Les inégalités sociales croissantes menacent l'économie russe (Gazeta.ru)

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MOSCOU, 24 juin - RIA Novosti. Près de 40% des Russes se considèrent comme pauvres et environ la moitié d'entre eux affirment n'avoir jamais vécu dans l'aisance, lit-on mardi dans le quotidien Gazeta.ru.

Les experts avancent que la part de la population vivant dans la pauvreté est en réalité deux fois moindre, et que cette évaluation portée par les citoyens sur leur propre situation est une réaction par rapport aux inégalités sociales croissantes. Mais même cette pauvreté apparente est dangereuse pour le pays.

La répartition des "pauvres" est à peu près égale dans le pays: il y a à Moscou autant de pauvreté qu'à la campagne. La situation financière ne dépend pas non plus de l'âge: 15% des jeunes et 19% des personnes âgées se considèrent comme pauvres.

"Ce chiffre est le même que dans les années 90", s'étonne Olga Kouzina, directeur général de l'Agence nationale d'études financières, commentant les résultats de ce sondage de la Fondation "Opinion publique" (FOM).

De tels résultats contredisent les statistiques attestant que les revenus des Russes augmentent. De janvier à mai 2008, les revenus réels disponibles de la population se sont accrus de 9,4% par rapport à la même période de l'année dernière, indique Rosstat (Service fédéral des statistiques d'Etat). Selon les spécialistes, le niveau réel de la pauvreté est plus bas que selon le sondage FOM, bien qu'il soit tout de même très élevé. "Selon nos estimations, 15 à 20% des habitants du pays sont pauvres", fait remarquer Mme Kouzina. Igor Poliakov, expert du Centre d'analyse macro-économique et de prévision à court terme, cite le chiffre de 18%.

Les citoyens minimisent leur niveau de vie en raison de la stratification croissante de la société. En 2005, les revenus des 10% les plus pauvres étaient 15,2 fois moins élevés que ceux des 10% les plus riches, contre 16 fois en 2006, et 16,8 fois en 2007, rappelle Igor Poliakov.

"Une grande influence est exercée par la télévision, et notamment par le culte non dissimulé de la "belle" vie. En effet, on sait par exemple que le nombre de suicides augmente non pas au moment d'une crise, mais en période d'essor. Les ambitions des gens, qui grandissent d'un jour sur l'autre, restent alors bien plus élevées que leur enrichissement réel", estime Olga Kouzina.

Mais même la pauvreté relative, et non pas absolue, représente un danger pour l'état économique et social de la société. "Ce déséquilibre est lourd de conséquences pour le pays: la population "baisse les bras" et ne voit aucune possibilité d'améliorer sa vie. Avec des citoyens qui sont désespérés, on ne voit pas comment le PIB pourrait progresser, ni comment le pays pourrait suivre une voie de développement fondée sur l'innovation", estime Dmitri Baranov, expert de Finam Management.

"L'inégalité croissante conduira au ralentissement de la croissance économique. Il n'y aura pas de développement stable de la consommation, la structure sociale entrera en stagnation. La classe moyenne ne sera pas soutenue et seuls les riches profiteront de la croissance", précise Igor Poliakov.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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