Selon les experts, le succès de l'opération dépend du consentement de Moscou au transit du fret militaire américain en Afghanistan.
La province méridionale de Gilmend constitue une citadelle des Talibans: la zone tribale, située à la frontière avec le Pakistan, abrite les principaux camps de l'organisation. "Kaboul a récemment reconnu que dix districts sont hors de contrôle, ce qui signifie qu'il sera tout simplement impossible d'y organiser les élections présidentielles, fixées au 20 août", estime Omar Nessar, directeur du Centre d'étude de l'Afghanistan contemporain (CEAC).
"Le succès de l'opération montrera que la présences des troupes étrangères dans le pays est justifiée", indique Andreï Serenko, expert de CEAC. "De plus, les Américains envisagent de renforcer leurs positions dans cette province jusqu'à la création d'une base militaire: cette information provient de nos sources afghanes. Depuis Gilmend, il est possible de contrôler l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan".
"La Maison Blanche craint visiblement que si les Talibans ne sont pas écrasés, ils puissent prendre le pouvoir au Pakistan nucléaire. Dans ce cas, même la menace iranienne passerait au second plan pour les Etats-Unis", souligne M. Serenko.
Les experts sont d'accord pour dire que le succès des Etats-Unis en Afghanistan dépend de l'approvisionnement rapide des troupes en équipement et en munitions. "Au cours des mois à venir, les Américains doivent acheminer vers l'Afghanistan près de 20.000 militaires, environ 500 véhicules de transport de troupes et plusieurs centaines de Hummer", fait remarquer M. Nessar. "La base de Manas est insuffisante, et le transport aérien de véhicules lourds coûte cher. Aujourd'hui, il est crucial pour les Etats-Unis de signer avec la Russie un accord sur le transport aérien et terrestre de fret militaire".
Le président russe Dmitri Medvedev s'est déclaré prêt en fin de semaine dernière à évoquer un tel accord avec les Etats-Unis. Il est pourtant évident que le résultat de ces négociations dépendra largement de la volonté de Washington de faire des concessions à Moscou. "La Russie peut demander tout ce qu'elle veut, même des concessions en matière d'ABM", assure M. Serenko. "Considérant le succès de l'opération en Afghanistan comme leur priorité, les Américains feront probablement une concession temporaire dans le domaine d'ABM: les parties pourraient trouver des formules permettant de revenir à cette question d'ici quelques années".
Ce texte tiré de la presse russe n'engage pas la responsabilité de RIA Novosti.
