Le contentieux russo-ukrainien s'étend à la mer Noire (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 20 juin - RIA Novosti. Le ministère russe des Affaires étrangères a exigé de Kiev l'arrêt de l'exploitation de certains gisements de pétrole et de gaz sur le plateau continental de la mer Noire en raison du caractère incertain de leur statut juridique, lit-on vendredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Kiev a répondu que les travaux en cours s'effectuaient sur des secteurs appartenant à la zone de compétence ukrainienne. Selon les experts, Moscou compte obtenir un instrument de pression en cas d'opposition de l'Ukraine à la construction dans ses eaux du gazoduc South Stream, qui doit passer par le fond de la mer Noire.

Cependant, la valeur économique des secteurs litigieux est pour le moins douteuse. "Il s'agit surtout de politique, estime Alexandre Sobianine, directeur du service de planification stratégique de l'Association de coopération transfrontalière. En entamant une activité économique sur les secteurs au statut juridique incertain, l'Ukraine tente d'y tracer, de facto, la frontière. Dans ce cas, il s'agit d'une question de principe et les réserves de pétrole ou de gaz qui s'y trouvent n'ont pas d'importance".

"L'extraction annuelle sur ces secteurs peut atteindre un million de tonnes de pétrole par an, fait remarquer Svetlana Savtchenko, chef du département des projets d'investissement de la compagnie 2K Audit - Delovye konsoultatsii. L'Ukraine consomme environ 15 millions de tonnes de pétrole par an, dont plus de 70% sont importés. Evidemment, il est impossible de parler de réduction de la dépendance énergétique grâce aux réserves de ces secteurs".

La majorité des experts sont unanimes à estimer que ce problème est politique pour les deux pays, qui s'en tiennent à leurs positions de principe. "Si la question des prix pour les livraisons de gaz est un atout de la Russie dans toutes ses divergences avec l'Ukraine, cette dernière a également ses arguments et ses méthodes de pression, estime Mme Savtchenko. Une campagne éventuelle contre le gazoduc South Stream qui doit passer par le fond de la mer Noire pourrait être un de ces moyens. On peut citer également de possibles obstacles à l'adhésion de la Russie à l'OMC". C'est pourquoi il n'est pas exclu que Moscou puisse mettre l'accent sur le problème du plateau continental pour se prémunir contre l'apparition de réclamations de la part de Kiev envers le South Stream. Il pourrait s'agir, par exemple, de réclamations écologiques, à l'instar de celles avancées au gazoduc Nord Stream qui doit passer par le fond de la Baltique et qui suscite actuellement l'opposition farouche des pays baltes et de la Pologne.

"Les problèmes énergétiques deviennent aujourd'hui politiques, par conséquent, tous les moyens sont bons pour les régler", indique Sergueï Pravossoudov, directeur de l'Institut russe de l'énergie nationale. Mais le problème peut parfaitement être réglé s'il y a de la bonne volonté, surtout compte tenu de l'expérience acquise ces dernières années. La situation autour des gisements du plateau continental de la Caspienne était analogue. Mais les secteurs litigieux d'hier sont actuellement exploités en commun par des compagnies de la Russie et du Kazakhstan, et tout le monde est content".

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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