Xénophobie: une maladie chronique et incurable? (Gazeta.ru)

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MOSCOU, 24 septembre - RIA Novosti. Hormis lancer un appel à la tolérance, le pouvoir et l'opinion publique sont incapables de proposer un véritable remède contre la xénophobie, indique mercredi le quotidien Gazeta.ru.

Le Conseil de l'Europe a prescrit un remède tout aussi inefficace, qui consiste à traiter l'intolérance ethnique par un concept stratégique.

Les fonctionnaires du Conseil de l'Europe se déclarent préoccupés par l'absence de stratégie unique de lutte contre la discrimination raciale en Russie. Les experts de la lutte contre le racisme et l'intolérance de la Commission européenne constatent une croissance de la violence raciste et une augmentation du nombre de propos racistes [dans ce pays]. Les statistiques ne le confirment pourtant pas. Galina Kojevnikova, directrice adjointe du centre d'information et d'analyse Sova, qui s'occupe de la surveillance des manifestations de xénophobie en Russie, a même fait récemment savoir que le nombre d'agressions liées à la xénophobie cette année avait diminué.

On pourrait reprocher aux experts d'être inconséquents mais il n'est sans doute pas si important que cela de préciser si le nombre de crimes en septembre 2008 dépasse ou non celui de septembre 2007. Il importe cependant de prendre conscience que le niveau de violence ethnique a été jugé intolérablement élevé, les tendances xénophobes trop dangereuses et que l'organisation autonome et l'activité des militants partageant ces idées et de leurs idéologues sont considérées comme une menace réelle.

Cependant, les experts du Conseil de l'Europe méritent de se voir reprocher leurs propositions dénuées de sens, comme par exemple celle d'élaborer une "stratégie unique". D'ailleurs, même un tel reproche serait inutile: cette organisation fonctionne de cette manière. Il faut reconnaître que sur ce plan, non seulement les bureaucrates en Europe occidentale mais également l'opinion publique russe sont incapables de proposer quoi que ce soit d'autre que "des centaines de recommandations".

Il est déjà appréciable qu'au cours de ces dernières années, les autorités aient cessé de renier l'existence même du problème. En revanche, en guise de compensation, elles utilisent avec pragmatisme le slogan de lutte contre l'intolérance raciale afin de museler, chemin faisant, l'opposition radicale. Or, il serait naïf de penser que les autorités puissent servir de façon désintéressée une bonne cause sans chercher à consolider leurs propres positions.

La question "Que faire?" reste malheureusement dans réponse. Mme Kojevnikova indique que l'on assiste actuellement à une nouvelle "vague", un nouvel "appel" raciste, en particulier à Moscou, à cause justement du fait que de nombreux [skinheads] aient été arrêtés.

Le temps est peut-être venu de reconnaître que cet état d'esprit qui pousse les skinheads à sortir leurs couteaux n'est pas une anomalie en soi. Les sociologues eux-mêmes confirment que cette tendance est très répandue dans la société. Qui plus est, la xénophobie, ethnique ou sociale, ne représente pas un vice spécifique à la Russie. Il s'agit de l'un des traits désagréables de la nature humaine que la civilisation peut contenir mais en aucun cas supprimer. Dans certains cas, tristes et bien connus, ces tendances sont sorties de leur contexte et utilisées dans la lutte politique ou dans des litiges entre puissances rivales.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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