La Russie et l'Europe pourraient régler ensemble les "conflits gelés" (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 6 mars - RIA Novosti. L'Union européenne et la Russie ont aujourd'hui des problèmes communs. A Moscou et à Bruxelles, l'attitude envers le plan Ahtisaari pour le Kosovo diffère de celle adoptée par Pristina et Washington. On peut constater que la Russie ne se presse pas de profiter du précédent du Kosovo pour reconnaître l'indépendance des républiques autonomes postsoviétiques.

Deux enclaves situées à proximité des frontières de la Russie - l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud qui aspirent à être séparées de la Géorgie - peuvent considérer le Kosovo comme un précédent bienvenu. La Transnistrie et le Nagorny Karabakh, dont le statut est également incertain, n'en sont pas non plus très loin. Mais la Russie n'est pas prête à soutenir leur indépendance, car elle n'a pas d'intérêts économiques importants dans ces régions et qu'elle paierait ce soutien par de graves conflits avec ses voisins.

Qui plus est, la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo met en question la légitimité des actions de Moscou en Tchétchénie, dont l'attitude envers Moscou était pour beaucoup, au début des années 90, semblable aux rapports entre le Kosovo et la Serbie.

Bruxelles ne se hâte pas non plus de donner un avis définitif, se rendant compte que cela pourrait aboutir à l'apparition d'un Etat déficient aux frontières de l'Union européenne. L'Europe voudrait de même éviter l'aggravation du problème de la Corse et de la Catalogne, en France et en Espagne. La Belgique s'est heurtée elle aussi à la perspective d'une séparation, même pacifique, en Flandre et Wallonie.

Dans cette situation, il serait plus utile d'essayer de régler sur une base unique le problème de tous les territoires au statut incertain qui se trouvent dans les "zones de responsabilité" de l'UE et de la Russie et de reporter le règlement "définitif" de la question de leur structure d'Etat à 20 ou 30 ans.

Premièrement, il s'agirait d'un premier cas de coopération positive entre l'UE et la Russie dans le domaine politique, ce dont elles ne pourront se passer à l'avenir. Deuxièmement, il y aurait un précédent de règlement de ce problème, purement européen en fait, à l'intérieur de la "grande Europe", sans intervention des Etats-Unis ou de l'ONU, dont l'intéressement au règlement réel de la question est minimal. Enfin, l'Europe manifesterait son désir de participer au jeu politique global, sans quoi son identité politique restera longtemps encore incertaine.

(Vladislav Inozemtsev, directeur du Centre d'étude de la société postindustrielle).

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