"Cette disposition de Moscou est une nouvelle fois attestée par la proposition du président russe aux Américains de mettre en place une défense antimissile (DAM/ABM) conjointe avec la Russie", a indiqué le sénateur, commentant la récente rencontre informelle entre les présidents de la Fédération de Russie et des Etats-Unis.
Intervenant lors d'une conférence de presse à l'issue de ce sommet informel russo-américain dans la ville de Kennebunkport (Maine), Vladimir Poutine a dit que la Russie était prête à élargir le cercle des pays luttant contre les menaces globales, et que le Conseil conjoint permanent (CCP) Russie-OTAN constituait un terrain idéal pour une telle coopération.
Le chef de l'Etat russe a proposé à ces fins de créer à Moscou et dans un des pays d'Europe des centres d'échange d'informations sur les tirs de missiles. Il a aussi réitéré sa proposition antérieure de partager avec les Etats-Unis la station radar de Gabala, exploitée à présent par la Russie en Azerbaïdjan pour alerte antimissile immédiate. Qui plus est, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie était prête à moderniser le radar de Gabala. La Russie n'exclut pas non plus l'utilisation dans le cadre de cette coopération les installations d'alerte immédiate antimissile actuellement construites dans le sud de la Russie, près de la ville d'Armavir.
Selon Mikhaïl Marguelov, ces initiatives de Moscou témoignent de sa victoire politique.
"L'heure de vérité a sonné de sorte que les propositions explicites du leader russe n'admettent pas de réponse floue du leader américain et ce, d'autant plus qu'il faudra y répondre ouvertement, devant l'ensemble de la communauté internationale, très attentive aux déclarations d'un tel niveau", a souligné le sénateur russe.
Cela dit, le président du Comité pour les Affaires internationales de la Chambre haute du parlement russe a tenu à rappeler qu'à la veille de cette rencontre des présidents des Etats-Unis et de la Fédération de Russie, la presse du monde entier abondait en publications renfermant une sorte d'"arrêt de mort" des relations russo-américaines.
"En fonction du tempérament des journalistes, il s'agissait dans ces publications du point le plus bas des relations russo-américaines depuis ces vingt dernières années, d'une coopération limitée et même d'une nouvelle "guerre froide". Quoi qu'il en soit, George W. Bush a invité Vladimir Poutine à venir dans sa résidence familiale, et le président russe a accepté cette invitation certes pas pour échanger des piques", a poursuivi le sénateur.
Selon ce dernier, ce sommet informel russo-américain ne fait que confirmer une fois de plus que ce genre de déclarations de la presse sont souvent trop primitives, alors que la réalité est beaucoup plus compliquée.
Si la proposition du président Poutine concernant l'ABM est acceptée, toutes les discussions sur la nature des relations russo-américaines ne tarderont pas à finir, est persuadé Mikhaïl Marguelov.
"Et ce, pour cette simple raison que la mise en place conjointe d'un système de sécurité entend justement un authentique partenariat stratégique dont on a beaucoup parlé autrefois, plutôt prématurément, tant chez nous qu'aux Etats-Unis", a relevé en conclusion le sénateur russe.
