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Nanotechnologies/ superordinateur/ andrologie/ génétique

Cap sur les nanotechnologies à Saint-Pétersbourg

Un centre d'innovations axé sur les nanotechnologies va être créé à Saint-Pétersbourg. Pour ce faire, l'Académie des sciences russe (ASR) joindra ses efforts à ceux de plusieurs établissements de l'enseignement supérieur, rapportent les sites inauka.ru et annews.ru. Ce projet est patronné, notamment, par le Prix Nobel de physique Jaurès Alferov.

"Nous allons constituer un noyau dur, auquel de nombreux autres pourront s'associer. C'est pourquoi un processus de création de centres de nanotechnologies se développe aussi à Moscou et Novossibirsk, a annoncé le physicien Jaurès Alferov." C'est au Centre scientifique pétersbourgeois de l'Académie des sciences russe qu'il a tenu ces propos, lors de la cérémonie de signature de l'accord sur l'ouverture d'un Centre d'innovations dans la capitale du Nord. "Le principal objectif de ce centre, a-t-il dit, sera de regrouper les efforts pour former des cadres dans le domaine des nanotechnologies."

Le principe est de regrouper les savoir-faire des académiciens et des universitaires dans des centres qui formeront des spécialistes des nanotechnologies selon les nouveaux standards d'enseignement. Saint-Pétersbourg, Moscou et Novossibirsk possèdent "la base pour une coopération des établissements de l'enseignement supérieur et des instituts académiques", a souligné Jaurès Alferov.

Le Centre d'innovations de Saint-Pétersbourg sera situé au sein d'un Centre scientifique et d'enseignement, dans le parc Sosnovka. Il sera créé conjointement par le Centre scientifique pétersbourgeois de l'ASR, l'Université polytechnique d'Etat de Saint-Pétersbourg et le Centre d'enseignement scientifique physico-technologique de Saint-Pétersbourg de l'ASR. Il doit inclure des sections de nanophysique, de nanomatériaux, de nanoélectronique et de nanobiologie. Les concepteurs du centre ont également des projets communs en matière de technologies des semi-conducteurs, a indiqué Jaurès Alferov. "L'accent sera mis sur l'opto- et la microélectronique, les hétérostructures sous-microscopiques. Nous avons de solides acquis dans le domaine de l'optoélectronique industrielle, et le Centre d'innovations technologiques Svetlana réalise déjà avec notre participation des produits exceptionnels, a souligné l'académicien. "Et, ce qui est tout aussi important, une chaire de physique et des technologies des nanostructures a été ouverte dans l'Université académique, a-t-il noté.

Le professeur Mikhaïl Fedorov, recteur de l'Université polytechnique, a indiqué pour sa part que son établissement avait déjà créé un Centre des nouveaux matériaux, qui est une structure inter-facultés (9 facultés), intégrant des spécialistes dans le domaine de la science des matériaux, ainsi que l'Institut de recherche central de constructions de matériaux Prometeï et l'Institut physico-technique Ioffé. Il a souligné que ces établissements étaient en relation avec des entreprises aussi prestigieuses que l'usine Ijorski, l'usine Kirov, la compagnie Petrostal, la société "Pales de turbines", les constructeurs automobiles KAMAZ et AvtoVAZ, ainsi que des entreprises de l'industrie d'armement, pour lesquels sont élaborés des pellicules et revêtements fins ainsi que des technologies permettant de modifier la surface des matériaux. Une attention particulière est accordée aux matériaux concernant les appareillages électroniques et les communications optiques. Le professeur a souligné la coopération internationale menée par ce centre aux niveaux universitaire et industriel avec différents pays (Norvège, Suède, Finlande, Allemagne, Belgique, Etats-Unis, Corée du Sud, etc.).

Présentation du plus puissant superordinateur de Russie

Le plus puissant superordinateur de Russie est rentré dans sa phase de tests à l'Université d'Etat Lomonossov de Moscou (MGOu), rapporte le site de cet établissement, msu.ru.

Le président de la Douma, Boris Gryzlov, et le recteur du MGOu, l'académicien Viktor Sadovnitchi, ont assisté le 19 mars à la présentation officielle du superordinateur SKIF MGOu. Il a été conçu conjointement par le MGOu, l'Institut des systèmes programmes de l'Académie des sciences russe et la société d'informatique T-Platform.

Cette machine est la plus puissante de Russie, et même d'Europe orientale et de toute la CEI. Elle repose sur une construction à 625 blades (lames) de T-Platform équipée de 1.250 processeurs quadricoeurs Intel Xeon E5472. Le superordinateur a une puissance théorique de 60 téraflops. Autrement dit, il devrait être capable de réaliser 60 billions d'opérations à la seconde. L'efficacité réelle du système, mesurée avec le test Linpack, a donné 47,04 téraflops, soit 78,4% de la puissance maximale, ce qui constitue un résultat remarquable: il s'agit du meilleur indice d'efficacité de tous les systèmes recensés parmi les 100 premières machines du Top500 des ordinateurs les plus puissants du monde reposant sur des processeurs quadricoeurs Intel Xeon, selon le site top500.org.

L'efficacité réelle du superordinateur SKIF MGOu le place au 22e rang mondial (et 5e européen) du classement du Top500, et largement en tête en Russie. Sa puissance le situe au 7e rang mondial des superordinateurs utilisés dans des établissements d'enseignement.

Boris Gryzlov a relevé dans son intervention que son parti, Russie unie, considérait le développement de la branche des superordinateurs et d'un réseau de supercalculateurs comme l'un des objectifs prioritaires de l'édification d'une économie d'innovation en Russie, reposant sur le savoir. Il a souligné que la réalisation des programmes russo-biélorusses SKIF et SKIF-GRID permettait de développer, indépendamment des Occidentaux, des superordinateurs qui seront à même de résoudre les problèmes les plus complexes.

Le premier vice-président du Comité de la Douma chargé des sciences et des technologies high-tech, Andreï Kokochine, a rappelé la veille que les superordinateurs de Tomsk, Moscou, Tcheliabinsk (Centre de supercalcul de l'Oural), ainsi que de l'Université de Vladimir et de plusieurs autres sites seront reliés au sein d'un réseau de superordinateurs. Il a également fait remarquer que bien que l'on compte désormais dans le monde plusieurs centaines de superordinateurs, autrement dit de machines d'une puissance supérieure à un téraflop, les machines de la puissance de celle du MGOu, elles, étaient bien plus rares.

Le recteur Sadovnitchi a relevé pour sa part, lors de cette présentation, que toute une série de tâches auxquelles se sont attelées des équipes de l'Université de Moscou nécessitaient des ordinateurs d'une puissance minimale de plusieurs dizaines de téraflops. Il a souligné que les meilleurs groupes de chercheurs, tant de l'Université de Moscou que de plusieurs instituts académiques, oeuvraient dès à présent sur le superordinateur. Ils travaillent sur les bases fondamentales des nanotechnologies, résolvent des problèmes extrêmement complexes d'hydrodynamique magnétique, d'hydro- et aérodynamique, de chimie quantique, de sismologie, de modélisation de médicaments, de climatologie, de cryptographie, etc.

Le superordinateur fonctionne pour l'instant en régime test. Lors de son inauguration officielle, il basculera en fonctionnement normal.

La Russie a besoin d'andrologues

La stérilité masculine est responsable d'un déficit de quelque 3,5 à 4 millions de naissances en Russie pour ces seules 15 à 20 dernières années. Dans ce contexte, la question du recours à des médecins andrologues qualifiés se pose avec acuité, relève le docteur Artioukhine dans une étude dont le site informnauka.ru s'est fait l'écho.

Le taux de natalité en Russie était de 1,38 en 1993. Il n'a cessé de diminuer depuis pour se rapprocher de l'unité, alors que l'on estime généralement que cet indice doit être de l'ordre de 2,14 ou 2,15 pour assurer la simple reproduction de la population. Durant la seule période de la fin des années 90 du siècle dernier, la Russie a perdu plus de 8 millions d'habitants, faute de naissances en nombre suffisant. Cette situation n'est pas uniquement imputable au dénuement ou aux difficultés matérielles qu'ont connues les Russes.

Il s'avère en effet que 10 à 20% des couples russes sont stériles, et dans 40 à 60% des cas, cette situation est due à l'homme. Chez un couple stérile sur quatre, on constate autant d'anomalies dans les systèmes de reproduction de l'homme que de la femme. C'est sur quoi se fonde l'étude menée par Alexandre Artioukhine, qui dirige le Département inter-cliniques centralisé d'andrologie du Centre clinique de l'Académie de médecine Setchenov de Moscou.

Ces dernières années, à Moscou et dans plusieurs villes russes, ont ouvert des centres d'andrologie privés. Le coût des traitements y est trop élevé pour de nombreux Russes, et l'efficacité des services douteuse. On propose très souvent aux patients des méthodes de traitement n'ayant pas été dûment testées. L'analyse de plus de 3.500 cas de stérilité masculine examinés au centre clinique a montré que la plupart du temps les établissements commerciaux de profil andrologique avaient établi des diagnostics erronés et, par voie de conséquence, ordonné des traitements inappropriés. Dans bien des cas, des opérations inutiles ont été pratiquées, qui ont pu conduire à des dommages irréparables. Ou bien l'on a prescrit, à des doses importantes, des préparations hormonales contenant des androgènes et des gonadotrophines, alors que la situation hormonale était normale.

Il est fréquent que dans les centres de fécondation in vitro on ne traite pas certaines formes de stérilité masculine qui pourraient parfaitement être soignées. On préfère recourir au sperme d'un donneur, privant ainsi un homme potentiellement fertile de la possibilité d'avoir un enfant biologique.

Le programme de lutte contre la stérilité EKO/IKSI prévoit, lui, une fécondation artificielle en ayant recours au sperme présent dans les testicules du patient. Mais ce prélèvement est effectué fréquemment de manière si maladroite que cette procédure, qui est souvent répétée à de multiples reprises, conduit à de graves complications pour les patients. Si bien qu'au dérèglement de la spermatogenèse vient s'ajouter une insuffisance androgénique.

Par ailleurs, il est très fréquent que les personnels travaillant sur les techniques de reproduction assistée traitent des couples stériles selon le programme EKO/IKSI, alors même qu'il y a une agénésie des conduits spermatiques, et que cette pathologie est liée, dans 50 à 82% des cas, à une mutation du gène de la mucoviscidose. Le risque de transmission d'une maladie génétique est alors évident.

Tout cela fait que le recours aux nouvelles techniques de reproduction sans la participation de médecins andrologues et de médecins généticiens est inadmissible. Un tel comportement peut entraîner de graves conséquences, parfois fatales.

L'andrologie fait partie intégrante de la médecine de la reproduction et doit occuper une digne place dans la recherche scientifique et, plus concrètement, dans la protection de la santé, estime Alexandre Artioukhine. Dans le contexte de la crise démographique très profonde que traverse la Russie, l'évolution et le développement de l'andrologie doivent être envisagés comme une stratégie nationale dans le domaine de la reproduction de la population et de la planification des familles.

Le patrimoine génétique russe

Une étude sur le patrimoine génétique russe vient d'être réalisée. L'hétérogénéité de la population de souche russe a été mise en évidence à cette occasion, rapporte le site annews.ru.

Des chercheurs russes du Centre scientifique médico-génétique de l'Académie de médecine russe, ainsi que des généticiens estoniens et britanniques ont procédé à une étude du patrimoine génétique russe. Ils sont parvenus à suivre la logique du développement de la formation de l'ancienne Russie, de l'époque préhistorique à Ivan le Terrible. Ils ont décelé une grande hétérogénéité de la population russe autochtone.

L'étude a porté, préférentiellement, sur les habitants des villages et des petites villes, afin de minimiser la probabilité d'une interaction avec des populations ayant migré dans un passé récent. De plus, les participants à cette enquête ne devaient avoir aucun lien de parenté entre eux remontant à moins de trois générations.

Il en ressort que "l'ethnie" russe repose, génétiquement, sur deux composantes: la population autochtone de la Russie méridionale et de la Russie centrale est proche des autres peuples de langue slave, tandis que les habitants du Nord du pays sont proches de la population autochtone de la Finlande et de la Suède septentrionale. Toutes ces ethnies ont des gènes communs avec les habitants de la Sibérie. Mais les gènes mongoloïdes, répandus parmi les habitants de la Sibérie, ne se retrouvent pas chez les Russes septentrionaux et leurs "parents" scandinaves. Par conséquent, notent les chercheurs, l'opinion selon laquelle il y aurait eu un fort apport génétique tatar et mongol chez les Russes à la suite des invasions tataro-mongoles se trouve réfutée.

Le patrimoine génétique des Biélorusses, des Ukrainiens et des Polonais ne diffère que très peu de celui des Russes. D'où la conclusion que c'est au centre de la Russie, en Ukraine, en Biélorussie et en Pologne que se trouvaient les premières populations slaves. De là est partie la vague "méridionale" de conquête des terres voisines où vivaient d'autres peuples. La population de l'ancienne Novgorod provient de la vague "septentrionale" des Slaves, affirment les généticiens, et cela constitue également une des causes de l'originalité du patrimoine génétique russe septentrional.

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