Kosovo: tous en sortiront perdants, sauf la Russie (Moskovskié Novosti)

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MOSCOU, 31 août - RIA Novosti. En opposant son "niet" ferme, la Russie a torpillé les nombreuses tentatives des puissances occidentales, les Etats-Unis en tête, de faire passer au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution accordant au Kosovo une indépendance de fait sous surveillance de l'UE. La "troïka" des médiateurs (Russie, Etats-Unis et UE) s'est vu confier la tenue d'une nouvelle série de consultations.

Les Américains et les Européens sont les seuls à pouvoir obtenir des dirigeants kosovars une avancée quelconque. Mais les Etats-Unis ont eux-mêmes initié l'idée d'un Kosovo indépendant. L'Union européenne, en revanche, serait peut-être prête à d'autres solutions, et ce n'est pas un hasard si le représentant européen au sein de la "troïka", l'Allemand Wolfgang Ischinger, a déclaré que les médiateurs étaient d'accord pour appuyer n'importe quelle entente intervenue entre les parties, y compris la partition du Kosovo.

Forts du soutien américain, les dirigeants du Kosovo ont répondu que ni l'indépendance ni l'intégrité territoriale de la province ne pouvaient faire l'objet de négociations. Et les autorités serbes ont préféré ne pas modifier leur position, abandonnant par là-même le seul scénario qui donnait à la Serbie une chance de préserver au moins quelque chose. Il se peut que Belgrade compte secrètement sur une partition de fait du Kosovo, quand les négociations à venir seront bloquées dans une impasse attendue par tout le monde.

La suite des événements a été prédite par plus d'un expert. Sur un signal venu de Washington, les leaders des Albanais du Kosovo proclament eux-mêmes leur indépendance que Belgrade refuse de reconnaître. Les Serbes du Kosovo déclarent qu'ils veulent rester en Serbie et appellent leurs compatriotes à les aider. Les Albanais du Kosovo leur répondent par des violences. La population, les églises et les monastères serbes du Kosovo en sont les premières victimes. Les Etats-Unis et leurs satellites, selon toute vraisemblance, reconnaissent le nouvel Etat, mais il est peu probable que l'Union européenne prenne le risque d'assumer la responsabilité de l'avenir du Kosovo sans autorisation de l'ONU. Les autorités de Belgrade et de Pristina auront du mal à contrôler la situation, sans parler de Washington ou de Bruxelles.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ne seront pas parmi les gagnants. En revanche, la Russie sortira dans tous les cas vainqueur de ce jeu international, comme l'a reconnu dans un récent article l'ex-ambassadeur américain à Belgrade, William Montgomery. D'après lui, la Russie s'est déjà affirmée sur la scène internationale comme un acteur de poids. Washington et Bruxelles se retrouveront face à un choix désagréable: soit ne rien faire, soit reconnaître unilatéralement l'indépendance du Kosovo, ce qui peut faire apparaître un clivage sérieux au sein de l'UE et de l'OTAN. L'Amérique se retrouvera dans le rôle de contrevenant au droit international, et la Russie décrochera un précieux précédent jurisprudentiel pour la Moldavie et la Géorgie.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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