Russie-Japon: le litige des îles Kouriles éclipsé par les échanges économiques (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 28 février - RIA Novosti. En examinant le problème des "territoires du Nord", les Japonais ont abandonné le chantage économique qui leur était propre. Le sort de l'archipel des Kouriles du Sud dont le Japon conteste l'appartenance russe n'a plus d'incidence sur la politique d'investissement de Tokyo et des entreprises japonaises en Russie.

Mardi dernier, lors de la visite d'une délégation gouvernementale russe dans le pays du Soleil levant, le ministre japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, Akira Amari, a annoncé au ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Viktor Khristenko, que Rosneft venait de proposer aux compagnies japonaises de prendre part à la construction d'une grande raffinerie de pétrole sur la côte pacifique de la Russie. La nouvelle raffinerie aura une capacité de 20 millions de tonnes de pétrole par an, le coût des travaux de construction étant estimé à 5-7 milliards de dollars. Les deux hommes n'ont pas manqué d'examiner cette proposition, a précisé le service de presse du ministère russe de l'Industrie et de l'Energie.

Il y a encore quinze ans, les orgueilleux Japonais auraient rejeté une telle proposition. A l'époque, ils conditionnaient leurs investissements en Russie par le règlement du problème des "territoires du Nord", à savoir de l'archipel des Kouriles du Sud qui est passé à l'URSS après la Seconde Guerre mondiale. Tokyo refuse jusqu'à présent de reconnaître la souveraineté russe sur lesdites îles. Toutefois, depuis quelques années, ce différend n'envenime plus les relations économiques et commerciales entre les deux pays. Aujourd'hui, les tentatives de Tokyo de l'aborder lors des visites officielles sont perçues plus comme un hommage à la conjoncture politique intérieure que comme le souci réel de trouver une solution au problème. Qui plus est, le Japon s'est hissé ces dernières années parmi les principaux partenaires commerciaux de la Russie dans la région d'Asie-Pacifique, et il en sera de même dans un proche avenir vu les besoins croissants en hydrocarbures russes.

Le chiffre d'affaires des échanges entre les deux pays progresse activement au fil des dernières années, en dépit des problèmes politiques, en passant d'environ 6 milliards de dollars en 2003 à 13,7 milliards en 2006.

"La politique et la fierté nationale sont une chose, l'argent et le profit en sont une autre", explique le directeur de l'Institut d'économie (Académie russe des sciences), Rouslan Grinberg, interrogé par la Nezavissimaïa Gazeta. "Le dossier des "territoires du Nord" au Japon connaît de temps à autre des périodes d'aggravation qui coïncident avec les élections, ce qui est logique, car, autrement, il serait difficile de garantir la victoire politique. Mais l'évolution économique est toujours parallèle aux processus politiques, qu'elle ne croise que très rarement. Donc, nous ne pouvons pas nous passer les uns des autres", résume le chercheur.

"La Russie ne restituera pas les îles Kouriles aux Japonais, et ils le comprennent fort bien, constate l'analyste de la compagnie financière Megatrust Oil, Alexandre Razouvaïev. Vu cette circonstance, les entreprises japonaises sont on ne peut plus pragmatiques et envisagent toute coopération sous un jour exclusivement économique et non politique."

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