Les femmes et la politique: un mélange à la mode ?

© Photo Mikhail Kharlamov/ Marie Claire RussiaSvetlana Koltchik
Svetlana Koltchik - Sputnik Afrique
S'abonner
Etre politiquement actif est de nouveau en vogue. " Si nous n’exprimons pas nos désaccords, croyant encore qu’il est impossible de changer quoi que ce soit en Russie, rien ne va changer ", s’enflamme l’une de mes connaissances, Svetlana Dolya, au cours de notre conversation téléphonique la semaine dernière.

Etre politiquement actif est de nouveau en vogue. " Si nous n’exprimons pas nos désaccords, croyant encore qu’il est impossible de changer quoi que ce soit en Russie, rien ne va changer ", s’enflamme l’une de mes connaissances, Svetlana Dolya, au cours de notre conversation téléphonique la semaine dernière.

Jusqu’à récemment, tout comme nombre de ses pairs, cette élégante spécialiste en relations publiques de 29 ans " s’en foutait " (comme elle le dit elle-même) de ce qui se passait dans son pays. Sa vie personnelle et sa carrière prenaient bien trop de son temps. Mais ensuite, il y a un an, Svetlana est devenue directeur des relations publiques et du marketing de la nouvelle chaîne TV Dozhd (TVPluie) et tout a changé.

Pour la première fois depuis des années, Svetlana a regardé les nouvelles diffusées sur l’une des télévisions publiques. Et ce qu’elle a vu l’a choqué.
 " J’ai été abasourdie et terrifiée, par la façon dont ils couvraient les nouvelles, ne montrant pas ce qui se passait vraiment dans le pays ", dit Dolya.
En plus de poster des commentaires politiques sur sa page Facebook, Svetlana a participé à une marche de protestation pour la première fois dans sa vie. La manifestation en question était un meeting antifasciste qui a eu lieu à la fin du mois de décembre de l’année dernière suite aux émeutes nationalistes.

 " Je ne me suis même pas pose la question de savoir si je devais y aller ou pas, je savais que j’avais besoin d’y être. Mais jamais je n’aurais pensé que j'allais faire une chose pareille", dit-elle.

Moi non plus. Mais il semble que mon amie ne soit, en aucun cas, la seule jeune russe branchée et pleine de succès qui parle du besoin d’être plus actif socialement et politiquement. Et pas seulement parle. Il semble que prendre activement position contre la société ne soit plus limité à des posts colèriques sur Facebook et à des blogs.

Dans un article publié en février 2011 dans un numéro du magazine russe Harper’s Bazaar, Andrey Loshak, un ancien journaliste-star de NTV et maintenant un journaliste online renommé et frondeur, a écrit sur la nouvelle mode parmi les jeunes russes branchés de prendre position sur les questions de société.

“La Russie est aujourd’hui divisée en deux: ceux qui sont passivement mécontents avec ce qui est en train de se passer et ceux qui à se bouger et faire quelque chose. Les seconds sont considérés comme beaucoup plus cools", dit Ilya Zhegulvov, journaliste pour le magazine Forbes Russie.
Il me semble que ces jours-ci les femmes forment l’avant-garde d’une nouvelle tendance d’activisme social. Prenez Evghenia Tchirikova qui dirige le mouvement pour l’arrêt de la construction d’une autoroute au travers de l’ancienne forêt de chênes de Khimkiy. Cette mère de deux enfants, dénommée " la star de la politique de rue " par les médias, a réussi à émouvoir l’opinion publique au point que le président a brièvement appelé à l’arrêt de la construction.

Ou prenez Natalia Sindeeva, le fondateur et directeur de la précédemment mentionnée TVPluie, une nouvelle race de télévision pour des téléspectateurs qui impliqués dans la vie civile et dont le but est à la fois de divertir et de sensibiliser le public.

Ou Tatiana Baskova, un critique d’art, qui a organisé un important effort de secours volontaires durant les incendies mortels de l’été 2010 et qui a ensuite posté une lettre à Sergey Shoigu, tête du Ministère russe des secours d’Urgences, sur son blog Livejournal, en critiquant fortement la réponse inefficace du gouvernement à la catastrophe.

"En Russie, il est impossible d’être à l’écart, même si tu essaies d’échapper à la politique, la politique te rattrape de toute façon à la fin", dit Ekaterina Ignatova, 36 ans, mon ancien chef au journal Marie-Claire qui a quitté son emploi il y a cinq ans pour passer plus de temps à élever ses deux fils et obtenir un second diplôme.

Ignatova vit près de Kutuzovskiy prospekt, une route principale qui relie le centre de Moscou à de somptueuses communautés d’oligarques hors de la ville. Elle se plaint constamment des interruptions de circulation créés par les voitures de VIP auxquelles à qui on donne la priorité. Du coup, lorsqu’un jour des conducteurs frustrés ont commencé à klaxonner en signe de protestation, Ignatova les a rejoints avec empressement.

" La prochaine fois j’irais à une manifestation. Je pense que je suis prête pour cela maintenant ", dit-elle.

Mais est-ce qu’un nombre grandissant de jeunes conscients politiquement et socialement veut dire que finalement nous nous dirigeons vers une société civile ?

"Il semble que jusqu’à présent il s’agit principalement de bloggeurs et de journalistes qui se précipitant pour prendre position, que ce soit en écrivant ou en participant à des manifestations dans la rue", dit Svetlana Dolya de TVPluie.

Cela ressemble plus à une fête pour l’instant, ce n’est pas du calibre d’une vrai société civile. Mais on doit commencer quelque part, non ?

Discussion de femmes: Krasnaya Polyana: le nouveau rêve russe?

Discussion de femmes: Filles matérialistes ou pourquoi les femmes font du shopping

Discussion de femmes: Féminisme, un gros mot en Russie ?

Discussion de femmes: L’Age de la Distraction

Discussion de femmes: Le sang se vend mieux que le sexe

 

Discussion de femmes: La misanthropie comme sport national

Discussion de femmes: Les hommes: célibataires, prêts et voulant s’engager

Discussion de femmes: Pourquoi n’appelle-t-il pas ?

Discussion de femmes: Trop de Nouvel An

Discussion de femmes: Pourquoi nous, les femmes russes, nous nous habillons pour impressionner ?

Discussion de femmes: Dois-je rester ou partir ?

Discussion de femmes:Les hauts et les bas de l’ère des célibataires

Discussion de femmes: Pourquoi nos hommes sont-ils aussi socialement passifs?

Discussion de femmes: Le sexe comme un manuel d’utilisateur

Discussion de femmes: la recherche du mari rêvé

Discussion de femmes : Le dilemme du journaliste qui s'évade

Discussions de femmes: Les relations sont-elles devenues trop faciles ?

Discussion de femmes: « les maris au foyer »

Discussion de femmes: Les hommes russes n'existent plus…


* Svetlana Koltchik, 33 ans, est la rédactrice en chef adjointe de l'édition russe du magazine Marie Claire. Elle est diplômée de la faculté de journalisme de l'Université de Moscou et de l'Ecole de journalisme de l'Université de Columbia à New York. Elle a travaillé dans l'hebdomadaire russe Argumenty i Fakty à Moscou, le journal USA Today à Washington et a écrit pour RussiaProfile.org ainsi que pour les éditions russes de Vogue et de Forbes.

 

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала