L'Union européenne s'est abstenue lors du vote de la résolution, soumise par la Russie et visant à condamner toutes les formes de racisme. Les Etats-Unis, engagés contre le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale, ont motivé leur décision en invoquant la "défense des droits et des libertés", a déclaré l'ambassadeur russe à l'ONU Ilia Rogatchev.
"Les Américains recourent à une explication très simple, et selon nous complètement infondée, en invoquant la défense de la liberté d'expression. Selon eux, protester contre les marches néofascistes, les défilés de vétérans SS et le démontage des monuments soviétiques revient en substance à violer la liberté d'expression", a déclaré M. Rogatchev dans une interview à la radio de l'ONU.
La résolution ne revêt pas un caractère obligatoire, mais elle constitue cependant un signe fort pour les gouvernements et les organisations non-gouvernementales.
Le document adopté se fait l'écho d'une "grande préoccupation suite à la glorification du nazisme, à l'élévation de mémoriaux et à l'organisation de manifestations pronazies". La recrudescence du racisme et du néonazisme dans certains pays ainsi que le regain d'activité des skinheads, dont les cibles sont les citoyens d'autres origines ethniques, nationalités et religions, sont également mentionnés.
Les gouvernements sont appelés à adopter des mesures plus efficaces de lutte contre le néonazisme contemporain.
L'Assemblée générale se dit " extrêmement préoccupée par la glorification du mouvement nazi et des anciens membres de la Waffen-SS, qui se traduisent par l'inauguration de monuments et de mémoriaux" et l'organisation de défilés de même teneur.
Le document ne mentionne pas les pays visés, mais la Russie a à plusieurs reprises condamné la révision du rôle historique des SS par des pays tels que l'Estonie et la Lettonie.
Sont également cités la Charte et le verdict du Tribunal de Nuremberg qui ont proclamé le caractère criminel de la Waffen-SS et reconnu ses membres coupables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
L'ONU a également soutenu la Russie dans la "guerre des monuments" qui oppose Moscou à certains Etats de l'ex-URSS, désireux de porter atteinte aux mémoriaux à la gloire des soldats soviétiques.
"Les tentatives de profanation, de destruction, de démontage et de transfert de monuments élevés à la gloire des combattants du fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale et le transfert des restes de ces soldats", provoquent une vive inquiétude au sein de l'ONU, affirme le document.
Le document rappelle les obligations de la Convention de Genève, que certains tentent de remettre en cause en ce début de XXIe siècle.
La Russie, où les personnes au faciès non-slave sont la cible d'attaques fréquentes, n'est elle-même pas exempte de crimes à caractère raciste.
Entre le 1e janvier et le 30 septembre 2007, au moins 230 agressions à caractère raciste visant 409 personnes ont été commises. 46 victimes sont décédées. Sur la même période l'année dernière, 180 agressions ayant fait 401 victimes (41 décès) ont été commises.
Moscou (37 morts, 216 blessés), Saint-Pétersbourg (5 morts, 73 blessés), et Nijny-Novgorod (1 mort, 34 blessés) sont les principaux foyers de violence raciste en Russie.
