Poutine place Washington devant un sérieux dilemme (Gazeta)

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MOSCOU, 13 juin - RIA Novosti. "L'Union soviétique lance une nouvelle initiative de paix". Rares sont ceux qui se souviennent aujourd'hui de cette phrase incontournable des bulletins d'information de l'époque. Les dirigeants soviétiques n'en finissaient pas d'avancer des initiatives de paix qui visaient moins à apaiser les tensions dans le monde qu'à mettre l'administration américaine dans une situation délicate. L'URSS proposait, par exemple, de détruire un certain nombre d'ogives nucléaires, les Américains refusaient, et cela permettait à Moscou de démontrer avec conviction d'où émanait la menace à la paix.

Cette phrase a refait surface dans les esprits quand Vladimir Poutine a proposé aux Américains d'intégrer dans leur bouclier antimissile le radar de Gabala en Azerbaïdjan. Certains prétendent que le président russe aurait déjà formulé son initiative lors d'un entretien téléphonique avec George W. Bush datant de fin avril. Mais Washington l'aurait rejetée: elle brouillait le jeu des Américains qui auraient préféré l'oublier. Quand cette proposition a été formulée publiquement, à haute voix, au vu et au su du monde entier lors du sommet du G8, elle a aussitôt été interprétée comme une "initiative de paix" à la soviétique. Un journaliste occidental l'a même comparée à une prise de judo réussie de Vladimir Poutine.

En rejetant la proposition russe, les Américains dévoilent leurs cartes. S'ils veulent réellement se défendre contre des missiles iraniens, ils n'ont besoin que du radar de Gabala et de plusieurs missiles intercepteurs quelque part dans le sud (Vladimir Poutine a cité la Turquie et l'Irak). Aujourd'hui, Washington doit résoudre un problème difficile, autrement dit justifier la nécessité d'établir des bases de défense antimissile en Pologne et en République tchèque. Le département d'Etat est en plein désarroi: en effet, les Américains ont déjà entamé les discussions avec les Polonais et les Tchèques, ils les ont encouragés, et ils hésitent maintenant à tourner casaque. Quoiqu'il en soit, l'administration républicaine sera très prochainement amenée à expliquer aux démocrates et aux alliés européens pourquoi elle s'oppose au projet Gabala. Tôt ou tard, la Maison Blanche devra reconnaître qu'elle préfère surveiller les lancements de missiles provenant de Russie.

Alors sonnera l'heure de vérité. Les Etats-Unis ne font pas confiance à la Russie et, comme pendant la guerre froide, ils n'excluent pas l'éventualité d'un conflit nucléaire mondial qui opposerait Russes et Américains. La Russie considère également les Etats-Unis comme un ennemi potentiel et prépare des réponses "adéquates mais asymétriques" aux défis américains. D'où les nouvelles "initiatives de paix" du Kremlin et les nouveaux projets de "guerre des étoiles" de la Maison Blanche. Reste à espérer une nouvelle "détente".

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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