Cependant, une partie non négligeable de l'opinion est opposée à la réalisation de ces projets. Dans ces pays on craint que le système AMD ne fasse l'objet d'attaques de représailles de terroristes. C'est un fait que les missiles anti-missiles n'en sont pas à l'abri.
En ce qui concerne Moscou, on sait qu'il voit d'un mauvais oeil ce plan américain. Au mois de décembre de l'année dernière le chef de l'Etat-major général des Forces armées russes, le général Youri Balouevski, avait déclaré ceci à la Gazeta Wyborcza: "Vous pouvez construire un bouclier. Seulement pensez à ce qui par la suite pourrait vous tomber sur la tête". Youri Balouïevski avait relevé qu'il ne prévoyait pas un conflit nucléaire entre la Russie et l'Occident, mais que les pays qui seront impliqués dans ce bouclier se soumettront à des risques supplémentaires.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov, a déclaré de son côté que l'implantation de missiles intercepteurs en Pologne aurait des retombées négatives sur le système de sécurité européenne. Et puis de nombreux experts russes pensent que les Etats-Unis craignent moins les pays faisant partie de l'"axe du mal" que la Russie. Aussi leur objectif véritable est-il d'intercepter les missiles balistiques russes au début de leur trajectoire.
Selon des sondages, vingt ans après le départ des troupes soviétiques de Pologne, près d'un Polonais sur trois est opposé à ce que des unités militaires étrangères soient de nouveau déployées sur le territoire national. La plupart des Tchèques ne veulent pas que des missiles antimissiles soient implantés dans leur pays.
Face à l'opposition qui se manifeste en Europe orientale, le Pentagone est contraint de se tourner vers son plus proche allié, la Grande-Bretagne, ce qui ne manque pas de susciter des appréhensions dans l'entourage du premier ministre. C'est que la cote de popularité de Tony Blair est en chute libre précisément depuis qu'il est attaché aux basques de la Maison-Blanche.