Egypte: un mois après la démission de Moubarak (PAPIER D'ANGLE)

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Un mois après la démission du président égyptien Hosni Moubarak, la situation en Egypte est loin d’être stable: les chars et les blindés demeurent dans les rues; au Caire, à Alexandrie et à Suez le couvre-feu reste en vigueur; la bourse est toujours fermée, les hôtels sont vides, communique le correspondant de RIA Novosti.

Un mois après la démission du président égyptien Hosni Moubarak, la situation en Egypte est loin d’être stable: les chars et les blindés demeurent dans les rues; au Caire, à Alexandrie et à Suez le couvre-feu reste en vigueur; la bourse est toujours fermée, les hôtels sont vides, communique le correspondant de RIA Novosti.

Il y a un mois, le 11 février, Hosni Moubarak a démissionné après 18 jours de manifestations, au cours desquelles des millions d’Egyptiens exigeaient le changement de régime. Il a transmis le pouvoir au Conseil suprême des forces armées qui a aboli la constitution, a dissous le parlement et a promis d’organiser de nouvelles élections. Des véhicules militaires ont été déployés dans les rues, et la police a pratiquement disparu pendant un certain temps.

Les militaires assurent le contrôle général du pays, et le gouvernement de transition est chargé de résoudre les problèmes de la vie courante.

L’ordre dans les rues

Jeudi, la police, qui n’arrive pas à se remettre des troubles de fin janvier 2011, a finalement été déployée dans les rue du Caire. S’il y a seulement quelques semaines la population attaquait les postes de police dans le pays tout entier, désormais les forces de l’ordre sont chaleureusement accueillies aux postes de contrôle, on leur apporte de l’eau et du thé directement sur leur lieu de travail.

L’absence de la police a conduit à une criminalité sans précédent. Dans beaucoup de quartiers, seuls les comités populaires assuraient la sécurité jusqu’à récemment. Ce sont les "suppôts de l’ancien régime" qui ont été accusés de l’échec du travail de la police.

L’armée a annoncé le renforcement de la responsabilité pour brigandage et intimidation de la population. Les tribunaux militaires condamnent déjà les criminels. Le contrôle du respect du couvre-feu est également renforcé.

Les anciens dirigeants au tribunal


Pratiquement tout l’ancien gouvernement d’Egypte, dont l’ancien président et sa famille, les ministres des deux derniers cabinets et les plus grands hommes d’affaires, sont soupçonnés de corruption. Certains ministres et hommes d’affaires sont déjà derrière les barreaux et attendent leur procès. Le président et sa famille n'ont pas le droit de quitter le pays. Tous leurs biens et leurs comptes en banque ont été saisis.

Parallèlement, le procureur général est submergé par les dénonciations des personnes qui pourraient avoir un lien avec le régime du président Moubarak.

Le nouveau gouvernement

Au cours des deux derniers mois, l’Egypte a changé à deux reprises de gouvernement. Le cabinet actuel des ministres a été formé par l’ancien ministre des Transports, qui avait soutenu la révolte populaire dès le début. Dans le gouvernement il ne reste pratiquement plus de ministres ayant été en fonctions sous Moubarak. Issam Charaf a tenu son premier discours de premier ministre lors d’une manifestation sur la place Tahrir.

Malgré la popularité du premier ministre auprès de la population, il s’est trouvé dans une situation très complexe: il lui est nécessaire, d’une part, de faire preuve de rigueur pour rétablir l’ordre dans le pays, et d’autre part, écouter attentivement l’opinion publique. Avant tout, le premier ministre devra convaincre la population de s’abstenir de participer à des manifestations et à des grèves pendant un certain temps pour rétablir progressivement l’économie qui subit un préjudice s’élevant à des milliards de dollars.

"Les exportations égyptiennes ont déjà diminué de 40% des derniers temps. Et si les grèves et les actions de protestation se poursuivent, la livre égyptienne pourrait également chuter", a souligné le ministre égyptien des Finances Samir Radwan.

Le rétablissement de l’ordre sera une tâche tout aussi difficile en raison de l’effondrement du système de sécurité.

Les nouveaux défis

Les autorités ont finalement réussi à convaincre les manifestants à quitter la place Tahrir, ce symbole de la résistance contre l’ancien régime. Mais un autre conflit qui pourrait avoir des conséquences encore plus graves éclate avec une force nouvelle. Après l’incident dans la province de Helwan, où une église a été brûlée, les actions de protestation des chrétiens se poursuivent depuis une semaine en Egypte.

Mardi dernier, elles se sont transformées en affrontements avec des musulmans, qui ont fait 13 morts et 140 blessés.

"La criminalité accrue, les affrontements tribaux et religieux portent un grave préjudice à l’Etat et empêche le rétablissement économique", a déclaré le premier ministre égyptien Issam Charaf lors d’une rencontre avec des journalistes.

Les élections et le référendum à venir

Les autorités militaires ont fixé la date du référendum pour l’adoption des amendements à la constitution pour le 19 mars. Les amendements qui concernent les élections du président et des députés ont été élaborés par une commission spéciale en 10 jours. Beaucoup expriment déjà leur mécontentement quant aux amendements, en insistant sur l’adoption d’une nouvelle constitution.

Les élections parlementaires sont prévues pour le mois de juin, mais selon les experts, la majorité des forces politiques n’auront tout simplement pas le temps de s’y préparer. Pour cette raison, seules les forces organisées ont les meilleures chances de réussite. Et à l’heure actuelle, il en existe deux: le parti national démocratique, qui était au pouvoir, et les Frères musulmans. Cela ne convient absolument pas à la jeunesse qui a réussi à renverser le président, mais elle n’a ni leaders ni parti la représentant.

L’élection présidentielle est prévue pour août 2011. Les premiers candidats à la présidence se sont déjà fait connaître. Il s’agit du secrétaire général de la Ligue des Etats arabes Amr Moussa et de l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Mohamed El-Baradei.

Le gouvernement égyptien compte sur le soutien international, sachant que la révolte populaire et le départ de Hosni Moubarak ont été approuvés par l’Occident. Toutefois, Le Caire n’attend pas d’aide financière ni de crédits, mais des investissements à long terme dans l’économie du pays et le retour des touristes étrangers dans les célèbres stations balnéaires d’Egypte: Charm el-Cheikh et Hurghada.

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