Conflit en Ossétie: la Russie mal engagée dans la bataille de l'information (Vedomosti)

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MOSCOU, 11 août - RIA Novosti. La Russie devra bientôt enterrer ses soldats et les civils tués en Ossétie du Sud, guérir les plaies du corps et de l'âme des réfugiés et des militaires, reconstruire les maisons et les infrastructures détruites, mais une tâche non moins importante l'attend: prouver son bon droit, au sens large du terme, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti.

Quelles que soient les conséquences de l'opération terrestre, ses conséquences dans l'interprétation des principaux médias du monde, dans la compréhension des leaders de la planète et dans la conscience des simples citoyens sont claires: les autorités russes ont permis à Tbilissi de remporter une guerre éclair sur les ondes.

Pour gagner la guerre de l'information, aussitôt après les premiers tirs sur Tskhinvali, Moscou aurait dû constituer et envoyer dans la région un groupe le plus représentatif possible de journalistes étrangers, sous une escorte russe. Il fallait donner tout de suite la parole aux représentants de la mission de l'OSCE en Ossétie du Sud qui auraient confirmé les données sur les destructions et les victimes parmi les civils et les soldats de la paix. Les tirs des unités géorgiennes sur les civils et les forces de maintien de la paix constituent une violation grossière du droit international, et les coupables doivent comparaître devant un tribunal international. Mais les chaînes officielles russes ont évoqué le caractère inapproprié de Mikhaïl Saakachvili et de ses contacts avec les Etats-Unis, ce qui est d'emblée parfaitement évident.

Prenant la décision de renforcer les forces de maintien de la paix sur le territoire du pays voisin, il fallait la rendre publique et l'expliquer du point de vue des procédures du droit international.

Même si l'interprétation de la partie russe aurait semblé insatisfaisante pour certains, elle aurait au moins été présente dès le début sur les ondes. Elle aurait été citée ensuite par tous les médias mondiaux. La présence sur les ondes d'une information est aussi importante que son contenu.

Beaucoup de temps a été perdu, mais la Russie peut encore retourner en sa faveur la bataille de l'information. Pour cela, il faut passer rapidement à l'offensive dans les médias. Il faut publier beaucoup d'interviews et présenter inlassablement la position russe sur tous les problèmes majeurs. Il faut parler des actions de l'armée géorgienne au début des hostilités, prouver la légitimité de la participation de contingents supplémentaires de l'armée russe dans la zone du conflit, parler du droit de la Russie de renforcer le contingent de maintien de la paix, de l'envergure de la catastrophe humanitaire et de la violation des accords internationaux par Tbilissi.

En outre, les dirigeants russes doivent stopper l'afflux de volontaires et retenir les têtes brûlées prêtes à transformer l'opération, qui vise à contraindre la Géorgie à la paix, en guerre de grande envergure contre un Etat voisin. Enfin, il faut éviter à tout prix que se produise quelque chose semblable à la campagne antigéorgienne de l'automne 2006. Il faut éviter de donner à Tbilissi une chance de présenter le conflit avec Moscou comme une confrontation entre la Russie et le monde civilisé.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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