Une prise de position unique s'impose face à l'essai nucléaire de Pyongyang (politologues russes)

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MOSCOU, 11 octobre - RIA Novosti. L'essai nucléaire auquel la République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC) a procédé au cours de cette semaine a eu sans doute pour objectif d'obtenir la levée des sanctions financières américaines contre Pyongyang, ont estimé mercredi à RIA Novosti des politologues russes.

Quoi qu'il en soit, cela représente une menace directe pour la sécurité nationale de la Fédération de Russie et le régime de non-prolifération. Aussi, tous les pays intéressés doivent-ils conjuguer leurs efforts pour élaborer enfin des mesures de pressions sur la Corée du Sud, a notamment été la conclusion des participants à une "table ronde", consacrée aux essais nucléaires en RDPC.

Le chef du Centre de sécurité internationale à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO), Alexeï Arbatov, a retenu, quant à lui, deux principes sur lesquels doit reposer l'unité des pays participant aux négociations avec la Corée du Nord sur le problème nucléaire.

Tout d'abord, a indiqué M. Arbatov, on doit "abandonner toutes les conversations sur la nécessité de changer de régime" en Corée du Nord.

Ensuite, a poursuivi l'expert, il est parfaitement nécessaire de permettre à Pyongyang de développer son propre nucléaire civil sous le contrôle international le plus sévère.

M. Arbatov propose d'appliquer à la RDPC le modèle de la RSA pour régler le problème nucléaire. Et de rappeler que l'Afrique du Sud a créé six munitions nucléaires et leurs vecteurs pour les liquider par la suite, tout en conservant cependant son programme nucléaire civil.

Evoquant les négociations à six associant les diplomates de la Fédération de Russie, des Etats-Unis, de la RDPC, de la République de Corée, de la République populaire de Chine (RPC) et du Japon, négociations suspendues depuis la fin de l'année dernière, le politologue a supposé qu'"en réalité, pas un seul de ces pays n'avait aspiré à l'objectif principal qu'est l'arrêt du programme nucléaire de la Corée du Nord".

Et d'expliquer que les Etats-Unis et le Japon tenaient plutôt à remplacer le régime en place en RDPC; la Corée du Sud s'employait à ne pas admettre l'impact du programme nucléaire de la Corée du Nord sur le développement des rapports économiques entre les deux Etats coréens; la Russie et la Chine essayaient, de leur côté, d'empêcher une action militaire des Etats-Unis contre Pyongyang.

Vassili Mikheïev, chef du Secteur de la Chine et du Japon à l'IMEMO, membre correspondant de l'Académie des Sciences de Russie, a supposé, pour sa part, que la RDPC s'est décidée à des essais nucléaires dès que les Etats-Unis ont bloqué les comptes en banques étrangères de la famille du leader nord-coréen Kim Jong-il.

Selon M. Mikheïev, le comportement de Pyongyang "représente une menace directe pour la Russie, pour l'Extrême-Orient russe. Aussi, Moscou doit-il changer de politique à l'égard de la RDPC". Il est nécessaire d'élaborer tout un système de sanctions à l'égard de la Corée du Nord, est persuadé le politologue.

Et d'ajouter: "Si Pyongyang constate que tous les pays sont unanimes et prêts à agir, il pourra bien changer de politique".

Quoi qu'il en soit, a-t-il dit, il est peu probable que les événements évoluent de la sorte. Tout porte à croire que le scandale sera étouffé peu à peu et que tout restera comme avant.

Or, a averti M. Mikheïev, le comportement de la RDPC peut bien pousser les pays voisins, y compris le Japon, à travailler sur leur propre programme nucléaire.

Ce serait alors la fin du régime de non-prolifération, a mis en garde Alexeï Arbatov.

D'après le directeur des Projets d'information au Centre d'études politiques en Russie, Daniil Kobiakov, l'essai nucléaire en RDPC est une "très grave défaite essuyée par la communauté internationale dans ses tentatives de préserver le régime de non-prolifération".

Pour la Russie, a-t-il dit, non seulement la course aux armements nucléaires dans les pays voisins qui représenterait le danger, mais aussi le déploiement du système ABM américain dans la région. C'est justement en cela que le politologue russe perçoit les éventuelles conséquences négatives des essais nucléaires en Corée du Sud.

Néanmoins, est l'avis d'Alexandre Vorontsov, chef du Secteur de la Corée et de la Mongolie à l'Institut d'études orientales de l'Académie des Sciences de Russie, des sanctions contre la Corée du Nord, "c'est une voie qui ne mène nulle part", et qu'il faut tout simplement d'engager la RDPC dans la coopération internationale.

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