs officiels du président, les appréhensions face à un éventuel affaiblissement des positions de Vladimir Poutine à l'approche du changement de pouvoir ne sont probablement pas justifiées. De l'avis de Mikhaïl Deliaguine, la notion de "canard boiteux" ne convient pas au président. "Dans d'autres pays, on sait bien que le président quittera son poste après l'expiration de son mandat. Chez nous, il peut rester pour un troisième mandat ou occuper un poste très influent en gardant, en fait, le pouvoir, estime l'expert. En Russie, la personnalité est un facteur très important. Le président a tellement nettoyé l'espace politique qu'il ne reste personne d'autre capable de diriger le pays".
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.