La science et les technologies russes au jour le jour

S'abonner

Traitement TCC-AVC/ régénération du tissu cérébral/ Red Hat/ loups

De la combinaison spatiale à la réadaptation fonctionnelle

La combinaison spatiale "Pingvin" est réservée aux cosmonautes. Mais elle a servi de base à la création de la combinaison de traitement "Reguent", destinée aux patients devant récupérer leurs fonctions motrices, rapporte le site informnauka.ru.

Des spécialistes de l'Institut des problèmes médico-biologiques ont adapté la combinaison spatiale "Pingvin" aux besoins des patients terrestres et créé sur sa base la combinaison "Reguent". Cette dernière est destinée à aider les victimes d'accident vasculaire cérébral (AVC) ou de traumatisme crânio-cérébral (TCC) à recouvrer leurs fonctions motrices, et à se rétablir.

De plus en plus de technologies initialement destinées à la conquête spatiale trouvent une application en dehors de celle-ci, que ce soit dans l'agriculture, la construction d'appareils de précision, la gestion des matériaux ou la médecine. Certaines d'entre elles peuvent même nous concerner directement. C'est le cas de "Pingvin" qui, après avoir subi des modifications, s'est transformée en "Reguent" pour devenir un moyen de traitement complémentaire efficace des AVC et TCC.

Les cosmonautes qui restent longtemps dans l'espace, et donc en apesanteur, développent un syndrome moteur hypocinétique. En raison de l'absence de gravité, et donc des charges physiques habituelles, leurs muscles s'atrophient. Leurs fonctions motrices et sensorielles sont atteintes. Leur colonne vertébrale perd sa courbure naturelle. Si bien qu'il n'est pas rare que les cosmonautes grandissent en vol.

Pour résoudre ce problème, les spécialistes de l'Institut des problèmes médico-biologiques ont créé la combinaison spatiale "Pingvin", que les cosmonautes portent régulièrement lors des vols de longue durée. En créant une charge axiale artificielle sur le système squeletto-musculaire, elle compense l'insuffisance de l'activité motrice.

Plus de 450.000 personnes sont victimes chaque année en Russie d'accidents vasculaires cérébraux - la forme de pathologie vasculaire la plus grave de l'encéphale - tandis que les diverses perturbations des fonctions motrices, telles que la paralysie ou la parésie, sont les conséquences les plus fréquentes d'une perturbation de la circulation sanguine cérébrale ou d'un TCC. Entre 75 et 80% des victimes d'AVC ou de TCC perdent leur aptitude au travail et deviennent invalides.

Or, des études ont montré que les perturbations des fonctions motrices et sensorielles observées chez les cosmonautes ressemblent étrangement à celles qui apparaissent après une AVC ou un TCC. Les chercheurs ont donc pensé à adapter la combinaison spatiale aux besoins des patients terrestres et créé la combinaison de traitement "Reguent".

Si les appareils médicaux se distinguent souvent par leur coût élevé et leurs dimensions impressionnantes, il n'en est rien de "Reguent", qui se ramène simplement à un gilet, un short et des genouillères. Le patient les enfile et les utilise soit ensemble, soit séparément, selon le degré de l'affection et le stade du traitement. Le fonctionnement de "Reguent" repose sur des bandes élastiques et des systèmes de traction. Les bandes élastiques sont attachées à des points de fixation sur la combinaison et agissent de manière mesurée sur des groupes de muscles déterminés. Les muscles ayant subi une charge en informent le cerveau qui leur donne, en retour, l'ordre de se contracter ou de se relâcher. C'est ainsi que les liens neuroniques perdus à la suite d'une AVC ou d'une TCC sont rétablis ou à nouveau créés. Des personnes jusque-là clouées au lit apprennent à nouveau à se tenir debout et à marcher. Et elles le font beaucoup plus vite et nettement mieux que les patients passant par le processus de récupération habituel.

Les tests cliniques de cette combinaison, effectués pendant une dizaine d'années, sous la direction d'Irina Saïenko, de l'Institut des problèmes médico-biologiques, se sont achevés l'an dernier. Ils ont montré que chez les patients qui ont utilisé quotidiennement "Reguent" pendant 10 à 15 jours (de 20 minutes à 1 heure 30 quotidiennement, selon leur âge), la stabilité dynamique s'est considérablement améliorée et le niveau de parésie a diminué, comparativement aux patients du groupe de contrôle traités avec les méthodes traditionnelles. "Reguent" a permis à 47% des patients de se déplacer librement après traitement (25% seulement ont pu le faire après un traitement traditionnel). Dans un des établissements de soins, des améliorations ont même été constatées au niveau des fonctions locutrices, mais des études plus approfondies sont encore à mener dans cette direction.

Commentant les succès obtenus grâce à cette technique, Irina Saïenko souligne que, de l'avis même des patients, aucun équipement ne motive autant les malades. En commençant à sentir leurs propres extrémités, ces derniers surmontent leur peur de tomber. Ce qui n'est guère étonnant, car "Reguent" est un procédé extrêmement "doux", qui ne traumatise pas les malades. Il peut être utilisé de manière stationnaire ou ambulatoire. Le patient peut être "équipé" en l'espace de quelques minutes, avec l'aide du personnel médical ou de ses proches.

Cette combinaison de traitement ne constitue naturellement pas un remède miracle pour lutter contre les conséquences des AVC et des TCC. Les chercheurs et les médecins soulignent que cette technique n'est efficace que conjuguée aux traditionnels massages et autres exercices de gymnastique. Mais les résultats des tests cliniques permettent d'affirmer que ce procédé issu de la technologie spatiale constitue un soutien efficace contre certains maux terrestres. 

Comment régénérer le tissu cérébral

Des chercheurs sibériens sont parvenus à restaurer un morceau de tissu cérébral endommagé, rapporte le site inauka.ru. Cette découverte vient d'être classée parmi les 100 meilleures inventions de Russie par le Service fédéral de la propriété intellectuelle, des brevets et marques déposées.

Une méthode de thérapie expérimentale de l'encéphalopathie a été mise au point à l'Institut de recherche de pharmacologie du Centre scientifique de Tomsk (Section sibérienne de l'Académie des sciences russe). Elle repose sur la stimulation de la régénération du tissu endommagé de l'encéphale. Cette découverte pourrait marquer le début d'une nouvelle orientation de la médecine régénérative, estime Evgueni Goldberg, le directeur de cet Institut.

Le procédé consiste à activer des cellules souches, qui se trouvent dans l'organisme de toute personne adulte. Les chercheurs sont parvenus à contraindre ces cellules à sortir de leur "dépôt", à se multiplier et à remplacer concrètement les éléments qui doivent l'être.

Pour ce faire, les chercheurs ont simulé l'activité des systèmes régulateurs naturels. Ils ont introduit dans l'organisme une préparation de cytokine, que l'Institut de pharmacologie de Tomsk a élaborée, conjointement avec le Centre scientifique d'Etat de virologie et biotechnologies Vektor, de Novossibirsk. Cette préparation était auparavant utilisée comme stimulateur sanguin. Mais il s'est avéré qu'elle était capable de provoquer l'arrivée dans le sang de cellules souches, dont les réserves sont quasiment inépuisables.

Pour la première fois, il a été proposé d'utiliser le facteur humain de stimulation des colonies de granulocytes (G-CSF), qui assure chez ces malades la production des cellules souches endogènes du cerveau, précise le site tomsk.gov.ru, reprenant un commentaire de l'administration de la région de Tomsk.

L'expérimentation animale a montré que dans les cas de détérioration de l'encéphale accompagnés de dommages psychoneurologiques et somatiques graves, le rétablissement après traitement à la cytokine est quasiment total.

Rappelons que les encéphalopathies peuvent être consécutives à n'importe quelle affection accompagnée du développement d'une hypoxie (manque d'oxygène dans le sang) du tissu cérébral. Au nombre de ces affections figurent les différents types de traumatismes, les hémorragies, la perturbation de la circulation sanguine cérébrale, les conséquences d'un empoisonnement, d'une encéphalite ou d'une méningite.

L'encéphalopathie occupe une place majeure dans la structure des causes d'invalidité neuropsychologique des habitants de notre planète. Cette nouvelle technique proposée par les chercheurs de Tomsk pourrait déboucher sur un traitement efficace, qui éviterait de recourir à des méthodes de traitement onéreuses.

Coopération avec Red Hat pour le développement de logiciels ouverts

De nombreuses entreprises, administrations et établissements d'enseignement russes vont coopérer avec la société Red Hat (*) pour la promotion en Russie de programmes informatiques ouverts, annonce le site annews.ru.

La première visite en Russie du nouveau président de la société Red Hat, Jim Whitehurst, s'est soldée par la signature de plusieurs accords traduisant la volonté de cette société et de plusieurs compagnies et administrations russes de coopérer dans le développement de systèmes d'information pour les entreprises reposant sur des logiciels ouverts. Le lancement en Russie d'un programme universitaire spécial "Red Hat" a également été annoncé.

Des protocoles d'intention sur la coopération dans le domaine du développement de systèmes d'information sur la base de logiciels ouverts ont été signés avec plusieurs entreprises, tels la Poste de Russie et le Fonds fédéral d'assurance médicale obligatoire. Red Hat prévoit aussi de coopérer avec le ministère russe des Technologies de l'information et des Télécommunications, notamment en l'aidant à organiser un Centre national de compétence pour l'élaboration de solutions sur la base de logiciels ouverts. Red Hat, qui voit en la Russie, selon son président, "un des marchés les plus prometteurs", entend organiser également un système de soutien permanent sous forme de consultations méthodiques sur les questions de l'utilisation dans les organes du pouvoir d'Etat de programmes ayant des codes ouverts.

Par ailleurs, Red Hat, ainsi que la compagnie VDEL, distributeur exclusif de Red Hat en Europe orientale, en Russie et en CEI, et plusieurs compagnies IT ont annoncé le lancement d'un programme spécial d'enseignement en russe, le Russian Open Source Education Program (ROSEP), qui reposera sur les normes des programmes d'enseignement "Red Hat" diffusés dans le monde entier.

Un des principaux obstacles qui freinent l'extension des logiciels ouverts en Russie est l'absence d'une base systémique pour la formation des spécialistes et des utilisateurs des solutions Open Source. Le programme universitaire envisagé est destiné à former, en grand nombre, des développeurs, administrateurs et utilisateurs de Red Hat Linux dans des établissements d'enseignement du supérieur et des centres d'étude. Les cours dispensés dans les établissements d'enseignement d'Etat seront gratuits.

(*) Basée aux Etats-Unis mais présente dans le monde entier, Red Hat est une multinationale spécialisée dans la distribution du système d'exploitation libre Linux. C'est l'un des plus gros fournisseurs mondiaux de programmes Open Source (logiciels ayant un code ouvert), destinés principalement aux entreprises. Red Hat s'occupe d'élaborer, de livrer et d'assurer le suivi des solutions Linux depuis 1993.

Région de Tcheliabinsk: protéger le loup

Bien des espèces animales ont vu leur population augmenter en 2007 dans la région de Tcheliabinsk, mais celle du loup a fortement régressé. Les biologistes s'inquiètent de cette évolution et appellent à la protection de ce carnivore, au nom de l'équilibre naturel, rapporte le site nr2.ru.

La population des chevreuils, élans et autres sangliers a crû en 2007 dans la région de Tcheliabinsk, de respectivement 15, 13 et 40%. On dénombre ainsi dans cette région 48.000 chevreuils, 3.400 élans et plus de 2.000 sangliers. Cette augmentation a également concerné la population des lièvres et des oiseaux aquatiques. On recense ainsi plus de 90.000 lièvres et environ 1,5 million d'oies et de canards.

C'est dans ce contexte que la population de loups a reculé, en l'espace d'une seule année, de 40%. La région de Tcheliabinsk ne compte plus, à ce jour, selon les données du ministère de l'Ecologie, que 135 loups. Des chiffres, au demeurant, surévalués, selon les biologistes: un certain nombre d'individus ont probablement été comptés deux fois, car le dénombrement des loups est effectué lorsque ceux-ci se déplacent.

Cette diminution est d'autant plus regrettable qu'elle résulte d'une volonté délibérée: 48 loups ont été abattus l'an dernier, alors qu'ils s'inscrivent pleinement dans l'écosystème. Leur anéantissement conduirait à une destruction de l'équilibre naturel. Les biologistes de la région de l'Oural insistent sur le fait que le loup doit être non pas abattu, mais protégé. Ce ne sont pas les ongulés qui doivent être protégés des loups, affirment-ils, mais les loups qui doivent l'être des fonctionnaires, lesquels ont décidé de faire, au sens propre de l'expression, la chasse au loup. Une telle option est dangereuse, soulignent les scientifiques.

Comme l'explique le biologiste Evguéni Tchibilev, les loups, qui constituent une part inaliénable de l'écosystème, ont une place particulière à y tenir. Ils jouent notamment un rôle de régulateur en maintenant un nombre d'herbivores équilibré. On sait depuis longtemps que le loup n'a jamais causé de préjudice à ces espèces biologiques. Au contraire, en s'en prenant aux individus les plus faibles, il favorise la conservation de ces populations animales. Lorsque l'homme se charge de cette régulation, souligne le biologiste, il élimine généralement les individus les plus gros, les plus beaux, les plus sains. Le loup joue par ailleurs un rôle sanitaire en éliminant les rats (qu'il est le seul animal, avec le renard, à chasser), ainsi que les chiens errants.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала