MOSCOU, 11 février - RIA Novosti. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner s'est retrouvé au centre d'un scandale provoqué par un livre qui l'accuse d'avoir rendu des services payants à des leaders africains après son arrivée à la tête du ministère des Affaires étrangères, écrit le quotidien russe Kommersant.
Intitulé Le Monde selon K., cet ouvrage a vu le jour mercredi. Son auteur, Pierre Péan, dénonce les "ambiguïtés" du diplomate et lui reproche ses activités privées en Afrique.
Selon M. Kouchner (dont la cote de popularité en France s'élève à 71%), il s'agit d'assertions "à charge, sans aucune preuve" et d'une "accusation grotesque et nauséabonde". Les partisans du ministre estiment pour leur part que le livre représente une "vengeance" du Parti socialiste que M. Kouchner a quitté en 2007 pour occuper un poste de ministre dans un gouvernement de droite.
Journaliste et écrivain, Pierre Péan est connu en France par ses enquêtes qui ont toujours provoqué un grand retentissement dans le public. Il est l'auteur d'une vingtaine de livres dénonçant la corruption dans les plus hauts échelons du pouvoir politique et les marchés douteux conclus par la France avec ses anciennes colonies africaines.
Cofondateur de l'ONG Médecins sans frontière, en 1971, M. Kouchner s'est vite imposé en tant que spécialiste des problèmes humanitaires. Il a même pris la tête du ministère de la Santé dans les gouvernements d'Edith Cresson et de Pierre Bérégovoy. M. Péan cite de nombreux témoignages des "activités privées" du ministre en qualité de consultant hautement rémunéré. Ainsi, entre 2002 et 2007, il aurait fait fortune à travers les sociétés Imeda et Africa Spes chargées d'expertiser les projets de mise en place d'un système d'assurance médicale au Gabon et au Congo.
Durant cette période, les deux sociétés appartenant à des amis de M. Kouchner ont gagné 4,7 millions d'euros. Avec l'arrivée au Quai d'Orsay, le "french doctor" n'a pas cessé de rendre des services payants, affirme M. Péan. Selon les médias français, ces services ont fait l'objet d'une facture de plus de 800.000 euros réglée par le président gabonais Omar Bongo en mars 2008.
