Autre Russie vs Russie unie

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MOSCOU, 13 avril - RIA Novosti. Cinq manifestations sont programmées pour la journée du 14 avril à Moscou. Elles ont été convoquées à la même heure par Autre Russie (opposition), les communistes, la droite, les nationalistes emmenés par Dmitri Rogozine et l'aile jeunesse de Russie unie. En ce qui concerne le parti Russie juste, de Sergueï Mironov, il tiendra une conférence à l'hôtel Izmaïlovo et réclamera le limogeage de Youri Loujkov de son poste de maire de Moscou.

Cependant, toute l'attention se portera sur le centre de Moscou, plus exactement sur la place Pouchkine où pour la première fois les partisans de deux "Russie", à savoir Russie unie et Autre Russie, pourraient se retrouver face à face. Comme on s'y attendait, les autorités municipales ont autorisé l'accès du site à la première mais pas à la seconde. Jeudi des responsables d'Autre Russie avaient confirmé qu'ils n'entendaient pas tenir leur rassemblement là où la mairie le leur avait proposé, c'est-à-dire place Tourgueniev. Les "pas d'accord" défileront comme prévu initialement jusqu'à la place Tourgueniev, mais en partant de la place Pouchkine où leurs opposants idéologiques entendent tenir leur meeting autorisé. C'est d'ailleurs le motif invoqué par la mairie pour justifier l'interdiction de la marche de l'opposition: la place Pouchkine est occupée, le mouvement pro-Kremlin Jeune garde de Russie unie y tiendra un rassemblement. Selon la mairie, les jeunes ont déposé une demande une minute plus tôt qu'Autre Russie. Les organisateurs de la "marche de ceux qui ne sont pas d'accord" se sont vu proposer un autre itinéraire, à Touchino, dans les faubourgs de Moscou. Proposition qui a été repoussée.

Interrogé par les Novye izvestia, le dirigeant du Front civique unifié (OGF), Garri Kasparov, a déclaré que pendant la marche ses partisans et lui s'efforceraient d'éviter les barrages dressés par les autorités, mais sans que l'itinéraire prévu se soit modifié pour autant. Les organisateurs de la marche misent sur la participation de cinq à sept mille personnes. Garri Kasparov a expliqué à la Gazeta pourquoi Autre Russie n'avait pas modifié ses plans malgré le danger évident d'un affrontement: "Premièrement, c'est le droit de manifester et non pas celui de tenir meeting qui est garanti par la constitution, et personne n'est habilité à l'enfreindre. Deuxièmement, à la différence de la place Pouchkine, la place Tourgueniev peut facilement être bouclée pour en interdire l'accès à une foule nombreuse". Lors de la conférence du OGF tenue jeudi à l'hôtel Izmaïlovo, les membres du comité d'organisation ont montré qu'ils étaient d'attaque. Y ont pris part les responsables au complet d'Autre Russie: le dirigeant de l'Union populaire démocratique, Mikhaïl Kassianov, le leader du Parti national-bolchevik, Edouard Limonov, Garri Kasparov. S'y est associé l'ancien conseiller du président, Andreï Illarionov. Des déclarations très radicales ont été faites dans la salle archicomble. "Les institutions de l'Etat n'ont pas connu une telle catastrophe depuis des décennies, voire des siècles", a déclaré Illarionov en ajoutant que si au début des années 1990 la Russie était comparée à la Pologne, à la Bulgarie et à la Macédoine au milieu des années 90, au moment de l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine on la comparait au Venezuela et à l'Iran. "Maintenant on nous compare au Nigeria et au Zimbabwe, parce que nous évoluons rapidement en direction du régime de Robert Mugabe", a-t-il déclaré.

L'opposition sait que pour samedi des forces de police supplémentaires ont été dirigées sur Moscou en provenance d'autres régions. Interrogé par la Gazeta, le directeur du centre de presse de la police de Moscou, Evgueni Gueldeev, a commenté ainsi ces propos des opposants: "Nous disposons d'informations selon lesquelles des gens pourraient arriver à Moscou spécialement pour prendre part à des désordres massifs. Nous demandons expressément de ne pas prendre part à des manifestations interdites", a dit Gueldeev.

En attendant, le parquet de Moscou a mis en garde Mikhaïl Kassianov et Edouard Limonov contre une participation à la "marche de ceux qui ne sont pas d'accord". Kassianov a confirmé sa présence, Limonov ne s'est pas encore prononcé.

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