Démission de Larijani: un mystère qui en dit long (Novye Izvestia)

S'abonner
MOSCOU, 22 octobre - RIA Novosti. Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran et principal négociateur sur le dossier nucléaire iranien, a démissionné de son poste. Javier Solana, Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, aura pour interlocuteur à la rencontre prévue mardi à Rome le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Saïd Jalili. C'est lui qui remplacera également Ali Larijani au poste de secrétaire du Conseil de sécurité iranien.

Selon les déclarations officielles de Téhéran, Ali Larijani aurait lui-même demandé sa démission, car il souhaitait depuis longtemps passer dans d'autres sphères de l'activité de l'Etat. Permettons-nous d'en douter.

La démission du secrétaire du Conseil de sécurité iranien est intervenue trois jours après le départ de Vladimir Poutine de Téhéran, ce qui n'est certainement pas fortuit. La visite historique du président russe à Téhéran, présentée par la majorité de nos médias d'Etat comme une manifestation éclatante de l'amitié russo-iranienne et comme un pied de nez à l'Occident perfide avait, en réalité, un sens bien plus profond.

En fait, le bilan de la visite du président Poutine n'a été commenté que par un seul homme en Iran: Ali Larijani. Il a mentionné publiquement une "idée singulière" qui aurait été exposée par Vladimir Poutine à Téhéran et que l'Iran était déjà "en train d'étudier". Ali Larijani n'a pas caché son attitude positive envers cette "idée". Sa démission ne lui a pas permis de développer ce sujet. Cela veut dire que les dirigeants iraniens n'ont pas accepté cette "idée". Quelle est son essence? Des sources dans les milieux diplomatiques européens avancent la version suivante, que l'auteur de ces lignes est enclin à partager.

Les Etats-Unis ont laissé entendre à Moscou que le déploiement de la défense antimissile en Pologne et en République tchèque pourrait être reporté si l'Iran abandonnait son cycle nucléaire. Si l'Iran inquiète vraiment l'Amérique, raison avancée pour le déploiement de la défense antimissile, et si Téhéran n'a pas vraiment l'intention de se doter de la bombe atomique, alors Moscou fait aux deux parties une proposition prometteuse: l'Iran reçoit des Européens la technologie du cycle nucléaire complet sous les garanties diplomatiques de Moscou. En outre, Moscou construira toutes les centrales nucléaires dont l'Iran a besoin. En échange, Washington ajourne à 2015 au moins le déploiement de la défense antimissile en Europe et s'engage à ne pas lancer une opération militaire à l'égard de l'Iran. Telle est, selon ces sources, l'essence de "l'idée singulière" énoncée ces jours-ci par la Russie à Téhéran. Les interlocuteurs iraniens ont promis d'y réfléchir.

Mais ils n'ont pas réfléchi longtemps. La démission d'Ali Larijani est probablement la réponse de Téhéran qui, primo, ne fait pas entièrement confiance à la Russie, secundo, ne fait confiance à personne et, tertio, croit définitivement au caractère inéluctable d'un conflit avec les Etats-Unis, ce qui est de loin le plus alarmant.

Auteur: Boris Iounanov, commentateur international.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала