Opération "Temara" à Sumatra

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DJAKARTA, 4 novembre - RIA Novosti. Temara, une orang-outan âgée de 14 ans, a été amenée dans un centre de réhabilitation de l'île de Sumatra. L'animal sera prochainement relâché dans la jungle de l'immense île, a appris RIA Novosti au ministère indonésien de l'Economie forestière.

Temara, tout comme ses parents, est née et a vécu au zoo de la ville australienne de Perth. Elle n'a jamais vu la jungle et elle n'a aucune notion de ce qu'est la recherche de la nourriture. En guise d'arbres elle n'a jamais eu rien d'autre qu'une cage. Ses repas lui étaient servis par des employés du zoo. Voilà pourquoi avant d'être livrée à elle-même elle doit suivre un stage de réhabilitation.

Le zoo de Perth est le leader mondial en matière de reproduction des orangs-outans en captivité avec 25 naissances enregistrées depuis 1970.

Le mot orang-outan en indonésien signifie "homme de la forêt" et les spécialistes sont presque unanimes à dire que ces animaux sont les plus intelligents des primates.

Les employés de zoo, des personnes qui côtoient quotidiennement diverses espèces de singes, vous le confirmeront.

"Donnez un tournevis à un chimpanzé, il le refilera à un autre. Si vous le confiez à un gorille, celui-ci tentera de se dévisser quelque chose. Mais si l'instrument tombe entre les pattes d'un orang-outan, il s'en servira pour tenter de sortir de la cage", dit l'un d'eux.

Selon une légende circulant parmi les Indonésiens, les orangs-outans avaient appris à parler, mais ils sont d'une intelligence telle qu'ils avaient rapidement abandonné cette mauvaise habitude de peur de se voir contraints de travailler.

A propos, dans cette légende il pourrait y avoir une bonne part de vérité. Au début de l'année 2004, des paléoanthropologues du département des ressources minérales de Thaïlande ont découvert dans le nord-est du royaume les restes pétrifiés d'un orang-outan qui avait vécu voici sept ou huit millions d'années et se rapportait à une sous-espèce jusqu'ici inconnue. Il se distinguait par un larynx particulièrement développé, ce qui pourrait signifier que ces animaux conversaient entre eux.

Cette année, Carel van Scheik, un anthropologue de l'Université de Zurich, a stupéfié ses collègues en déclarant que les orangs-outans étaient des animaux civilisés étant donné qu'eux seuls sont capables d'innovations immédiatement assimilées par les autres membres de la communauté et ensuite transmises à la génération suivante.

Cette espèce de grands primates unique en Asie (tous les autres vivent en Afrique) risque fortement de disparaître de la surface de la Terre d'ici à 20 ans. "A l'heure actuelle les réserves dans la partie indonésienne de l'île de Bornéo sont peuplées par quelque 35.000 orangs-outans alors qu'on en recense que 7.000 dans l'île de Sumatra.

Mille et un dangers menacent les orangs-outans: abattage illicite des arbres, remplacement, tout à fait légal lui, des forêts par des plantations, incendies de forêt, etc. Mais le péril le plus redoutable, il vient des braconniers. Certes, l'exportation et la vente des orangs-outans sont prohibées par la Convention sur le commerce international des espèces de faunes et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), mais cela n'arrête pas les criminels. C'est qu'en Indonésie le prix d'un bébé orang-outan varie de 10 à 1.000 dollars (10 sur le lieu de la capture), hors des frontières du pays on peut en retirer jusqu'à 50.000 billets verts. Mais le plus terrible ici, c'est qu'en capturant le jeune singe, les braconniers tuent sa mère. Ensuite, en règle générale trois jeunes singes sur quatre meurent au cours de leur transfert.

Durant sa vie (50 ans en moyenne) une orang-outan ne met au monde que trois petits seulement. Ici l'intelligence de cette espèce de singe joue contre elle: de sept à dix ans sont nécessaires pour élever un individu jusqu'à ce qu'il soit parfaitement à même de vivre une existence autonome.

Des orangs-outans semi-sauvages vivent dans la réserve de Boukit-Tigapula, dans le centre de réhabilitation où se trouve maintenant Temara qui n'a jamais vu la jungle. Le dernier orang-outan sauvage, il y avait été observé en 1830, aujourd'hui la population de la réserve se monte à une cinquantaine d'individus relâchés et de leurs descendants.

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