Kadhafi, leader excentrique mais pragmatique- Portrait

© RIA Novosti . Michail KlementjevMouammar Kadhafi
Mouammar Kadhafi - Sputnik Afrique
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Mouammar Kadhafi qui dirige la Libye depuis 40 ans, fait aujourd’hui figure de doyen des chefs d'État en exercice dans le monde arabe et africain. Agé de 27 ans, il renverse sans violence le vieux roi Idris Ier, le 1er septembre 1969. Il prône un régime fondé sur le socialisme islamique et le panarabisme et abolit la monarchie pour créer la République arabe libyenne.

Mouammar Kadhafi qui dirige la Libye depuis 40 ans, fait aujourd’hui figure de doyen des chefs d'État en exercice dans le monde arabe et africain.
Agé de 27 ans, il renverse sans violence le vieux roi Idris Ier, le 1er septembre 1969. Il prône un régime fondé sur le socialisme islamique et le panarabisme et abolit la monarchie pour créer la République arabe libyenne.

Plus tard, dans la deuxième moitié des années 1970,  le leader libyen  rebaptise son pays en "Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste (JALPS)", ce qui deviendra l'appellation officielle de la Lybie. Le terme Jamahiriya est un néologisme introduit par Kadhafi qui signifie en arabe l'Etat des masses.

Le fondement idéologique de la politique appliquée par Kadhafi est sa propre "Troisième théorie universelle" d'édification d'une nouvelle société exposée dans son "Livre vert". La théorie de Kadhafi proclame un "véritable pouvoir du peuple" sans parlement où siègent  les élus du peuple. En  Libye, il n'y a pas non plus de partis politiques, car, selon la théorie de Kadhafi, "le système des partis est "un avortement de la démocratie", le salariat y est aboli puisqu'il est une espèce d'esclavage,  par contre, sont mis en place des rapports de partenariat rémunérés, le gouvernement  y  est dissout pour être remplacé par les comités  du peuple, analogues des Commissariats du Peuple de l'URSS. En Libye, tout  semble être criblé de citations du "Livre vert", effectivement, on peut les rencontrer non seulement dans les manuels scolaires et dans les établissements d'Etat, mais aussi pratiquement sur chaque enceinte à Tripoli.

Dans les années 1970 et dans la première moitié des années 1980, Mouammar Kadhafi a avantageusement vendu son pétrole, ce qui permettait de vivre dans l'aisance non seulement à lui, mais aussi à 3,5 millions des Libyens. Cependant, le révolutionnaire ardent Kadhafi a décidé de lutter, comme Trotski ou Che Guevara, contre l'impérialisme dans le monde entier et s'est mis à financer cette lutte. Les services secrets libyens ont orchestré  plusieurs attentats terroristes qui ont littéralement bouleversé le monde occidental. On peut citer notamment l'explosion du 5 avril 1986 à la discothèque  "La Belle" de Berlin-Ouest, fréquentée par des militaires  américains. La  piste libyenne est tout de suite retenue par la police allemande.
La réaction des Américains est rapide, dix jours plus tard, dans la nuit du 14 au 15 avril, Ronald Reagan ordonne un raid de bombardement contre les villes libyennes de Tripoli et de Benghazi. La résidence de Kadhafi figurait parmi les cibles. Lors de ce raid, le leader libyen s'en sort  sain et sauf, mais ce n'est point le cas pour 40 Libyens dont sa fille adoptive  qui y trouvent  la mort.

La vengeance de Kadhafi a été encore plus terrifiante. Le 21 décembre 1988, un Boeing-747 de la compagnie aérienne Pan Am  explose  en plein vol au-dessus du village écossais de Lockerbie. Cet attentat aérien a fait 270 morts, dont 189 Américains. Dans un rapport d'enquête sur cet incident, les services secrets américains  désignent  deux  exécutants immédiats de cet acte terroriste, les Libyens Abdel Baset al-Migrahi et Amin Fahim. Al-Migrahi, condamné par la Cour internationale de la Justice de La Haye à la réclusion  n'a été livré à l'Ecosse qu'en 1998. Après avoir purgé sa peine pendant 11 ans, il a regagné ces jours-ci Tripoli où il a été accueilli en héros national.
En 1992, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté des sanctions économiques à l'encontre de la Libye. Kadhafi s'est avéré dans un isolement international et pour briser celui-ci la seule issue qu'il avait, était d'accepter un compromis avec l'Occident, mais le colonel  libyen  a alors fait fi de cette opportunité ...

Après le renversement du régime de Saddam Hussein en Irak, Mouammar modifie radicalement sa politique étrangère. Il annonce qu'il renonce aux programmes de  développement d'armes de destruction massive et invite les inspecteurs  de l'AIEA à effectuer des visites à  son site nucléaire  de Tajira. Qui plus est, sans pour autant  reconnaître la faute de la Libye, Mouammar Kadhafi verse des indemnisations  aux victimes de Lockerbie: 10 millions de dollars pour chacune d'entre elles.
Washington fait preuve de réciprocité en levant en 2004 l'embargo imposé à la Libye et va même jusqu'à exclure  en 2006 celle-ci de la liste des pays qui financent le "terrorisme international".

En 2007, le leader de la révolution libyenne fait un autre pas de bonne volonté et  libère les infirmières bulgares et un médecin palestinien qui avaient été emprisonnés en Libye sous une inculpation monstrueuse et absurde d'avoir sciemment inoculé le SIDA à des enfants libyens. Par ailleurs, l'Occident n'est pas demeuré en reste. Mouammar Kadhafi a été invité à se rendre en Espagne et en France, Tony Blair, alors premier ministre, se rend en visite en Libye. Kadhafi a ainsi fait son entrée par la grande porte en Europe, laquelle en retour a reçu l'accès au pétrole libyen et, par conséquent, à des contrats avantageux.

En septembre 2009 Mouammar Kadhafi est intervenu à l'Assemblée générale des Nations unies. Il s'agit de sa première apparition officielle à la tribune de l'ONU. Son discours a duré plus d'une heure et demie, tandis que le temps de parole est techniquement limité à 15 minutes.

Pendant ce discours fleuve, le dirigeant libyen a appelé à une réforme du Conseil de sécurité, soit par l'abolition du droit de veto des cinq membres permanents, soit par l'ajout de nouveaux membres pour accroître sa représentativité. Il a brandit un livret du texte constitutionnel des Nations unies et l'a déchiré devant les chefs d'Etat étrangers présents dans la salle.

Aujourd'hui, des milliers de manifestants antigouvernementaux sont descendus dans les rues de Benghazi. Le peuple libyen veut plus de liberté. Il est certain que Kadhafi devra accepter de faire des réformes. Sinon, ses jours sont comptés.

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