L'Europe ne semble pas opposée à une nouvelle guerre froide avec la Russie (Vedomosti)

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MOSCOU, 2 septembre - RIA Novosti. Le sommet extraordinaire de l'UE qui s'est tenu hier constitue une nouvelle tentative de l'Union pour réviser ses relations avec la Russie, mais l'Europe répète chaque fois la même erreur: elle se limite à l'ordre du jour actuel sans tenir compte des perspectives à long terme, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

On peut donner à ce propos quantité d'exemples éloquents, tels que les propositions d'annuler les négociations sur un nouvel accord de partenariat et de coopération, qui n'a rien à avoir avec un vrai dialogue économique et politique, ou encore les initiatives visant à bloquer l'adhésion de la Russie à l'OMC, qui tombe en ruines par la faute de ses pays membres.

On peut relever deux positions essentielles. La "nouvelle Europe" estime que la Russie a toujours été un agresseur et que si elle devient plus puissante, elle lancera une offensive générale pour rétablir son empire. Du point de vue la "vieille Europe", il faut être prudent avec Moscou pour ne pas rester sans carburant ni électricité. La seconde est plus pragmatique, mais, en fait, elle non plus ne voit pas dans la Russie un pays européen.

De cette façon, les deux Europe ne sont pas contre une nouvelle guerre froide avec la Russie. L'une est prête à y foncer tête baissée, l'autre voudrait un retour aux années 70-80, où la guerre n'affectait pas les livraisons de pétrole et de gaz en provenance de l'URSS. Mais la situation n'est plus la même aujourd'hui. La séparation entre la politique et les affaires à cette époque s'expliquait par le fait que l'Europe avait des alternatives réelles aux hydrocarbures russes et que l'Union soviétique n'avait pas d'autres débouchés, même en théorie.

Aujourd'hui, l'UE et la Russie doivent avouer qu'elles ne parviendront pas à se mettre d'accord, et commencer à se préparer à une guerre (tout sauf "froide"), ou bien tenter de construire un nouveau système de sécurité globale, car le présent système est en ruines, ce qui s'explique pour la plupart non par la guerre en Géorgie, mais par les actions des Etats-Unis.

Ce sont les Etats-Unis qui agissent depuis longtemps sans tenir compte des institutions internationales, ce qui ne fait que nuire à l'Europe. On peut citer de nombreux exemples: la guerre en Yougoslavie qui s'est soldée par l'apparition de plusieurs Etats musulmans au centre de l'Europe, le protocole de Kyoto, qui n'a jamais fonctionné à cause de la position des Etats-Unis, la guerre en Géorgie et une attaque possible contre l'Iran, qui priveront l'Europe de toute source alternative d'hydrocarbures.

Actuellement, le point de non retour n'est pas encore atteint, et nous n'en sommes pas encore à une nouvelle guerre mondiale. La Russie et l'UE pourraient parfaitement entamer un dialogue sur une révision totale du système actuel, avant d'y associer par la suite d'autres acteurs. Cependant, l'Europe préfère pour le moment pousser Moscou vers Pékin, et la question du renforcement de l'alliance avec la Chine devient de plus en plus discutée dans le pays.

Par Konstantin Simonov, directeur général de la Fondation pour la sécurité énergétique nationale.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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