Ossétie du Sud: la Russie s'est appuyée sur l'expérience occidentale (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 13 août - RIA Novosti. Moscou semble avoir bien retenu toutes les leçons qui lui ont été données par les grandes puissances ces dernières années, lit-on mercredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

En lançant une attaque contre Tskhinvali, la Géorgie n'a pas compris à quel point elle se trompait en misant sur l'absence de réponse militaire de la part de la Russie. Celle-ci s'est déroulée précisément selon les canons élaborés par les pays occidentaux en Yougoslavie, au Timor oriental et en beaucoup d'autres endroits du monde.

Deuxièmement, pour la première fois Moscou ne s'est pas contenté de parler "d'intervention humanitaire", mais l'a réalisée dans la pratique. La Russie a enfin compris que cette doctrine occidentale, qui suscite tant de critiques et de railleries dans le pays, peut être utilisée à son avantage. Avec les déclarations de Medvedev sur les actions visant à contraindre la Géorgie à la paix, on est loin des promesses faites à l'ennemi de le "buter jusque dans les chiottes", qui avaient résonné à un moment donné dans la bouche des dirigeants russes. Nous avons assisté à une intervention humanitaire bien organisée par la partie russe, et renforcée par des références au mandat donné en son temps par l'ONU aux forces de paix.

Troisièmement, la Russie a agi dans le cadre de la doctrine de l'action préventive, si appréciée des Américains. Même les attaques contre les sites militaires géorgiens loin de la zone du conflit, qui ont tant irrité le monde occidental, sont tout à fait justifiées, car elles ont concerné des objectifs qui pouvaient être utilisés pour attaquer les forces russes. Cette logique reproduit le schéma des opérations militaires d'Israël contre le réacteur nucléaire irakien en 1981, et contre la Syrie en 2007. Les Etats-Unis ont éprouvé cette stratégie en Irak en 2003 et voudraient bien la mettre en pratique à l'heure actuelle à l'égard des sites nucléaires iraniens.

C'est la première fois que la Russie agit "à l'occidentale": elle est restée dans les limites du mandat accordé par l'ONU à ses soldats de la paix (contrairement à 1999, quand le pays avait transféré ses soldats de la paix de Bosnie au Kosovo) et a accompli précisément sa mission. Moscou a affirmé clairement le caractère humanitaire de ses actions et son droit de neutraliser les positions de tir de l'adversaire, s'il résistait à l'opération visant à le contraindre à la paix. Il ne reste aux Etats-Unis qu'à reconsidérer leur théorie préférée établissant que les pays démocratiques ne se comportent jamais en agresseurs.

La Russie a retenu de nombreuses leçons, qu'elle avait d'abord fait semblant de ne pas remarquer. Ce fait donne de l'espoir. En outre, il n'y a aucune raison de croire que le président Medvedev subira l'influence des "siloviki" (représentants des structures de force), comme l'estiment plusieurs experts. Le recours à la force là où elle est nécessaire (notamment pour la protection des civils) ne témoigne que du bon sens du nouveau président.

Par Vladislav Inozemtsev, directeur du Centre d'étude de la société postindustrielle.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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