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Antarctique / détroit de Kertch / OGM / ISS / archéologie

Nouvelle expédition russe dans l'Antarctique

L'Akademik Fedorov, navire scientifique de la Flotte polaire russe, est parti début novembre pour une expédition en Antarctique. Il a quitté Saint-Pétersbourg dans le cadre de la 53e Expédition antarctique russe (EAR), qui durera environ 200 jours. La Russie reprendra à cette occasion, après une interruption de 16 ans, l'étude du secteur Pacifique de l'Antarctique en y réactivant deux stations. 11 projets seront développés dans le cadre de cette expédition.

Le capitaine du navire, Mikhaïl Kalochine, a confié au journal Naouka i Jizn que l'Akademik Fedorov avait quitté Saint-Pétersbourg avec les 102 membres de l'expédition russe et 70 marins. Les membres d'une expédition polaire biélorusse se trouvent également à bord. L'Akademik Fedorov devrait aussi embarquer dans le port allemand de Bremerhaven des spécialistes du Pôle venus d'Autriche, de France et de Corée du Sud, qui doivent rejoindre leurs bases nationales sur le sixième continent. Lors d'une prochaine étape, au Cap, 53 autres spécialistes polaires russes, arrivés en avion en Afrique du Sud, monteront à bord du navire.

Le responsable de la 53e EAR, Viatcheslav Martianov, de l'Institut de recherche arctique et antarctique, souligne que la prochaine saison permettra aux spécialistes russes, après une interruption de 16 années, de reprendre leurs recherches dans le secteur Pacifique de l'Antarctique. Ils remettront en service, dans cette région peu étudiée du continent glacial, les stations côtières précédemment fermées de Rousskaïa et Leningradskaïa. Des observations dans les domaines de la météorologie, du magnétisme terrestre, de l'océanologie et de la glaciologie seront menées à l'aide d'appareils spécialement montés, fonctionnant toute l'année en régime autonome.

L'étude de l'influence des changements climatiques globaux sur l'Antarctique, la détermination de son rôle dans ces modifications, la mise en évidence des lois régissant la biodiversité des organismes vivants de la région polaire méridionale et leur évolution, ainsi que l'étude de la structure géologique de la croûte terrestre de l'Antarctique et des mers qui le baignent figurent parmi les principaux objectifs assignés à cette 53e EAR. Parmi les nouveaux axes de recherche figure également l'étude des particularités de la géochimie et de la microbiologie des sols éternellement gelés de l'Antarctique.

Viatcheslav Martianov a également indiqué que la poursuite du forage réalisé à la station Vostok dans le but de parvenir à la couche d'eau du lac sous-glaciaire Vostok, enfoui sous 4 kilomètres de glace, demeurait une orientation prioritaire.

Le détroit de Kertch inspecté par des scientifiques après la catastrophe écologique

Des chercheurs du Centre scientifique méridional (CSM) ont inspecté la zone du détroit de Kertch, reliant la mer Noire à la mer d'Azov, où des navires pris dans une tempête ont été à l'origine d'une catastrophe écologique sans précédent pour cette région (*). Des planctonologues, hydrochimistes et ornithologues, parmi d'autres spécialistes, ont inspecté les 150 kilomètres de côtes concernés.

Sur les plages de sable, explique l'académicien Guennadi Matichov, océanologue président du CSM, les algues rejetées ont joué le rôle d'absorbants et englouti le mazout. C'est pourquoi ces plages seront assez faciles à nettoyer. En revanche, les côtes rocheuses se trouvent dans une situation bien plus délicate.

Guennadi Matichov souligne combien il est important de comprendre la dynamique de telles catastrophes. Dans la mer de Barents et dans la mer du Nord, par exemple, on se prépare à l'avance aux marées lunaires les plus fortes, de 5 à 7 mètres, qui surviennent chaque année à la mi-octobre. Si ce phénomène coïncide avec la présence de puissantes vagues, la force d'une tempête double. La mer d'Azov se caractérise par l'apparition de fortes vagues sous l'effet du vent. Aussi, estime le chercheur, le stationnement des navires ayant des substances dangereuses à leur bord devrait être interdit, ainsi que leur transbordement.

Ce qui est absolument nécessaire, poursuit l'académicien, c'est d'obtenir une évaluation indépendante complète des conséquences de cette catastrophe. Il convient, notamment, d'étudier le littoral et la zone côtière du plateau continental, depuis le cap Panaguéïa jusqu'à Temriouk, de déterminer le périmètre et la superficie des régions contaminées, d'établir le niveau et la catégorie de la pollution, ainsi que la direction suivie par le mazout d'après la pollution de la côte.

Quelle que soit la rapidité avec laquelle le plan d'eau sera nettoyé, rappellent les spécialistes du CSM, les conséquences de cette catastrophe écologique se répercuteront sur l'écosystème. Une surveillance des écosystèmes de la mer d'Azov et de la mer Noire sera nécessaire au printemps et durant l'été. Elle permettra d'obtenir une évaluation complète du préjudice causé aux bioressources, et des conséquences socio-économiques dans les régions contaminées.

* (Le 11 novembre dernier, une douzaine de navires ont été pris dans une violente tempête dans le détroit de Kertch, provoquant une catastrophe écologique. Quatre ont coulé, six se sont échoués. Deux pétroliers ont été endommagés. Parmi la  pollution que cela a engendré, quelques 2.000 tonnes de fuel se sont échappées des citernes du Volgoneft-139.)

Pas d'unanimité sur les OGM

L'évaluation des organismes génétiquement modifiés (OGM) demeure une source de discorde entre les scientifiques. Les chercheurs russes ne font pas figure d'exception.

Les études menées un peu partout dans le monde ne permettent toujours pas de savoir si les OGM sont un bien - un moyen de combattre la faim sur notre planète et d'obtenir des médicaments efficaces pour lutter contre des maladies pour l'heure incurables - ou une bombe à retardement qui, le jour où elle explosera, risque d'avoir les effets les plus inattendus.

Le professeur Vladimir Kouznetsov, directeur de l'Institut de physiologie des végétaux Timiriazev de l'Académie des sciences russe, a récemment énuméré, lors du Second symposium russe sur "La Physiologie des végétaux transgéniques et les problèmes de sécurité", les principales causes des différences d'évaluation du risque d'utilisation des OGM. Ce sont, a-t-il indiqué, la connaissance insuffisante des mécanismes de fonctionnement et de régulation du génome des végétaux, le "comportement" imprévisible des structures génétiques construites, leur caractère instable et la présence en leur sein de "déchets technologiques".

Plusieurs rapports sur le soja présentés lors de ce symposium illustrent les résultats contradictoires obtenus par les scientifiques sur le problème des OGM. Ainsi, selon les données recueillies par l'Institut de recherche des vaccins et des sérums Metchnikov (Moscou), le soja naturel présente des propriétés allergènes plus puissantes que le soja génétiquement modifié. Un résultat surprenant, si l'on se rappelle que les adversaires des OGM prévoient, justement, un développement et une propagation des affections allergiques avec l'utilisation de produits contenant des protéines génétiquement modifiées.

Dans le même temps, des études conduites à l'Université agraire d'Etat Vavilov (Saratov) ont montré l'influence néfaste des OGM sur la santé des souris. Pendant cinq mois, du soja génétiquement modifié a été introduit dans l'alimentation d'un groupe de souris. On a constaté chez ces dernières, comparativement à leurs congénères du groupe de contrôle, une augmentation du poids (18%), une diminution de la rate (de 39,5% en moyenne) et du foie (de 18,5%), ainsi qu'une activité moindre de plusieurs enzymes du sang.

L'Institut de l'activité nerveuse supérieure et de neurophysiologie de l'Académie des sciences russe a obtenu pour sa part de nouvelles données quant à l'influence du soja génétiquement modifié sur l'activité nerveuse supérieure des rats. De la farine de soja génétiquement modifié a été ajoutée à leur alimentation deux semaines avant l'accouplement, et pendant les périodes d'accouplement, de grossesse et d'allaitement. Les rats testés et leur descendance ont été soumis au test "lumière-obscurité". Les mâles comme les femelles sont apparus, à l'issue de la période de test, plus inquiets que leurs congénères du groupe de contrôle. Les jeunes rats des deux sexes se sont comportés comme leurs parents. Par ailleurs, les animaux placés ensemble dans des cages se sont révélés plus agressifs, se mordant les uns les autres et s'en prenant même aux soigneurs. En outre, 20% des femelles du "groupe OGM" ont perdu leur instinct maternel: au lieu de faire un nid pour leurs petits, elles disséminaient ceux-ci aux quatre coins de la cage. Un comportement nullement observé chez les rates appartenant au groupe de contrôle.

Triplement attendu du nombre de modules russes sur la Station spatiale internationale

Le nombre de modules russes sur la Station spatiale internationale triplera d'ici 2015, ce qui permettra de poursuivre la construction du segment russe de l'ISS et d'accroître le nombre des travaux, études et expériences scientifiques réalisés, a annoncé Evgueni Mikrine, premier directeur général adjoint de la compagnie RKK Energuia.

"Le nombre de modules sur le segment russe de l'ISS passera de 3 à 9 d'ici 2015, et la construction de la station sera poursuivie", a indiqué Evgueni Mikrine, lors d'une conférence scientifique internationale à Moscou. En 2009, a-t-il précisé, le segment russe recevra le petit module-2 de recherche, qui pèse quatre tonnes. En 2010, il sera doté du petit module-1 de recherche, d'environ huit tonnes. Le module-1 sera le seul module russe acheminé à bord de l'ISS par une navette américaine.

En 2011, l'ISS recevra un module laboratoire polyvalent destiné à la recherche et au développement de la robotique dans la station, a également déclaré Evgueni Mikrine.

En 2012, le segment russe de l'ISS sera complété par un module de jonction. Enfin, en 2014, le nombre de modules sur le segment russe de la station sera porté à neuf avec l'amarrage à l'ISS de deux autres modules scientifico-énergétiques, a ajouté le responsable.

Découverte d'un campement de la fin de la période glaciaire dans le territoire de Khabarovsk

Des archéologues ont découvert dans la région du lac Evoron (territoire de Khabarovsk) un campement remontant au paléolithique, datant d'une quinzaine de milliers d'années, a annoncé Andreï Maliavine, chef de département au Musée archéologique de Khabarovsk.

"Il s'agit d'un campement de la fin de la période glaciaire, une période considérée comme peu étudiée. C'est pourquoi tout nouveau campement de cette époque est en lui-même une découverte", a expliqué le scientifique. Il a rappelé que dans le territoire de Khabarovsk, dans la région de l'Amour inférieur, quatre campements se rapportant à l'âge de pierre avaient été mis au jour depuis que l'on procède à des recherches archéologiques. Mais la dernière découverte constitue, de par sa superficie, le plus important campement de chasseurs mis au jour.

"Les gens qui habitaient ici étaient très vraisemblablement des chasseurs de mammouths, a poursuivi Andreï Maliavine. C'est ce que nous avons conclu après avoir étudié les pointes en pierre de javelots et de flèches et un racloir en pierre. Des objets semblables ont été trouvés en Iakoutie."

Cette découverte est venue couronner l'expédition archéologique de 2007. L'an prochain, les archéologues projettent d'organiser une importante expédition vers le lac Evoron. Mais tout dépendra du financement. "C'est une région prometteuse pour les fouilles à venir, a souligné Andreï Maliavine. Il pourrait y avoir pour plusieurs années de travail."

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