Derrière la crise en Birmanie, une rivalité énergétique entre les grandes puissances (Kommersant)

S'abonner
MOSCOU, 27 septembre - RIA Novosti. Le Conseil de sécurité de l'ONU ne sait plus comment réagir face à la répression des manifestations antigouvernementales de masse par les autorités birmanes. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France appellent à sanctionner le régime de Rangoon, tandis que la Chine et la Russie considèrent la situation en Birmanie (également appelée le Myanmar) comme une affaire intérieure. Selon des experts, une chute du régime militaire birman porterait atteinte aux intérêts chinois et russes.

L'attention soutenue accordée par les grandes puissances mondiales au sort du régime militaire birman n'étonne qu'au premier regard: ce pays d'Asie du Sud-Est a une grande importance stratégique, en particulier pour la Chine. Dans les années à venir, la Birmanie doit devenir l'élément clé du système de sécurité énergétique chinois: ses réserves de gaz prospectées sont évaluées à 2.460 milliards de mètres cubes, et celles de pétrole brut à 3,2 milliards de barils. Les principales compagnies pétrolières chinoises CNPC, Sinopec et CNOOC bénéficient de gros contrats pour la production et la mise en valeur de gisements d'hydrocarbures en Birmanie. Mais l'accord, signé en janvier dernier entre CNPC et le ministère birman de l'Energie, portant sur la construction d'un oléoduc de 2.380 km entre le port en eau profonde de Sittwe et la ville chinoise de Kunming, est encore plus important. En avril, la commission chinoise pour le développement et la réforme a approuvé le déblocage de plus d'un milliard de dollars pour la construction d'un gazoduc parallèle censé transporter près de 56 milliards de mètres cubes de gaz par an. La construction de ces deux conduits permettra aux tankers venant du Moyen-Orient et d'Afrique de décharger leurs hydrocarbures directement à Sittwe et d'éviter ainsi de passer par l'étroit détroit de Malacca. C'est la raison pour laquelle les dirigeants chinois ménagent depuis longtemps le régime birman: Pékin ravitaille la Birmanie en armes et, selon certaines informations, envisage même d'y installer une base navale.

La Russie a elle aussi des intérêts économiques dans ce pays d'Asie du Sud-Est. En mai dernier, Atomstroyexport a signé un accord sur la construction d'un centre d'études nucléaires en Birmanie. Les compagnies russes Zarubezhneft, Itera et Silver Wave Sputnik Petroleum (liée aux dirigeants de la république russe de Kalmoukie) mènent leur prospection d'or noir sur le plateau continental birman. En 2001, la Birmanie a acheté 15 chasseurs russes MiG-29 (près de 150 millions de dollars) et poursuit actuellement des pourparlers avec Rosoboronexport sur la construction d'un système de défense aérienne sur la base des missiles Tor-M1 et Bouk-M1-2.

"Si des forces démocratiques arrivent au pouvoir, tout porte à croire qu'elles s'orienteront sur les Etats-Unis. Et si les intérêts de Pékin semblent garantis par une énorme diaspora chinoise et la proximité des frontières, Moscou n'a pas à espérer poursuivre la coopération au même niveau", a estimé Alexeï Kiritchenko, spécialiste de la Birmanie à l'Institut des pays d'Asie et d'Afrique auprès de l'université Lomonossov de Moscou.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала