Henry Kissinger optimiste quant au partenariat russo-américain

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La Russie et les Etats-Unis resteront des partenaires stratégiques dans d'importants domaines tels que la non-prolifération des armes nucléaires et la lutte antiterroriste, a estimé jeudi à New York l'ex-secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger.
NEW YORK, 19 octobre - RIA Novosti. La Russie et les Etats-Unis resteront des partenaires stratégiques dans d'importants domaines tels que la non-prolifération des armes nucléaires et la lutte antiterroriste, a estimé jeudi à New York l'ex-secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger.

"Il ne faut pas avoir peur de nos contradictions. Si vous regardez au-delà de la rhétorique habituelle de la presse qui court après les sujets à sensation, vous verrez qu'il s'agit du début d'un dialogue constructif", a-t-il affirmé lors d'une conférence d'investisseurs, commentant les relations entre Moscou et Washington.

En dépit de "certaines tensions", la Russie et les Etats-Unis sont sur le point d'ouvrir une nouvelle page de leur coopération, a-t-il souligné.

"Dans sa politique étrangère, la Russie joue aux échecs, et non aux cartes. Elle a une vision stratégique des problèmes que nous avons tendance à considérer comme une succession d'épisodes", a estimé M. Kissinger.

Agé de 84 ans, Henry Kissinger conserve une autorité incontestée dans les relations internationales. Prix Nobel de la paix, il a contribué à régler la crise des missiles de Cuba, fut l'un des pères de la "détente" des années 1980 et témoin du démembrement de l'URSS. La Maison Blanche a souvent recours de manière directe ou indirecte à ses recommandations à court et moyen terme.

L'ex-secrétaire d'Etat américain a reconnu que les deux puissances avaient chacune des complexes et qu'en les ignorant, elles ne pouvaient se comprendre. Les Etats-Unis se sont sentis capables, dans les années 1970-1980, de "décider seuls du sort de l'humanité". Pour la Russie, il s'agit d'un sentiment de défaite historique lié à la disparition de l'URSS, a relevé M. Kissinger.

"Les Etats-Unis ont commis trop d'erreurs dans des domaines qui touchent profondément la Russie", a souligné M. Kissinger, en référence au Kosovo, à l'Ukraine et au déploiement du bouclier antimissile américain en République tchèque et en Pologne. Dans ce contexte, il a salué "l'initiative très constructive" du Kremlin qui avait proposé d'examiner avec Washington la possibilité d'une coopération en matière de défense antimissile.

De leur côté, les Etats-Unis sont "irrités" par la prise de position russe sur le dossier nucléaire iranien, mais la Russie, comme Washington, souhaite éviter l'élargissement du club des puissances nucléaires, a-t-il estimé.

"Géopolitiquement, la Russie a fait un bond de 300 ans en arrière dans son histoire, en revenant à ses frontières occidentales du temps de Pierre le Grand", a-t-il souligné, expliquant ainsi l'agitation de Moscou face aux processus qui se déroulent à ses frontières. C'est pourquoi, à son avis, l'OTAN ne devrait pas admettre l'Ukraine dans ses rangs, sans pour autant la considérer comme un satellite russe.

Le diplomate a par ailleurs appelé à ne pas dramatiser les réactions du Kremlin que les médias occidentaux considèrent comme un défi belliqueux lancé par Moscou.

"La Russie mène sa politique à la russe, pas toujours en douceur. Mais elle devrait pour sa part comprendre que les Etats-Unis ne peuvent pas non plus se libérer de leurs aspirations messianiques. Cela fait partie de notre système", a-t-il constaté.

Et d'avouer que, depuis deux ans, il était devenu beaucoup plus optimiste quant aux perspectives de coopération entre les deux pays.

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