Les femmes qui rient (mais doivent-elles faire des blagues?)

© Photo Mikhail Kharlamov/ Marie Claire RussiaSvetlana Koltchik
Svetlana Koltchik - Sputnik Afrique
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Je dois avouer que je suis une fille chroniquement drôle. J’aime rire et, parfois, faire des blagues. En réalité, je dirais même que je blague assez souvent. Je ne peux pas m’en empêcher.

Je dois avouer que je suis une fille chroniquement drôle. J’aime rire et, parfois, faire des blagues. En réalité, je dirais même que je plaisante assez souvent. Je ne peux pas m’en empêcher.

Mais, de temps en temps, je sens que je vais trop loin, que les blagues deviennent trop sarcastiques ou simplement que je ne peux pas m’arrêter. Et à ce moment-là, en général, je mets un bémol.
 
« Limite ton humour en public, ce n’est pas féminin que d’être trop drôle. Tu vas faire peur aux hommes. » me disait, quand j’étais jeune, ma mère qui, avec son humour direct et souvent amer, aurait pu être dans une autre vie, la version russe de Whoopi Goldberg.
 
Le devrais-je vraiment ? L’humour est-il surtout une affaire d’hommes ?
 
Les espèces adultes, mâles ou femelles, qui n’ont aucun sens de l’humour, ne se contentent pas de m’ennuyer. Je suis juste incapable de communiquer avec les gens sans humour. Les gens pas drôles me semblent de complets étrangers ne fonctionnant pas sur les mêmes fréquences que moi.
 
En règle générale, je trouve ces créatures sans humour plutôt parmi les femmes. Elles restent assises-là, mortellement sérieuses, attendant d’être distraites et ayant l’air effrayées ou pas concernées quand elles entendent une bonne blague. Mais je n’ai jamais rencontré un garçon qui n’avait pas au moins un tout petit peu, la capacité de plaisanter (même si, en comparaison avec les niveaux d’humour que déploie l’homme avec qui je suis, la plupart des autres êtres humains passeraient pour des marmottes en sommeil léthargique). En tout cas, la plupart des mâles sont capables de faire une blague ou deux par jour, voire par heure. Je pense que c’est le meilleur moyen pour les hommes de s’exprimer. C’est une façon d’attirer l’attention, d’impressionner les filles, de battre les concurrents et aussi, tout simplement, une façon de se soulager du poids de la responsabilité que la vie leur impose.
 
Certains anthropologues culturels plein d’esprit ont observé que l’humour pour les hommes est un moyen plutôt sûr de défier l’autorité de … devinez qui ? Des femmes bien sûr ! Les espèces capable de se reproduire et qui ne sont pas engluées dans la lutte pour la recherche d’identité comme certains garçons durant leur vie entière, les terrifient à mort (très profondément, c’est certain). Du coup, les hommes blaguent, blaguent et blaguent souvent de manière puérile, juste pour rester au top. Fait intéressant, les grecs anciens considéraient l’ironie comme « la gloire des esclaves » et on dit que l’humour a pour origine la moquerie face à l’autorité. Mais ne vous méprenez pas sur le sens de ce que je viens de dire.
 
Mais sérieusement, que se passerait-il si les filles blaguaient avec les garçons ? Et si les femmes magnifiques le faisaient en premier ? Deviendraient-elles immédiatement moins attirantes pour les hommes ?
 
« Elle est sublime jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche » ai-je entendu dire par des italiens de Monica Belucci, une femme dont la beauté est si exquise et si intemporelle que beaucoup, moi-même compris, la considèrent comme une déesse vivante. Intelligente ou pas (beaucoup d’observateurs insistent pour la seconde option), avec de l’esprit ou complètement fade, elle reste une déesse de toute façon. Elle n’a pas vraiment besoin d’être intelligente ou drôle. Alors que la plupart des comiques filles, peu nombreuses, ne sont pas des femmes très attirantes, à l’exception peut-être de Tina Fey du 30 Rock Show  (ironiquement, sur la couverture de son dernier bestseller, Bossypants, elle montre des bras masculins musclés et poilus), quelques unes, y compris Tina Key qui attend son second enfant cette année, parviennent à trouver un compagnon. Mais je ne pense pas que la plupart des hommes aurait le courage ou même le désir d’approcher ces femmes, mêmes si elles étaient vraiment belles.
 
En réalité, de nombreuses études révèlent que si les deux sexes aiment rigoler, les garçons ne trouvent pas les filles avec de l’esprit particulièrement sexy ou adaptées aux relations de longue durée. Ils peuvent être intrigués par la langue aiguisée de certaines femmes, mais ne vont pas forcement voir cela comme un élément attirant. Ils peuvent même se sentir menacés. Ce que les garçons trouvent attirant, c’est que les filles rient (sincèrement, en montrant autant de dents que possible, avec les larmes aux yeux et en se tenant le ventre pour qu’il n’éclate pas, etc.) à leurs propres blagues. Par exemple, une étude européenne récente a révélé que le temps qu'une femme passe a rire pendant qu’elle parle avec un nouveau garçon  influe sur le niveau de désir que cet homme aura de la revoir et indique aussi le degré d’intérêt de la femme pour sortir avec lui. Les femmes recherchent des hommes intelligents – nous croyons qu’ils vont mieux s’occuper de notre progéniture à venir. Et l’humour est une marque infaillible de ce que les scientifiques appellent « l’aptitude cognitive », un esprit aiguisé, vif et plein de ressources.
 
« Pour une femme, dire qu’un homme est drôle, c’est l’équivalent pour un homme de dire qu’une femme est jolie. En outre, l’humour est largement agressif et préemptif et ça c’est plutôt masculin non ? » dit Fran Lebowitz, une brillante auteure dont l’intelligence et indomptable esprit a dominé pendant les trois dernières décades les intelligences masculines les plus audacieuses (par ailleurs, elle est homosexuelle).
 
J’ai testé certains des plus spirituels garçons au bureau, en leur demandant s’ils se sentaient menacés par les femmes drôles. « Seulement si leur blagues deviennent trop sarcastiques, méchantes ou salaces » a été la réponse la plus communément donnée. Sinon, l’aptitude des filles à pratiquer l’humour a reçu un grand « oui ! » en particulier pour le long terme, ont-ils dit. C’est essentiel pour les garçons que nous comprenions leur plaisanteries, que nous y réagissions et quelque fois que nous y répondions (mais pas que nous nous moquions et les défions comme s’il s’agissait d’une compétition de blagues).
 
Bref nous ne devrions pas nous retenir quand nous voulons blaguer ni surtout quand nous voulons rire. Cela nous rend tout simplement plus vivantes. En plus, il se trouve que, plus l’audience, que nous sommes pour nos hommes, apprécie quand ils font des blagues, plus ils sont courageux et inspirés.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

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