Selon les experts, l'élite industrielle a un besoin pressant de liquidités, afin de rembourser ses crédits. Pour cela, on vend même ses propres biens, indique une source au fait de la situation: "Ceux qui souhaitent acheter actuellement une Ferrari, un yacht ou une villa peuvent le faire pour un prix très avantageux".
Olga Krychtanovskaïa, spécialiste dans le domaine des élites, sait bien à qui la crise apportera le plus d'avantages: "Les problèmes des milliardaires entraînent le renforcement du rôle de l'Etat, car presque toutes les ressources naturelles sont concentrées entre ses mains". D'après elle, en Occident, le tableau est analogue "mais, en Russie, l'Etat poursuit davantage ses propres intérêts économiques".
L'avis de Mme Krychtanovskaïa est partagé par Chris Weafer, principal stratège de la banque UralSib: en faisant des injections financières, le Kremlin accroît son influence dans les grandes entreprises et les secteurs importants du pays. L'Etat pourra leur dire où investir et comment se développer, affirme l'expert. Environ 50 milliards de dollars devraient pouvoir aider à sauver de la faillite les compagnies en difficulté.
Olga Krychtanovskaïa prédit une nouvelle "redistribution" dans les conditions de la crise en Russie. D'après elle, si les dirigeants du pays s'étaient déjà ingérés activement dans l'économie, à présent les raisons de le faire se sont multipliées. Bien que Vladimir Poutine ait conclu, au début de sa présidence, une sorte de pacte de non-ingérence avec les oligarques, le Kremlin recommence à affirmer, de temps en temps, que tel ou tel milliardaire est "impertinent". En ce moment, grâce à la crise, le pouvoir reçoit un nouveau moyen de "dompter" les entrepreneurs qui lui sont peu sympathiques.
Nikolaï Petrov, du Centre Carnegie de Moscou, estime que, dans tous les cas, un groupe "d'oligarques du Kremlin" figurera parmi les vainqueurs. Ce sont des gens comme Sergueï Tchemezov, l'ami de Vladimir Poutine. Placé à la tête de la corporation publique Rostekhnologuii, il contrôle un empire qui compte 500 entreprises. "Ils sont si proches des dirigeants du pays que pour eux la question de savoir comment se procurer de l'argent n'existe pas", estime M. Petrov.
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.