L'ABM en Russie: révolution, réchauffé, ou bluff? (Kommersant/Moskovski komsomolets/Nezavissimaïa gazeta)

S'abonner
MOSCOU, 11 juin - RIA Novosti. Le Secrétaire américain à la Défense Robert Gates a annoncé mardi aux sénateurs que Moscou et Washington débattaient actuellement l'installation d'un radar ou d'un centre d'échange d'information sur le territoire russe. De l'avis des spécialistes, ce « signal » peut avoir des destinations différentes, lit-on jeudi dans les quotidiens Kommersant, Moskovski komsomolets et Nezavissimaïa gazeta.

Les départements russes appropriés ont refusé mercredi de commenter cette déclaration grandiloquente de Robert Gates.

« Lorsque des propositions concrètes seront émises, nous les étudierons », a déclaré, fidèle à son laconisme militaire, le général Alexandre Kolmakov, premier vice-ministre russe de la Défense. Quant à Andreï Nesterenko, chef du Département de la presse et de l'information du ministère des Affaires étrangères, il n'en croit pas ses oreilles: « je soupçonne que les propos (de Robert Gates) n'aient pas été cités précisément par les agences d'information ».

Les experts militaires sont partagés sur les paroles prononcées par le chef du Pentagone. Vladimir Dvorkine, expert en économie mondiale et en relations internationales de l'Académie russe des sciences ne voit aucun obstacle à la coopération entre la Russie et les Etats-Unis en matière de défense antimissile, « sauf l'inertie psychologique de la guerre froide ». Mikhaïl Barabanov, rédacteur en chef de Moscow Defense Brief, juge l'apparition d'éléments de la défense antimissile américaine en Russie « peu probable ». « Il s'agit d'éléments secondaires du grand marchandage entre la Russie et les Etats-Unis à propos du déploiement du bouclier antimissile en Europe de l'Est », a-t-il dit. Pour la Russie, « l'admission des Américains sur son territoire est irréaliste pour des considérations politiques et psychologiques. Le pouvoir russe actuel ne va pas l'examiner sérieusement ».

« Il s'agit plutôt d'un centre commun d'échange d'information et de notifications sur les lancements de missiles au sujet duquel un mémorandum avait été signé dès 2000 à Moscou », suppose Viktor Essine, ancien chef d'état-major principal des Troupes balistiques stratégiques russes.

« L'idée maîtresse des nouvelles propositions est d'entraîner la Russie dans le processus d'édification commune de la défense antimissile, mais les Américains ont toujours l'intention de diriger eux-mêmes ce système, estime une source bien informée des milieux militaires. Washington a apparemment fait une pause : pour les Américains, il est impossible du point de vue politique de faire une croix sur le projet de déploiement de missiles antimissiles en Pologne et d'un radar en République tchèque, mais sa mise en oeuvre pourrait être gelée ».

« Il est peu probable que le principal objectif de Robert Gates soit de s'entendre avec la Russie », estime Alexandre Pikaïev, chef de service de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des sciences de Russie. Selon lui, « on peut exercer ainsi une pression sur les Tchèques qui n'apprécient pas que l'Amérique s'entende avec la Russie à leur insu ».

Ce texte tiré de la presse russe n'engage pas la responsabilité de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала