Les Serbes du Kosovo prêts à déclarer leur indépendance s'ils sont séparés de la Serbie (Petkovic)

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PRISTINA, 14 septembre - RIA Novosti. Les Serbes du Kosovo se disent prêts à déclarer l'indépendance de tous les territoires serbes situés au Kosovo, si Pristina prononce unilatéralement l'autonomie de la province, a indiqué vendredi à RIA Novosti le président du Parti démocratique serbe (SDP) du Kosovo, Slavisa Petkovic.

"Si l'indépendance du Kosovo est proclamée unilatéralement sans résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, notre réaction sera la suivante: d'abord nous nous retirerons simultanément de toutes les structures de pouvoir du parlement et du gouvernement du Kosovo. Ensuite, nous déclarerons automatiquement l'indépendance de tous les territoires serbes à l'intérieur du Kosovo", a-t-il déclaré.

L'unique ministre serbe du gouvernement kosovar, chargé du retour des réfugiés et des communautés ethniques dans trois différents gouvernements, avait remis sa démission le 28 novembre 2006, devant "l'impossibilité d'assurer [ses] fonctions" dans une situation où manquait la "coopération attendue de la part des organes internationaux et de l'administration temporaire des Nations unies au Kosovo", avait-il alors fait savoir.

Selon le président du SDP, sitôt l'indépendance du Kosovo unilatéralement proclamée, les Serbes créeront leurs propres gouvernement et parlement, après quoi ils attendront la réaction des Albanais du Kosovo et de la communauté internationale.

"Personne ne peut proclamer l'indépendance du Kosovo par la force, et personne ne peut nous obliger à vivre dans un Kosovo indépendant", a-t-il souligné.

Il serait entièrement naturel et normal que Belgrade soutienne une telle décision, a-t-il déclaré, ajoutant que le modèle de construction étatique pour les territoires serbes du Kosovo et leurs liens avec la Serbie pourraient être déterminés par la suite.

Slavisa Petkovic rejette catégoriquement l'idée d'une division du Kosovo, dont parlent certains hommes politiques en Serbie et au-delà de ses frontières (pour que la partie nord du Kosovo, principalement peuplée de Serbes, soit laissée à la Serbie et la partie restante aux Albanais du Kosovo).

Il s'agit selon lui "d'une variante absolument inacceptable, car les Serbes vivent sur l'ensemble du territoire du Kosovo-Métohija, et pas seulement au nord."

"Le Kosovo a toujours été une terre serbe et doit le rester", a-t-il répété.

Interrogé sur un éventuel boycott par les Serbes des élections législatives du 17 novembre prochain au Kosovo, M. Petkovic a indiqué qu'il ne fallait pas laisser passer une possibilité de s'exprimer, ajoutant que s'ils ne reconnaissaient pas les élections au Kosovo, cela signifierait qu'ils ne reconnaissent pas le Kosovo comme faisant partie de la Serbie. Selon lui, cette question du boycott influence directement la situation des Serbes au Kosovo. Participer à un gouvernement ou siéger au parlement garantit de toujours pouvoir défendre ses électeurs et d'avoir une influence sur le pouvoir.

Près de 130.000 Serbes vivent actuellement au Kosovo, auxquels viennent s'ajouter 220 à 230.000 Serbes kosovars vivant en dehors du territoire autonome.

La présence de ministres serbes dans le prochain gouvernement du Kosovo est une question d'accords politiques (avec la partie albanaise), a laissé entendre l'interlocuteur de l'agence. Traditionnellement, deux ministères reviennent aux Serbes du Kosovo, les réfugiés et l'agriculture.

"Mais je pense que c'est insuffisant pour les Serbes, pour que nous puissions nous défendre et faire valoir nos intérêts politiques", a souligné M. Petkovic.

Selon lui, une coopération avec les Albanais kosovars est tout à fait possible et même nécessaire. Serbes et Albanais communiquent tous les jours et trouvent de nombreux points de contact, hormis sur les questions d'indépendance.

"La question du statut du Kosovo aurait dû être réglée à la table des négociations. Au départ, il aurait fallu s'y asseoir tous et poser ainsi le problème: au regard des relations albano-serbes au Kosovo-Métohija, des relations mutuelles entre les Serbes et les Albanais qui y vivent, pouvons-nous dès lors vivre ensemble et le voulons-nous? Si oui, alors comment imaginons-nous que cela puisse se passer. Ce sont des choses qui auraient dû être décidées avant tout", estime-t-il.

Concernant l'aide que les Serbes du Kosovo attendent de la Russie, M. Petkovic a répondu qu'il attendait avant tout que "la politique extérieure russe ne recule pas là où on parle de conservation et de défense du droit international, de principes et de frontière internationales reconnues des Etats souverains". Il a enfin précisé que Moscou les avait aidés l'année passée à reconstruire des villes où les réfugiés ont pu rentrer, et que les églises, monastères et autres monuments serbes au Kosovo ne faisaient pour l'instant l'objet d'aucune menace.

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