Surfant sur le réchauffement des relations avec l'Occident, le premier ministre russe Vladimir Poutine a lancé une offensive de charme en direction de l'Europe.
«De Lisbonne à Vladivostok»
Dans une tribune publiée par le quotidien allemand Suddeustche Zeitung, M. Poutine a plaidé pour des échanges commerciaux sans freins et la levée des taxes douanières sur le continent européen. "Ce que nous proposons ? D'abord la création d'une communauté d'économies harmonisée de Lisbonne à Vladivostok. Et à l'avenir, pourquoi pas, des zones de libre-échange et des modalités plus avancées d'intégration économique. Nous aurons un marché continental d'un volume de milliers de milliards d'euros". Une initiative qui a toutefois laissé "sceptique" la chancelière allemande Angela Merkel, selon laquelle les récentes initiatives de Moscou vont dans le sens contraire. Lors d'un forum organisé par le prestigieux quotidien, M. Poutine est revenu à la charge: "Pour survivre et rester compétitives, la Russie et l'Europe doivent se rapprocher l'une de l'autre".
Vers une monnaie unique russo-européenne?
Très probable, a déclaré l'homme fort de Russie lors du forum économique rassemblant des chefs d'entreprise allemands. "Peut-on supposer qu'une zone monétaire commune couvrira un jour la Russie et l'UE? C'est tout à fait possible", a indiqué M. Poutine, qui n'est pas sans ignorer l'incertitude qui entoure actuellement l'euro, sur fond de plan de sauvetage de l'Irlande. M. Poutine a toutefois qualifié l'euro de "devise stable" et appelé à contrer l'hégémonie du dollar sur la scène internationale.
Priorité au partenariat industriel russo-allemand
"Forte de ses avantages naturels, la Russie pourrait devenir un solide partenaire industriel de l'Allemagne. Il s'agit notamment d'impliquer le plus largement possible notre industrie dans la chaîne de production intégrée au secteur réel de l'économie allemande", a-t-il indiqué lors du forum économique. C'est que l'Allemagne est et reste un partenaire privilégié de la Russie: les deux pays mènent à bien le projet de gazoduc Nord Stream, qui reliera les deux pays et fera de l'Allemagne le principal distributeur de gaz russe en Europe. Dans le domaine ferroviaire également, les projets avec le holding Siemens vont bon train.
Sans oublier l'énergie…
Le premier ministre russe a évoqué avec humour le désamour des Allemands envers le nucléaire, sans pourtant oublier les intérêts de son pays. "Je ne sais pas pourquoi les Allemands sont si hostiles à l'énergie nucléaire", a annoncé M.Poutine. "Je ne comprends absolument pas avec quoi vous allez vous chauffer. Vous ne voulez pas du gaz, vous ne voulez pas du nucléaire. Vous voulez peut-être vous chauffer avec du bois? Mais dans ce cas-là, il vous faudra alors aller le chercher en Sibérie", a plaisanté le chef du gouvernement russe.
Ce dernier a toutefois souhaité que les initiatives de l'UE dans le domaine énergétique fassent l'objet d'un dialogue avec la Russie. "Il serait raisonnable que les nouvelles règles équitables dans un secteur aussi sensible que l'énergie soient conçues par nos collègues européens ne serait-ce qu'après consultations avec la Russie, important fournisseur de ressources énergétiques".
Un réchauffement continu
Cette déclaration d'amour en direction de l'Europe se déroule au lendemain d'une réunion au sommet du Conseil Russie-Otan, au cours de laquelle le président Medvedev a proposé aux alliés une protection mutuelle en matière de défense antimissile, un dossier qui avait longtemps porté atteinte aux relations ave l'Occident. La volonté de rapprochement avec l'UE et les Etats-Unis s'inscrit également dans un effort visant à moderniser la Russie en recourant au savoir-faire des entreprises occidentales.
