Deux pragmatistes trouveront plus facilement un langage commun

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MOSCOU, 19 février - RIA Novosti. Les perspectives de la coopération russo-française seront meilleures si Nicolas Sarkozy devient président français, a estimé dans une interview à la Nezavissimaïa gazeta, Georges Sokoloff, conseiller au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII).

Selon ce dernier, si les relations économiques de la France avec la Russie se politisent quand même, ce sera plutôt par la faute de Ségolène Royal. La raison en est, d'après le professeur des universités, M. Sokoloff, qu'historiquement, les socialistes "n'aiment pas" la Russie. Au début, c'était sans doute un effet de la vieille concurrence entre les socialistes en France, d'une part, et les communistes en Union Soviétique, de l'autre. Plus tard, Boris Eltsine est arrivé au pouvoir et s'est entouré d'oligarques. Et les socialistes n'avaient rien en commun avec de tels "ultralibéraux", selon Georges Sokoloff. A en juger d'après les dernières déclarations de Ségolène Royal, elle n'hésitera pas à critiquer Moscou pour ses crimes en Tchétchénie et des violations des droits de l'homme, suppose l'expert. Quoi qu'il en soit, ces arguments moraux invoqués par Mme Royal n'auront sans doute pas d'impact sérieux sur le travail en Russie de Total ou d'autres sociétés françaises. Toujours est-il que le marché restera le facteur principal. Pour ce qui est de Nicolas Sarkozy, il ne s'ingérera pas dans les affaires des entreprises françaises en Russie, est persuadé le professeur Sokoloff.

Il estime que le patriotisme et le pragmatisme sont des traits distinctifs tant de Nicolas Sarkozy que de Vladimir Poutine. Et c'est déjà une plate-forme permettant de trouver un langage commun, a-t-il ajouté. Mais il en va tout à fait autrement avec Mme Royal. Il serait évidemment prématuré d'essayer de deviner qui fera justement partie de son équipe. Comme le conseiller au CEPII l'a dit dans son interview à la Nezavissimaïa gazeta, le "Pacte présidentiel" que la candidate à la présidence française a présenté à Villepinte le 11 février dernier lui a rappelé le premier discours de politique extérieure de Boris Eltsine qui avait promis d'avoir des relations d'amitié avec la Chine, le Japon, l'Amérique et l'Europe, avec l'Afrique... Bref, rien de concret. Georges Sokoloff ne pense pas, non plus, que Nicolas Sarkozy pratique une politique proaméricaine.

Quand on s'est mis à qualifier Sarkozy de "néoconservateur américain avec un passeport français", a poursuivi l'expert, ce dernier s'est montré capable de dire carrément aux Américains des choses fort désagréables. Les propos qu'il a, par exemple, tenus ces derniers temps à l'endroit de Washington, et notamment au sujet de la guerre en Irak, ne sont pas au fond si éloignés des évaluations faites par Vladimir Poutine dans son récent discours retentissant de Munich. D'après Georges Sokoloff, Nicolas Sarkozy aura sans doute pour priorité essentielle le développement et la croissance économique de la France, ainsi que la conquête de marchés extérieurs. Pour le bien de la France, il coopérera avec la Russie sans que des préventions politiques quelconques puissent l'arrêter. Et dans cette coopération, il s'appuiera sur les milieux des affaires. Mais qui a dit que les hommes d'affaires français ne veulent pas investir en Russie?, s'est interrogé le professeur Sokoloff.

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