L'Iran est étonné de voir la Russie soutenir les nouvelles sanctions contre Téhéran au lendemain de la conclusion d'un accord sur l'échange uranium iranien avec la Turquie et le Brésil, a déclaré mardi l'ambassadeur d'Iran à Moscou Sayed Mahmoud Reza Sajjadi lors d'une conférence de presse à RIA Novosti.
Il y a tout juste un mois, les six pays médiateurs [sur le dossier nucléaire iranien] souhaitaient nous voir accepter la proposition d'échanger notre uranium. Maintenant que nous y avons consenti, nous sommes étonnés d'entendre de nouveau parler de sanctions", a-t-il affirmé.
Le 17 mai, les représentants de l'Iran, de la Turquie et du Brésil ont signé à Téhéran un accord tripartite prévoyant un échange d'uranium faiblement enrichi contre du combustible enrichi à 20%. Aux termes de l'accord, cet échange doit avoir lieu sur le territoire turc.
Selon l'ambassadeur, la décision de Moscou de soutenir les sanctions préconisées par les Etats-Unis peut s'expliquer par le fait que la partie russe disposait d'informations incomplètes ou erronées sur la teneur de l'accord de Téhéran. Il est persuadé qu'un dialogue bilatéral suffirait à élucider la situation. Cependant, a ajouté le diplomate, l'Iran était prêt à accueillir les systèmes anti-aériens russes S-300 (code OTAN: SA-20 Gargoyles) conformément au contrat signé avec Moscou.
M.Reza Sajjadi a espéré que la Russie parviendrait à convaincre ses partenaires du "groupe des six" de renoncer aux sanctions et remplirait ses engagements portant sur la livraison des missiles sol-air.
vente d'armes rapporte des dividendes économiques et politiques à la Russie, alors que le non-respect de ses engagements lui ôterait cet avantage", a-t-il estimé.
En décembre 2005, Téhéran et Moscou ont signé un contrat de livraison de cinq systèmes de missiles S-300. Ce contrat n'a pas été complètement exécuté jusqu'à présent en raison de la protestation de Washington contre la vente d'armes à l'Iran. D'après les médias, les rampes de lancement des systèmes S-300 ont été fournies à la partie iranienne, mais pas les missiles eux-mêmes.
Lors de la conférence de presse à RIA Novosti, l'ambassadeur iranien a également évoqué le désir de son pays d'adhérer à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Selon lui, ce partenariat profiterait à la fois à l'Iran et à l'OCS, les deux parties ayant une grande influence dans la région.
Ce désir va à l'encontre de la procédure d'admission de nouveaux membres au sein de l'OCS. Adoptée le 22 mai dernier à Tachkent par les ministres des Affaires étrangères des Etats fondateurs de cette organisation, cette procédure interdit à un pays sanctionné par l'ONU de devenir membre de l'OCS.