Géorgie: Saakachvili cède à la pression des opposants (SYNTHESE)

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Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a annoncé jeudi une élection présidentielle anticipée le 5 janvier 2008 en cédant indirectement aux revendications de l'opposition hostile à la tenue parallèle des législatives et des présidentielles en automne 2008.
TBILISSI, 9 novembre - RIA Novosti. Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a annoncé jeudi une élection présidentielle anticipée le 5 janvier 2008 en cédant indirectement aux revendications de l'opposition hostile à la tenue parallèle des législatives et des présidentielles en automne 2008.

"Pour la deuxième fois consécutive, j'accepte de plein gré de raccourcir mon mandat, et je le fais puisque la Géorgie est un pays démocratique", a-t-il déclaré dans une allocution télévisée à la nation.

Deux jours après la répression violente d'une manifestation de l'opposition au centre de Tbilissi, le chef de l'Etat a indiqué qu'il donnait à l'opposition "une chance de démontrer sa force".

La précédente élection présidentielle a eu lieu le 4 janvier 2004. Selon la Constitution, le mandat d'un président dure pendant cinq ans. Plus tôt, M. Saakachvili proposait au parlement d'amender la Constitution pour organiser l'élection présidentielle suivante en automne 2008, un an avant l'expiration de son mandat et parallèlement aux élections législatives.

Dans son discours à la nation, M. Saakachvili a expliqué son initiative d'anticiper l'élection présidentielle par les "pressions" exercées sur le pays.

"J'ai besoin que vous me donniez un mandat certain qui permettrait de faire face aux pressions sur le pays et aux tentatives d'annexion de nos territoires", a affirmé le président géorgien.

M. Saakachvili s'est dit persuadé que la Géorgie connaîtrait le 5 janvier prochain l'élection présidentielle la plus démocratique et transparente de son histoire et a appelé les organisations internationales à envoyer en Géorgie un nombre maximal d'observateurs.

Parallèlement à l'élection présidentielle, M. Saakachvili a proposé d'organiser un plébiscite sur la date des élections législatives.

"Je veux qu'on ne s'interroge plus sur la date des législatives. Je veux organiser un plébiscite parallèlement à la présidentielle pour que le peuple décide lui-même quand organiser les élections législatives, au printemps ou en automne 2008", a souligné le chef de l'Etat.

Le président a également promis d'annuler dans les prochains jours l'état d'urgence qu'il avait instauré mercredi soir après que la police antiémeute eut violemment dispersé une manifestation de l'opposition en faisant au moins 508 blessés.

"Nous lèverons l'état d'urgence dans les prochains jours, car la situation se stabilise vite, et nous supprimerons entièrement les restrictions sur les actions des différents groupes politiques", a-t-il dit.

REPRESAILLES DIPLOMATIQUES

En réponse à l'expulsion de trois diplomates russes par Tbilissi, la Russie a déclaré personae non gratae trois hauts fonctionnaires de l'ambassade de Géorgie à Moscou. Selon le porte-parole de la diplomatie russe Mikhaïl Kamynine, les diplomates géorgiens se sont vu prescrire de quitter le territoire russe dans les plus brefs délais.

Mercredi, le ministère géorgien des Affaires étrangères a annoncé l'expulsion de trois diplomates russes: le ministre conseiller Ivan Volynkine, le conseiller Piotr Solomatine et le troisième secrétaire Alexandre Kourenkov.

Les autorités géorgiennes ont accusé la Russie d'avoir organisé les manifestations massives de l'opposition à Tbilissi. "Ce n'est qu'une tentative des autorités géorgiennes de cacher leur impuissance dans le règlement des problèmes intérieurs", a rétorqué M. Kamynine.

"La Russie est de plus en plus préoccupée par la situation des droits de l'homme en Géorgie", a poursuivi le porte-parole de la diplomatie russe.

"L'arbitraire policier, l'usage de la force excessive à l'égard des manifestants, les arrestations d'opposants et de militants des droits de l'homme, l'interdiction des médias indépendants, le passage à tabac de journalistes étrangers, y compris russes, ne sauraient être qualifiés autrement que de violations graves et massives des droits de l'homme et des libertés fondamentales", a souligné M. Kamynine.

Dans ce contexte, la Russie a exigé de punir les responsables du passage à tabac des journalistes russes constaté pendant la dispersion de la manifestation. En outre, Moscou s'est dit prêt à défendre les ressortissants russes qui vivent en Abkhazie et en Ossétie du Sud.

La Russie a également espéré que la communauté internationale, y compris les structures de l'ONU, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe chargées de défendre les droits de l'homme, s'exprimeraient sur l'hostilité des dirigeants géorgiens envers la dissidence pacifique, sur la répression musclée de l'opposition et sur l'escalade sans précédent des pressions contre la société civile.

REACTION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

L'OTAN a estimé jeudi que l'introduction de l'état d'urgence en Géorgie était contraire aux valeurs euro-atlantiques.

"L'introduction de l'état d'urgence et la suspension des émissions de plusieurs médias en Géorgie, qui est un partenaire avec lequel l'OTAN poursuit un dialogue intense, suscitent une préoccupation particulière et contredisent les valeurs euro-atlantiques", a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, dans un communiqué.

L'OTAN a appelé toutes les parties au conflit à éviter la violence. "Toutes les parties devraient faire preuve de retenue, éviter la violence et agir en conformité avec la loi", a souligné M. de Hoop Scheffer.

Deux rapporteurs de la commission de suivi de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), Matyas Eörsi et Kastriot Islami, sont attendus en Géorgie pour une visite extraordinaire du 9 au 11 novembre, a annoncé le service de presse de l'APCE. Ils comptent étudier la situation sur le terrain et rencontrer des représentants des autorités officielles, de la majorité parlementaire et de l'opposition ainsi que plusieurs ambassadeurs accrédités en Géorgie et des responsables des médias.

Mercredi dernier, la police antiémeute géorgienne a dispersé plusieurs milliers de manifestants rassemblés dans le centre de Tbilissi. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène, de balles en caoutchouc, de matraques et de canons à eau en blessant au moins 508 personnes. Des unités des forces armées ont été introduites dans la capitale.

En annonçant une "tentative de coup d'Etat", le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a décrété l'état d'urgence sur tout le territoire national pour une période de 15 jours.

Parallèlement, il a limité l'application de plusieurs articles de la Constitution relatifs à la liberté de la presse, à l'interdiction de la censure et aux droits des manifestations et des grèves. Plusieurs radios et chaînes de télévision ont vu suspendre leurs émissions.

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