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Baïkal/ Arctique/ météo

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Le programme Mir de recherche dans le Baïkal encore plus important en 2009

Le second volet, prévu pour cette année, du programme scientifique visant à explorer le lac Baïkal au moyen des sous-marins de poche Mir sera encore plus important que le premier, réalisé en 2008 (*). Les chercheurs se disent très intéressés par les hydrocarbures (pétrole et hydrates de gaz) provenant des profondeurs du plan d'eau, rapporte RIA Novosti.

Le programme scientifique de la seconde campagne d'exploration du Baïkal au moyen des engins de plongée Mir sera, cette année, encore plus riche que celui de 2008, a déclaré à la mi-décembre Mikhaïl Slipentchouk, responsable du groupe de sociétés Metropol, qui finance ce projet, et président du Conseil de tutelle du Fonds d'aide à la préservation du Baïkal. L'académicien Mikhaïl Gratchev, de l'Institut de limnologie de l'Académie des sciences russe, est revenu, à l'issue d'une réunion du Conseil scientifique de ce Fonds, sur quelques-uns des principaux résultats de l'expédition 2008.

Mikhaïl Gratchev a rappelé que lors du premier volet de cette exploration sous-marine, de juillet à septembre dernier, ses collègues et lui-même s'étaient intéressés principalement aux "phénomènes pétroliers naturels" qui se déroulent dans le lac. En certains points du plan d'eau, en effet, des hydrocarbures remontent à la surface.

Selon les scientifiques, il s'agit d'un pétrole qui se forme à partir de déchets organiques se trouvant au fond du lac. "Il nous semble, a précisé Mikhaïl Gratchev, que ce pétrole se forme actuellement, sous nos yeux, à partir de déchets se trouvant à quelque 2 ou 3 kilomètres de profondeur. Cela présente un grand intérêt dans le cadre du problème global du mécanisme de la formation du pétrole".

Lors de la campagne d'étude du Baïkal en 2008, les scientifiques sont parvenus à localiser les points où le pétrole remonte à la surface, notamment dans la région du cap Gorevoy Utes. Il se forme au total, selon eux, environ 4 tonnes de pétrole par an. Le fond du lac est parsemé de failles et fractures par lesquelles passe le pétrole. Ce pétrole est ensuite absorbé par des microorganismes vivant dans le Baïkal, ce qui fait qu'il ne se diffuse pas dans le reste du plan d'eau et demeure localisé.

Les chercheurs demeurent divisés quant à l'origine du pétrole. Un premier groupe penche pour l'hypothèse selon laquelle le pétrole aurait une origine organique (il se formerait à partir de déchets d'animaux et de végétaux), tandis qu'un second penche pour une origine minérale - le pétrole proviendrait d'une synthèse s'opérant dans la nature à partir de combinaisons inorganiques.

Mikhaïl Gratchev a ajouté que son équipe s'était également intéressée au problème de la formation des hydrates de gaz, qui sont des combinaisons de méthane et d'eau se formant sous une pression élevée, dans les profondeurs du lac.

Les profondeurs du Baïkal ont étonné les scientifiques par la richesse du monde animal : divers microorganismes, un puissant plancton, des vers plats, des amphipodes, des poissons et autres habitants des eaux profondes forment un milieu biologique et écologique exceptionnel. Ainsi, à une profondeur de 130-140 m, les plongeurs ont découvert une nouvelle variété d'éponge - une éponge bleu ciel (ces animaux sont habituellement verts ou blancs). Les chercheurs sont incapables d'expliquer le pourquoi de cette couleur. La vie s'est avérée particulièrement intense à proximité des lieux d'où sortent le pétrole et le gaz. Ces endroits feront l'objet d'une étude approfondie.

Evoquant le lien entre le financement de cette expédition et son contenu scientifique, Mikhaïl Slipentchouk a noté que la majeure partie des moyens financiers avait été dépensée en 2008. Mais cela ne conduira pas à une réduction du programme scientifique en 2009, a-t-il affirmé. "Nous avons planifié au total 7,5 millions de dollars pour un programme de deux ans, a-t-il dit. Le programme est déjà financé à 80%, l'argent ayant été dépensé pour préparer l'infrastructure, la base matérielle, les barges, les grues, les cabines, le contrat avec la compagnie de navigation, l'achat du mazout, les dépenses pour le personnel. Il nous reste à financer en 2009 les salaires et le rapatriement des Mir. Moins d'argent sera dépensé, mais le programme scientifique sera plus important."

La compagnie Metropol est pour l'instant la seule à assurer la charge financière de cette expédition. D'aucuns aimeraient bien que soient impliqués dans cette aventure d'autres fonds privés (des négociations sont en cours avec le Fonds du Prince Albert II de Monaco, lequel souhaiterait effectuer une plongée à bord d'un Mir), ainsi que des fonds publics (le ministère des Ressources naturelles et la Commission de la Douma chargée de l'utilisation de la nature ont promis leur aide, mais sans la concrétiser pour l'instant).

(*) L'an dernier, les sous-marins de poche Mir-1 et Mir-2 ont effectué 52 plongées, atteignant une profondeur maximale de 1.608 m. Le programme d'exploration Mir prévoit au total 160 plongées sur deux ans. L'origine du Baïkal, apparu il y a quelque 25 millions d'années, demeure une énigme. Long de 636 km, il recèle environ 23 000 kilomètres cubes d'eau douce, soit 20% des réserves d'eau douce de notre planète et 90% de celles de la Russie.

Le nucléaire pour extraire des hydrocarbures ?

Les responsables russes du nucléaire souhaitent promouvoir leurs technologies dans l'Arctique et développer des installations de forage sous-marines nucléaires. Un projet contesté par les écologistes, relève le site bellona.ru.

Un rapport de Bellona présenté en décembre à Mourmansk attire l'attention sur les risques que pourrait faire courir l'utilisation du nucléaire dans les mers arctiques afin d'alimenter en énergie les installations nécessaires à la production d'hydrocarbures.

Au début des années 90 du siècle dernier, lorsque les nécessités politiques ont imposé la destruction rapide de la flotte nucléaire russe de sous-marins, la question s'était posée d'utiliser les sous-marins militaires de troisième génération retirés du service pour transporter du fret sous la glace de la Voie arctique, et ravitailler ainsi des villes industrielles situées au-delà du Cercle polaire, rappelle le rapport de Bellona.

Ces premières tentatives de "reconversion" du matériel militaire sous-marin au profit d'une activité civile s'étaient toutefois soldées par un échec, car il avait été alors impossible (compte tenu du secret entourant ces matériels) de procéder à une évaluation du risque, évaluation nécessaire pour toute entreprise commerciale.

A la fin du XXe siècle, des gisements de pétrole et de gaz ont été découverts dans le secteur russe de l'Arctique (sur le plateau continental des mers de Kara et de Barents). Le prix du pétrole était alors très peu élevé, ce qui n'avait pas permis de planifier leur mise en valeur. L'exploitation d'un gisement dans l'Arctique requiert en effet quatre à cinq fois plus d'investissements qu'un gisement situé dans des régions plus méridionales.

Par ailleurs, les conditions climatiques et météorologiques de l'Arctique rendent pratiquement impossible l'extraction d'hydrocarbures à partir des traditionnelles plateformes de forage flottantes. Ainsi, le forage et la production de gaz naturel dans les mers de Barents et de Kara ne peuvent être assurés qu'à partir de plateformes sous-marines. C'est dans ce contexte que ces derniers temps on ne cesse de parler d'un recours au nucléaire comme source d'énergie et de la construction de centrales nucléaires flottantes.

Le président de Bellona Mourmansk, Andreï Zolotkov, estime pour sa part que si l'Etat décide de construire des sites incluant des installations énergétiques nucléaires, il doit évaluer objectivement aussi bien la composante économique de ces projets que leurs conséquences écologiques. "Et ces projets, souligne-t-il, doivent être bien compris de la population des régions où de telles constructions sont prévues. Une décision concernant les problèmes du secteur nucléaire ne doit pas avoir de répercussions pour les générations futures."

Selon les données dont nous disposons, poursuit le rapport de Bellona, le coût du MW de puissance installée pour une centrale nucléaire flottante est de 132 millions de roubles. Il serait de 250 millions pour une centrale sous-marine. Or, note le rapport, la pratique d'organisation de tels projets au cours de ces dernières années montre que le volume des investissements nécessaires est multiplié au final par 2,5 ou 3.

Les risques que présentent des installations de forage sous-marines incluant des installations énergétiques nucléaires sont importants, estime le rapport. Ces risques peuvent être liés aux particularités de l'exploitation d'un tel complexe, au comportement de l'équipage, aux conditions climatiques et météorologiques de l'Arctique, aux déchets radioactifs et au combustible usé précédemment noyés dans la région, ainsi qu'à la tentation que pourraient avoir des terroristes de s'en prendre à de telles installations.

L'organisation Bellona considère que l'exploitation du plateau continental de l'Arctique est liée en elle-même à de multiples risques écologiques, sans compter qu'aucun pays au monde ne possède d'expérience de travail dans de telles conditions. Ces risques se trouveraient sensiblement accrus si l'on devait recourir à l'énergie nucléaire. En cas d'accident, il serait ainsi extrêmement difficile (voire impossible) d'en éliminer les conséquences. Dans ce contexte, estime Bellona, la composante économique de tels projets semble bien peu convaincante.

Un superordinateur pour les services météorologiques

Les Services météorologiques russes bénéficient désormais pour leurs prévisions d'un superordinateur, 10 000 fois plus puissant que la machine qu'ils possédaient précédemment, rapporte RIA Novosti.

Le montage du superordinateur du Rosguidromet (Service fédéral de l'hydrométéorologie) est achevé depuis la mi-décembre. Cette nouvelle machine permettra d'améliorer la précision et la durée des prévisions, de mieux étudier les changements climatiques globaux.

Le coût du projet a été de 25 millions de dollars. Le superordinateur du Rosguidromet sera, au niveau mondial, la deuxième plus puissante machine de ce type au service de l'hydrométéorologie. La précision des prévisions en sera améliorée. Il sera possible de fournir des prévisions distinctes pour des points éloignés de trois à cinq kilomètres les uns des autres. Pour les Moscovites, par exemple, cela signifiera des prévisions "individualisées" pour les différents quartiers de la ville.

Le complexe de calcul se compose de deux clusters : un SGI Altix 4700, d'une puissance de 11 téraflops (soit 11.000 milliards d'opérations à la seconde), et un SGI Altix de 16 téraflops. Le projet "Modernisation et rééquipement technique des établissements et organisations du Rosguidromet" avait été lancé en 2005.

Un responsable du Rosguidromet avait déclaré récemment que la précision des prévisions à cinq jours serait équivalente à celle que l'on a habituellement à trois jours. Il sera possible d'avoir des prévisions probables à cinq-sept jours, contre quatre-cinq jours actuellement. Pour les prévisions à un jour, la fiabilité passera de 89 à 95 %.

Le patron du Guidromettsentr (Centre météorologique de Russie), Roman Vilfand, a qualifié ce lancement d'événement heureux pour les météorologues. Le Guidromettsentr est le principal établissement de recherche et de méthodologie du Rosguidromet dans le domaine de la prévision hydrométéorologique. Au sein du Service d'information météorologique mondiale de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), le Guidromettsentr assume les obligations internationales de la Russie concernant les échanges internationaux des prévisions et des données des observations hydrométéorologiques. Le CCM-Moscou est l'un des trois Centres météorologiques mondiaux, avec ceux de Washington et Melbourne.

Le vice-ministre russe des Ressources naturelles, Stanislav Ananiev, s'est félicité, à cet égard, que le nouveau complexe informatique permette au pays d'améliorer la qualité de ses prévisions et d'éliminer ainsi l'écart existant dans ce secteur entre la Russie et les pays d'Europe et d'Amérique.

Le patron du Rosguidromet, Alexandre Berdritski, a souligné l'apport particulier pour la Russie de ce supercalculateur. "En Russie, a-t-il indiqué, où il existe une grande diversité de conditions climatiques et météorologiques, de nombreux secteurs d'activité, notamment l'énergie, les transports, la construction, l'agriculture, les services d'entretien communaux, dépendent énormément de la qualité et du délai des prévisions météorologiques... L'effet économique que nous tirerons de ces prévisions sera de plusieurs fois supérieur aux dépenses consenties pour leur obtention. Ce nouveau supercalculateur ne constitue qu'un instrument, mais c'est un instrument nécessaire."

Il faudra compter six à sept mois pour assurer le transfert des technologies de prévisions sur le nouvel ordinateur, et un an pour que celui-ci fonctionne à son régime de croisière.

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