Moscou tente de se maintenir sur le marché de l'enrichissement d'uranium (Kommersant)

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MOSCOU, 19 septembre - RIA Novosti. Le directeur de l'Agence fédérale russe de l'Energie atomique, Sergueï Kirienko, a annoncé la création d'une "réserve de garantie" d'uranium enrichi en Russie, gérée par une organisation internationale, note mercredi le quotidien Kommersant.

Les experts estiment que Moscou essaie de cette façon de se maintenir dans le segment le plus lucratif du secteur nucléaire, à savoir celui de l'enrichissement d'uranium.

Les réserves d'uranium seront créées grâce au financement de l'Etat russe et conservées au Centre international d'enrichissement d'uranium (CIEU) à Angarsk (Sibérie). Sur décision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'uranium sera accordé aux pays qui se sont vu refuser la livraison de combustible par les fournisseurs. L'uranium faiblement enrichi sera conservé dans une banque du combustible dans des quantités suffisantes pour fabriquer les cartouches de combustible nécessaires à deux chargements de réacteur d'une centrale nucléaire (un chargement coûte actuellement quelque 150 millions de dollars).

L'Ukraine a elle aussi fait part de son intention de participer au CIEU (instauré par la Russie et le Kazakhstan en mai 2007), mais jusqu'ici, elle n'a pas encore adhéré au projet. "Le CIEU, de même que la banque du combustible, ont été créés pour des cas exceptionnels, mais aussi pour donner des garanties sûres aux pays qui souhaitent développer leur secteur nucléaire sans mettre en place la totalité de la chaîne du cycle du combustible. A la différence de beaucoup d'autres initiatives internationales, le CIEU est une chose déjà réellement créée", a indiqué un membre de la délégation russe commentant la situation.

La Russie possède actuellement 45% des installations mondiales d'enrichissement d'uranium, mais elle n'occupe que 35% du marché de l'uranium faiblement enrichi, dont une grande part est constituée par l'uranium produit dans le cadre de l'accord russo-américain HEU-LEU (uranium hautement enrichi - uranium faiblement enrichi). Dans l'avenir, la part de la Russie diminuera, car les Etats-Unis et la France ont déjà entamé la construction de nouvelles usines d'enrichissement sur leurs territoires.

"La création du CIEU et de la banque du combustible est un bon moyen d'attirer de nouveaux clients et de maintenir sa part sur le marché", estime un expert russe spécialisé dans le domaine nucléaire qui a souhaité garder l'anonymat. La concurrence dans ce secteur ira croissant dans les années à venir: l'Afrique du Sud a déjà déclaré son intention d'enrichir de l'uranium, la Chine pourrait aussi se lancer sur ce marché.

La centrale nucléaire iranienne de Bouchehr semble être le premier candidat aux livraisons de combustible. En cas de désaccords entre les Etats-Unis et l'AIEA sur le programme nucléaire iranien, la Russie pourra fournir de l'uranium à l'Iran via l'organisation internationale en question, sans détériorer formellement ses relations avec Washington. En perspective, la plupart des conflits potentiellement réglables par le biais de la "banque de garanties" de l'AIEA en Russie seront liés, d'une façon ou d'une autre, aux problèmes politiques des pays en voie de développement en matière de nucléaire.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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