L'ABM ne protègera personne et aggravera le fossé Russie-OTAN (Gazeta.ru)

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MOSCOU, 18 septembre - RIA Novosti. Le bouclier antimissile ne protégera personne, et ne fera qu'ajouter au froid qui règne dans les relations entre la Russie et l'Alliance, indique jeudi le représentant permanent russe auprès de l'OTAN Dmitri Rogozine dans les colonnes du quotidien Gazeta.ru.

Je ne veux menacer personne. Cependant, il faut tenir compte du fait que la Russie considérera toute menace pour sa sécurité comme une menace à caractère terroriste. Si on ment en disant que le bouclier antimissile est dirigé non contre la Russie, mais contre les moudjahidines d'Iran (sic), Moscou pourra dire à son tour qu'il construit son propre "marteau volant" contre Ben Laden. Imaginons qu'il s'empare de ces antimissiles, alors la Russie devra, comme le dit notre premier ministre, lui casser la gueule. La réponse russe sera infiniment simple, instantanée et très peu coûteuse, mais extrêmement efficace.

Si les leaders de la République tchèque et de la Pologne sont patriotes, ils doivent réfléchir dix fois sur la question: ont-ils vraiment besoin qu'un "marteau" capable de détruire n'importe quel bouclier antimissile leur tombe dessus?

La perspective de signature de l'accord sur le déploiement d'éléments de la troisième zone de positionnement du bouclier antimissile sur le territoire de la Pologne était assez floue, mais elle est finalement intervenue juste après le début de la guerre en Géorgie. Il serait à présent ridicule de dire que cela n'a aucun rapport avec la Russie. Les Américains ont fait un geste extrêmement hostile, et les Polonais les y ont aidés. Cela prouve l'inconsistance de toutes les déclarations selon lesquelles ce bouclier antimissile ne représenterait aucun danger pour la Russie.

Le gouvernement polonais tente de garder une image pragmatique afin de réduire le mécontentement de Moscou par rapport au bouclier antimissile. Pourtant, le monitoring des sites, qu'on propose à la Russie, ne dissipe en aucun cas son inquiétude. Personne ne peut plus convaincre Moscou du fait que ce bouclier n'est pas dirigé contre lui.

Les patriotes polonais devraient réfléchir à deux fois avant de se créer des problèmes. Les ennuis que Varsovie a créés à Moscou sont toujours revenus en Pologne comme un boomerang. C'est la Russie qui est sa voisine et non l'Iran. Il est évident que les antimissiles en Pologne, tout comme le radar en République tchèque, n'ont aucun rapport avec l'Iran et sont dirigés contre la Russie.

Il y a encore une conclusion intéressante qu'on peut faire sur la base des négociations américano-polonaises et américano-tchèques: si la Pologne demande aux Etats-Unis des garanties supplémentaires de sécurité en échange du déploiement des éléments du bouclier antimissile, cela veut dire qu'elle n'a pas vraiment confiance en l'OTAN, qui s'est tellement élargie qu'elle commence à rappeler une sorte de gelée. Il s'agit là d'une chose curieuse sur laquelle la communauté internationale devrait sérieusement se pencher. L'OTAN n'est plus une alliance politique et militaire, mais un club de gentlemen réunis par leur attitude négative et mauvaise envers l'augmentation de l'influence de la Russie en Europe.

Le déploiement des éléments du bouclier antimissile ne délivrera personne de la sensation d'une menace complémentaire, mais ajoutera au contraire au froid qui règne dans les relations entre la Russie et l'OTAN. Il se soldera par une course aux armements offensifs. D'autant plus que ce système n'est pas du tout efficace et ne servira à rien dans le cas d'une éventuelle attaque terroriste contre la Russie, la République tchèque, la Pologne ou les Etats-Unis. On ne lutte pas contre un moustique avec un char.

Par Dmitri Rogozine, représentant permanent de la Russie auprès de l'OTAN.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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