Proche-Orient: impréparation des Etats-Unis à régler le problème (expert)

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La poursuite du conflit israélo-palestinien affaiblit énormément les positions américaines au Proche-Orient, mais, pour le moment, les Etats-Unis ne sont pas prêts à régler ce problème, a estimé mardi dans une interview à RIA Novosti le politologue russe Sergueï Rogov.
MOSCOU, 30 janvier - RIA Novosti. La poursuite du conflit israélo-palestinien affaiblit énormément les positions américaines au Proche-Orient, mais, pour le moment, les Etats-Unis ne sont pas prêts à régler ce problème, a estimé mardi dans une interview à RIA Novosti le politologue russe Sergueï Rogov.

Le règlement politique de la crise au Proche-Orient demandera de très sérieux efforts tant de la part de l'administration américaine que du président des Etats-Unis, George W. Bush, lui-même, a estimé Sergueï Rogov, directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada de l'Académie des Sciences de Russie.

"Le président devrait finalement faire pression sur Israël pour que celui-ci fasse des concessions, aussi minimes soient-elles. Quoi qu'il en soit, il est très peu probable que dans les conditions actuelles George W. Bush possède effectivement un tel capital politique", a supposé l'expert.

Et de faire remarquer qu'à l'heure actuelle, la campagne électorale présidentielle a pratiquement démarré aux Etats-Unis, alors que la diplomatie proche-orientale des Etats-Unis a son cycle bien déterminé.

"Quand une nouvelle administration américaine arrive au pouvoir, elle se met à étudier le problème pour proposer par la suite son plan de règlement auquel Israël commence tout de suite à résister jusqu'à l'époque des nouvelles élections aux Etats-Unis, et toutes les forces politiques du pays s'engagent dans une compétition pour le titre de meilleur partisan d'Israël", a expliqué Sergueï Rogov.

A son avis, l'actuelle situation aux Etats-Unis rappelle la quatrième étape de ce cycle.

"Le règlement de la situation au Proche-Orient est très peu probable à présent", a estimé le politologue. Par contre, a-t-il poursuivi, tout porte même à croire que la "politique du pire" pourrait y être choisie.

"Une guerre civile peut, par exemple, éclater en Palestine entre les partisans du Fatah, d'une part, et ceux du Hamas, de l'autre. Une guerre civile est tout aussi probable au Liban", a fait remarquer Sergueï Rogov.

"Je le qualifie de principe de Chesterton (écrivain anglais) qui avait autrefois exposé une idée très convaincante selon laquelle il est beaucoup plus facile de cacher un cadavre sous un amoncellement d'autres corps inanimés sur un champ de bataille que n'importe où ailleurs. On observe aujourd'hui une situation similaire au Proche-Orient où la confrontation arabo-israélienne a dominé jusqu'ici, mais le conflit irakien avance à présent de plus en plus au premier plan, alors que l'opposition entre les sunnites et les chiites s'aggrave à son tour. Si l'on ajoute à tout cela une guerre civile entre les Palestiniens, le fait que le conflit arabo-israélien n'est toujours pas réglé ne sera même plus interprété comme une très grande tragédie", a précisé l'expert.

Or, on ne voit pas encore quelle décision a été adoptée par l'administration Bush.

"Dans les quelques mois qui viennent, il reste encore une possibilité pour sortir par des moyens politiques de l'impasse dans laquelle les Etats-Unis se sont retrouvés. Pourtant, le temps passe très vite, et dans quelques mois, les événements pourront échapper à tout contrôle", estime le directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada.

Ce disant, il a tenu à rappeler qu'à l'époque de la "guerre froide", tout conflit régional était considéré comme une confrontation globale entre l'Union Soviétique et les Etats-Unis.

"Nous avons alors soutenu une partie, et les Américains - l'autre. Quoi qu'il en soit, le conflit arabo-israélien a ses propres racines. Aussi, la fin de la confrontation soviéto-américaine n'a-t-elle pas réglé automatiquement le conflit palestino-israélien", a souligné l'expert.

"Aujourd'hui si même l'Amérique et la Russie s'en entendent, il serait très difficile d'imposer leur solution aux gens dans la bande de Gaza ou dans les colonies de peuplement juives en Cisjordanie du moment que tous ces gens se battent pour leur terre", a relevé Sergueï Rogov.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, se rend mardi aux Etats-Unis où, lors de ses négociations bilatérales, avec la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, et dans le cadre des réunions du Quartette de médiateurs internationaux pour le règlement au Proche-Orient, il sera question de la situation dans cette partie du monde et des voies à emprunter pour régler le conflit.

Le Quartette de médiateurs internationaux pour le règlement au Proche-Orient regroupe les Etats-Unis, la Fédération de Russie, l'Union européenne et l'Organisation des Nations Unies.

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